Scolarisée à la maison, une jeune fille de Luzhou présente de graves lacunes éducationnelles

Par : Lisa |  Mots clés : système d'éducation publique
French.china.org.cn | Mis à jour le 23-08-2016


En 2005, le père d'une petite fille de neuf ans habitant dans la ville de Luzhou fit les grands titres en Chine, lorsqu'il contesta le système d'éducation publique. Li Tiejun retira sa fille Li Jingci de l'école primaire car, selon lui, « l'enfant ne [pouvait] rien y apprendre », raconte un article du Chengdu Business News du 22 août.

La même année, la mère de Li Jingci poursuivait son conjoint en justice pour privation du droit de sa fille à recevoir les neuf années d'éducation obligatoire, comme l'exige la loi en Chine. Le jugement de cette affaire hautement médiatisée alla à l'encontre du père et la justice ordonna à ce dernier de renvoyer sa fille à l'école dans les cinq jours.

« Je préfère être envoyé en prison plutôt que de remettre ma fille dans cette école », avait déclaré Li Tiejun à l'annonce du jugement. Celui-ci n'a jamais obéi à l'injonction de la cour et continua à éduquer lui-même sa fille. En 2007, il soutenait qu'à ses 18 ans (en 2014), sa fille serait experte dans le domaine du biomagnétisme.

Le 17 août, un journaliste du Chengdu Business News s'est rendu chez Li Tiejun, qui vit toujours avec sa fille. Il a aujourd'hui 74 ans et ne s'est jamais marié avec la mère de Li Jingci. Après avoir pris sa retraite d'un emploi dans le bâtiment, il est resté célibataire, vivant avec sa fille.

A ses dires, il aurait tout enseigné à Li Jingci, de la peinture à la médecine, en passant par la musique, la littérature et l'astronomie. Pour démontrer l'efficacité de son éducation, il demande subitement à sa fille de réaliser une esquisse d'Alexandre le Grand. Celle-ci s'exécute, mais au fur et à mesure de son travail, Li Tiejun pointe ses erreurs et sa fille ne cesse d'effacer et de rectifier ses tracés. Une heure plus tard, elle n'a toujours pas achevé le contour.

Ensuite, le père et la fille souhaitent jouer un morceau traditionnel de musique chinoise : Reflet de lune dans la source Er-quan (Er Quan Ying Yue). Li Tiejun joue du erhu - un instrument traditionnel à deux cordes - et Li Jingci, du synthétiseur. Leur coopération se déroule relativement sans accroc, à l'exception de deux sections pour lesquelles ils oublient la partition. Li Tiejun affirme qu'ils ont étudié des dizaines de mélodies traditionnelles chinoises.

Désireux d'étaler la connaissance de sa fille en littérature classique, Li Tiejun demande ensuite à sa fille de citer les noms des « quatre femmes les plus laides » de l'histoire de Chine. Alors que sa fille répond à sa question, le visage de Li Tiejun se pare d'une grande satisfaction.

Li Jingci admet néanmoins que, même sans avoir jamais essayé, elle pense qu'elle échouerait très probablement à de nombreux examens du lycée. Elle s'estime être nulle en maths, en physique, en chimie et en anglais, qui sont toutes des matières essentielles dans les écoles publiques. Son père, explique-t-elle, pense que de tels cours sont « inutiles ».

« L'école n'apprend rien d'autre que la flatterie », déclare Li Tiejun au journaliste. Et sa fille semble effectivement avoir quelque foi en sa doctrine : « Je vais bien. De nombreux autres bacheliers n'arrivent pas non plus à trouver un emploi », indique-t-elle.

Aux dires de ses voisins, alors que les jeunes de son âge entrent à l'université et commencent à se marier, Li Jingci reste simplement à la maison, avec son père. Sa mère est revenue une fois, il y a de nombreuses années, pour tenter de reprendre Li Jingci à son père. Mais celle-ci refusa.

« J'ai appris le principe de vie le plus important de ce monde par mon père », explique-t-elle. Là, son père la coupe : « C'est-à-dire, de n'avoir aucun principe. »

Les deux vivent aujourd'hui sur la retraite de Li Tiejun, soit 3000 yuans (400 €) par mois. Celui-ci n'est pas inquiet pour l'avenir de sa fille, une fois qu'il sera parti : « C'est facile de gagner sa vie, tu peux faire n'importe quoi. [...] Elle peut cirer des chaussures », propose-t-il.

Pour sa part, Li Tiejun explique qu'il continuera à enseigner et à faire de la recherche avec sa fille.

« Mais je voulais me marier avant d'avoir 25 ans », intervient-elle. Ce à quoi son père répond : « Tu sais, les scientifiques restent généralement célibataires pendant longtemps. »

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