La Chine est prête à toute éventualité

L’action de provocation de l'Inde est fortement liée à son jugement erroné sur l’armement de la Chine et la construction de routes à Donglang. La construction routière pourrait en réalité résoudre le problème du « dernier kilomètre » des effectifs de l'Armée populaire de libération et du transport de marchandises près de la frontière sino-indienne. Lorsque le problème de l'approvisionnement sera résolu, les troupes frontalières de l'APL deviendront plus compétentes, ce qui, selon New Delhi, menacerait son contrôle illégal du Tibet du Sud, qui fait historiquement partie du territoire chinois.

La réforme structurelle en cours de l'APL, qui vise à améliorer ses aptitudes au combat et à rationaliser sa gestion, est peut-être mal interprétée par l'Inde.

New Delhi a probablement pensé que Beijing s'abstiendrait d'utiliser la force trois mois avant le neuvième Sommet des BRICS à Xiamen, dans la province du Fujian, et au moment où la Chine déploie son initiative des Nouvelles Routes de la soie. Le contrat d'armement signé récemment entre l'Inde et les Etats-Unis, qui prévoit l'achat de drones américains, ainsi que d'autres importations d'armes, pourrait également avoir nourri l’audace de l’Inde.

Toutefois, ces hypothèses importent peu compte tenu des réponses fermes et sans équivoque des responsables chinois de la défense et des affaires étrangères. Le mois dernier, l’ALP a mené un exercice d’attaque à balles réelles sur le plateau Qinghai-Tibet pour mettre en évidence la capacité de combat améliorée de ses troupes à une altitude de 5000 mètres. L'organisation d'un événement diplomatique crucial, auquel l'Inde a prévu d’assister, ne signifie pas que la Chine serait prête à céder la moindre parcelle de territoire.

Au contraire, la Chine est bien placée pour défendre ses intérêts souverains si un combat frontalier devient inévitable. Les nouveaux chars de combat de type 96, qui ont selon les reportages participé au dernier exercice en altitude, ont une forte puissance de feu, une protection avancée et une bonne mobilité. La fabrication d'armes de pointe, de chasseurs furtifs J-20 et de missiles balistiques en mer DF-21D pour les deux porte-avions chinois, devrait préparer adéquatement le pays à toute éventualité.

Il est important de noter que l’armement chinois a derrière lui un système de défense complet, capable de fabriquer et de maintenir indépendamment ses équipements. Les troupes chinoises, grâce à leur formation mise à jour, sont prêtes aux combats modernes, alors que l'Inde a un bilan moins impressionnant dans le développement de son armement. En d'autres termes, bien que le dialogue demeure une priorité dans l'approche de la Chine pour la sauvegarde de ses frontières, la décision indienne de les franchir risque de se retourner contre le pays s'il refuse une réconciliation.

Chu Yin, professeur à l'Université des relations internationales et chercheur au Centre pour la Chine et la mondialisation