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Au cours de sa première visite en Chine, le président américain Donald Trump s’est concentré sur le commerce. Les accords - d’une valeur de 253,5 milliards de dollars (217 milliards d’euros) - signés lors de son séjour permettront aux Etats-Unis de prendre conscience du potentiel et des perspectives de la coopération économique. Dans ce contexte, il est temps pour les Etats-Unis de reconsidérer leur participation à l’initiative des nouvelles Routes de la soie, qui offre un espace plus large pour la coopération.
L’administration de l’ancien président Barack Obama ne portait aucun intérêt aux nouvelles Routes de la soie, car elle ne parvenait pas à comprendre l’intention de la Chine. Cependant, le succès de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB) a surpris les stratèges américains. Cette erreur de l’administration Obama a laissé un espace pour l’administration Trump.
En proposant cette initiative, la Chine a pour ambition de contrebalancer les défauts du système actuel, voire de pousser à sa réforme. A l’instar de l’AIIB, elle soutient le système basé sur le dollar, mais elle innove également dans les modes de coopération financière et souhaite être la figure de proue de la réforme du système financier international. La coopération entre la Chine et les Etats-Unis aideront à mettre en œuvre la réforme des systèmes internationaux actuels. Au cours de ce processus, l’initiative des nouvelles Routes de la soie fournit une plateforme large pour les deux parties.
Les Etats-Unis présentent une rhétorique puissante dans la finance et la sécurité, tandis que la Chine comporte un avantage clair dans les infrastructures et l’amélioration du niveau de vie. Par conséquent, les deux pays peuvent être complémentaires dans de nombreux domaines.
Même si les Etats-Unis n’ont pas annoncé qu’ils prendraient part aux nouvelles Routes de la soie, ceux-ci sont déjà liés à cette initiative. Les normes, les règles, les technologies, les personnes et les capitaux impliqués dans les projets le long des nouvelles Routes de la soie ont un caractère mondial, avec un engagement fort de la part des entreprises, des capitaux et des travailleurs américains. Le projet de développement urbain Melaka Gateway en Malaisie fait par exemple l’objet d’investissements américains.
Si les Etats-Unis sont déjà impliqués, pourquoi ne pas aller plus loin et participer avec une attitude plus claire ? La Chine et les Etats-Unis peuvent coopérer à cet égard sous différentes formes.
Ils pourraient notamment débuter par la coopération régionale. L’initiative des nouvelles Routes de la soie peut commencer par les régions en développement des pays développés, comme le Midwest aux Etats-Unis, et être ainsi soutenue par la coopération entre les provinces de Chine et les Etats américains.
La Chine et les Etats-Unis devraient coopérer en premier lieu sur les infrastructures. Selon le modèle du professeur Justin Yifu Lin, pour chaque dollar investi dans la construction d’infrastructures dans les pays en développement, ceux-ci augmenteront leurs importations de 0,7 $, dont 0,35 $ provenant des pays développés. C’est la raison pour laquelle l’initiative entraînera une augmentation des exportations pour les pays développés et créeront les emplois qui faciliteront leur réforme structurelle.
Les deux pays peuvent également travailler sur les ressources militaires. Selon le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, près de 19 % des structures militaires américaines à travers le monde sont inactives. Il serait bon de laisser les entreprises chinoises ayant une expérience commerciale à l’étranger développer ces structures. Cela bénéficierait aux deux parties.
Les Etats-Unis pourraient également exploiter davantage le potentiel de la Route de la soie maritime du XXIe siècle. Avec la Chine, ils pourraient coopérer pour éviter les conflits sécuritaires traditionnels en mer, dans le cadre des organisations, des lois et des accords maritimes internationaux. Ils pourraient par ailleurs renforcer leur coopération dans la navigation, la logistique et les industries maritimes.
Pour les Américains, lorsqu’il n’est pas possible de battre les autres, il faut les rejoindre. Il y a donc de grandes chances pour que les Etats-Unis rejoignent l’initiative des nouvelles Routes de la soie. En réalité, M. Trump a montré qu’il était ouvert à une participation américaine dans l’AIIB.
D’autre part, la Chine et les Etats-Unis peuvent proposer des initiatives pour établir une banque mondiale d’investissement dans les infrastructures, soutenir l’interconnexion mondiale et mettre en œuvre des programmes de développement internationaux. Cela permettrait d’aligner les avantages américains dans la réglementation industrielle avec le développement des infrastructures chinoises, et les avantages américains dans la sécurité avec l’atout économique de la Chine. Cela bénéficierait à la coopération bilatérale dans la mise en place d’un marché tiers et permettrait de garantir la sécurité des voies maritimes. Cela permettrait également de soutenir la transformation économique américaine, de développer un nouveau type de relation entre grandes puissances et de moderniser les formes de mondialisation.
Certains Américains sont inquiets sur le fait que les initiatives de la Chine pourraient remettre en cause l’ordre international dirigé par les Etats-Unis, mais la coopération sino-américaine constitue un pilier du monde. Les initiatives de coopération impliquant ces deux pays - notamment les nouvelles Routes de la soie - serviront leurs intérêts respectifs et bénéficieront au reste du monde. Qui plus est, la participation fonctionnelle et la coopération constructive ont toujours été des objectifs de M. Trump.
Par Wang Yiwei, directeur de l’Institut des affaires internationales de l’Université Renmin de Chine.
Source:french.china.org.cn |