L'employeur d'un enfant travailleur décédé condamné à une amende

La mort soudaine d'un enfant de 14 ans travaillant à Foshan, dans la province du Guangdong, a eu pour résultat de voir l'employeur condamné à une amende de 10 000 yuans, soit 1370 euros. Cette sanction illustre parfaitement une certaine complaisance vis-à-vis du travail des enfants, qui est un facteur essentiel de la persistance de ce phénomène.

Wang Pan est né en juin 2001 dans la province du Hunan et était employé dans l'entreprise de sous-vêtements Zhiya, dans le quartier de Nanhai à Foshan. Le matin du 11 avril, il fut retrouvé inconscient dans l'appartement, que lui et sa mère louaient, et les premiers secours n'ont pas réussi à le ranimer, rapportait dimanche le Guangzhou Daily.

Wang Pan travaillait entre onze et douze heures par jour à l'usine, depuis la signature de son contrat le 5 mars. L'entreprise a trouvé un compromis avec sa famille et lui versera 150 000 yuans en compensation.

Les sanctions imposées actuellement aux entreprises qui emploient des enfants ne sont pas suffisamment dissuasives, estime Wang Jiangsong, un professeur à l'Institut de Chine des Relations industrielles.

Même si la Loi du travail interdit le recrutement des enfants de moins de seize ans, les contrevenants ne doivent généralement que s'acquitter d'une amende et régulariser leur situation, même si la licence de l'entreprise peut parfois être révoquée en cas de « circonstances graves ».

Dans le cadre de la réglementation sur l'interdiction du travail des enfants adoptée en 2002 par le Conseil des affaires d'Etat, les employeurs peuvent payer une contravention allant jusqu'à 5000 yuans par mois où l'enfant a travaillé.

Selon Wang Jiangsong, « le travail des enfants résulte principalement de la recherche de bénéfices par certaines entreprises, car il permet de réduire les coûts de main d'œuvre ».

Dans un article publié en 2010 dans le Chinese Journal of Sociology, Lu Shizhen, vice-président de la China Youth and Children Research Association, estime que les villes chinoises abritent entre deux et trois millions d'enfants travailleurs.

En janvier 2013, Apple avait mis fin à sa collaboration avec un fabricant de composants dans le Guangdong, après avoir découvert 74 cas de travail d'enfants. L'entreprise avait également déclaré avoir découvert, qu'une agence de recrutement avait falsifié des documents pour permettre à des enfants de travailler illégalement chez l'un de ses fournisseurs.

Hu Xingdou, un professeur à l'Université de technologie de Beijing, dont les propos sont rapportés par l'Investor Journal, estime, que de nombreux enfants travailleurs peuvent facilement obtenir de fausses cartes d'identité : « De telles conditions de travail peuvent rendre les enfants encore plus vulnérables qu'ils ne le sont déjà. De peur de perdre leur emploi, ils ne négocieront pas pour obtenir un salaire plus important. »

La Chine continue de faire face à un grave problème de travail des enfants. Dans les régions les moins développées, ce phénomène est exacerbé par une forte population d'enfants délaissés par leurs parents, qui migrent vers des zones urbaines pour trouver du travail, explique Chen Lan, la fondatrice d'une ONG qui lutte contre l'exploitation des enfants.

Chen Lan appelle également à une meilleure répartition des ressources éducatives pour ces enfants.

Selon une étude menée en 2015 par une ONG basée à Beijing et Li Yifei, un professeur de l'Université normale de Beijing, près de 61 millions d'enfants seraient délaissés en Chine.