Le Premier ministre Li Keqiang accueille le secrétaire du Trésor américain Jacob Lew au Grand Palais du peuple à Beijing lundi 30 mars. [FENG YONGBIN / CHINA DAILY]

L'intervention de l'envoyé spécial de l'administration Obama semble exclure toute possibilité d'un ralliement des Etats-Unis à l'institution asiatique.

Washington est prêt à coopérer avec la nouvelle banque d'investissement dans les infrastructures mise en place par la Chine, a-t-on appris d'un envoyé du président américain Barack Obama lundi.

Plusieurs observateurs estiment que cette allusion exclu la possibilité que les Etats-Unis se joignent à la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB).

Le secrétaire du Trésor des Etats-Unis Jacob Lew, actuellement en visite en Chine en tant qu'envoyé spécial de Barack Obama, a en effet fait savoir que Washington espérait pouvoir bientôt coopérer avec la nouvelle banque, selon l'agence de presse Xinhua.

Et de préciser que les Etats-Unis saluent et appuient les propositions favorables à la construction d'infrastructures.

Lew a par ailleurs annoncé que la coopération pouvait être établie par le biais du dialogue stratégique et économique entre la Chine et les Etats-Unis, de la Banque mondiale, de l'AIIB et d'autres mécanismes reconnus par les deux Etats.

Il s'est exprimé en ce sens lors d'une rencontre avec le Premier ministre chinois Li Keqiang lundi, selon Xinhua, qui cite le vice-ministre des Finances Zhu Guangyao.

Au cours d'un entretien de plus d'une heure avec Li Keqiang, Lew a rappelé que les Etats-Unis invitaient la Chine à jouer un rôle plus important dans la construction d'infrastructures en Asie et étaient prêts à coopérer davantage sur les plateformes bilatérales et multilatérales dans ce sens.

Li a pour sa part incité les Etats-Unis à accepter la réforme des quotas et de la gouvernance du FMI au plus tôt, dès lors qu'elle est bloquée depuis plus de deux ans par le Congrès américain. Les Etats-Unis sont en effet les seuls à disposer d'un droit de veto sur les décisions du FMI, qui siège à Washington.

Lors d'une rencontre avec le vice-Premier ministre chinois Wang Yang lundi, Lew a indiqué que la promotion de l'innovation et l'ouverture des marchés présentaient un intérêt pour les deux pays.

Ces réunions ont eu lieu avant la date butoir permettant aux pays intéressés de figurer parmi les membres fondateurs de l'AIIB, fixée au 31 mars. L'Egypte a quant à elle demandé lundi à rejoindre la banque, portant à 44 le nombre de nations ayant manifesté ce souhait sur quatre continents.

Ding Yifan, économiste au Centre de recherche sur le développement rattaché au Conseil des affaires d'Etat, pense que la déclaration de Lew montre clairement qu'il est peu probable que les Etats-Unis rejoignent l'AIIB.

Mais il souligne toutefois que Washington a assoupli sa position en ouvrant les portes d'une coopération interbancaire.

Pour rappel, les Etats-Unis ont récemment critiqué le Royaume-Uni pour avoir pris la décision, à leur grande surprise, de se joindre à la nouvelle banque asiatique.