La Chine et la Russie ont franchi une nouvelle étape dans le développement conjoint d'un avion long-courrier qui concurrencera Boeing et Airbus, en dévoilant hier un modèle réduit de l'appareil.

Les constructeurs d'Etat de Chine, la COMAC (Commercial Aircraft Corporation of China) et de Russie, United Aircraft Corp, ont indiqué qu'ils avaient commencé à rechercher des fournisseurs lors de la présentation de la maquette au salon aéronautique de Chine.

Aucun détail n'a été fourni sur le financement ou les spécifications techniques de l'appareil.

La Chine a ouvert mardi son salon aéronautique dans la ville méridionale de Zhuhai avec un bref survol de son avion de combat furtif, le J-20.

Les deux pays développent actuellement des appareils plus petits et plus étroits, afin de concurrencer les modèles les plus vendus d'Airbus et de Boeing.

Guo Bozhi, directeur général du département des gros appareils de la COMAC, a déclaré qu'une joint-venture à 50 % basée à Shanghai entrera en activité cette année.

D'abord annoncé en 2014, le projet a pris du retard avant de se matérialiser. Les entreprises ont déclaré envisager un premier vol en 2022 et le début des livraisons à partir de 2025.

Des analystes occidentaux de l'industrie aérienne estiment que ces objectifs sont ambitieux, mais qu'ils sont plus réalistes que les récents programmes promettant des résultats en cinq ou sept années.

« Un gros porteur est un produit extrêmement complexe, qui nécessite beaucoup de compétences et de vastes connaissances industrielles », a déclaré M. Guo aux journalistes. « La Chine et la Russie ont chacune leurs points forts à apporter au projet. »

Les descriptions qui accompagnent le modèle montrent que les entreprises envisagent trois variantes, basées sur une version de base qui pourrait accueillir 280 passagers et parcourir 12 000 kilomètres.

La décision d'établir la joint-venture à Shanghai a été prise de manière mutuelle, a déclaré M. Guo durant le salon, auquel a assisté le président de la COMAC Jin Zhuanglong, le directeur général de l'UAC Yury Slyusar, et le ministre russe du Commerce et de l'Industrie Denis Manturov. M. Guo n'a pas révélé les montants investis par chaque partie dans le projet.

Une recherche mondiale de fournisseurs potentiels est en cours, a déclaré la COMAC, qui promeut séparément son avion léger C919 avant son premier vol longuement retardé, mais désormais prévu pour la fin de l'année ou le début de l'année prochaine.

Les sociétés américaines Honeywell et United Technologies Corporation ont déclaré hier avoir eu des discussions sur le projet sino-russe avec des responsables de la COMAC lors du salon, sans faire de commentaire sur la nature ou les détails de ces discussions.

« Nous choisirons des fournisseurs dotés d'une riche expérience dans le développement, dont les produits sont compétitifs à l'échelle mondiale, et qui peuvent garantir une qualité continue jusqu'au début des opérations de l'appareil », a déclaré M. Guo.

Un choix clé sera celui des moteurs. Certaines sources affirment que l'avion pourrait utiliser des moteurs occidentaux.

Une autre question potentiellement délicate sera celle de la répartition des tâches, un sujet qui a causé des années de querelles au sein d'Airbus en Europe. Le projet Airbus, lancé en 1970 comme un consortium de nations, a dû attendre plus de deux décennies avant d'avoir un impact significatif.

Bien qu'il s'agisse ici d'une joint-venture à 50 %, les analystes considèrent que la partie chinoise a le plus d'influence dans le projet.

Le choix de Shanghai comme siège indique « où se trouvera l'équilibre du pouvoir, et cela reflète la taille du marché intérieur chinois », a déclaré Sash Tusa, analyste du cabinet de consulting londonien Agency Partners.