La Chine cherche à séduire ses talents expatriés

Le think tank non gouvernemental Center for China and Globalization et la maison d'édition Social Science Academic Press ont conjointement publié le Livre bleu sur les talents internationaux : Rapport sur les professionnels chinois d'outre-mer en 2014. Selon les premières estimations de ce livre bleu, sur les 50 millions de Chinois d'outre-mer, 4 millions sont des experts de leur domaine professionnel. Ces derniers vivent en majorité aux États-Unis (où l'on compte 2,4 millions de Chinois et de citoyens américains d'origine chinoise), au Canada (260 000) et en Europe (800 000).

Ce groupe émergent est appelé « la nouvelle diaspora » par le livre bleu, en contraste avec la communauté chinoise d'outre-mer au sens traditionnel. « La plupart d'entre eux sont partis à l'étranger pour leurs études, leur niveau d'éducation est élevé, ainsi que leurs revenus et leur statut social. Cette tendance prend de l'ampleur depuis les années 1990 », note le livre bleu.

La plus grande communauté chinoise d'Europe se trouve en France. Le pays a attiré nombre d'immigrants grâce à ses bonnes conditions d'éducation et d'emploi, ses transports développés et son environnement ouvert aux sciences humaines. Une partie des Chinois de France travaillent dans le domaine des sciences naturelles ou des hautes technologies, notamment dans la biologie, la pharmacie et les sciences moléculaires, et une autre partie s'est tournée vers les sciences humaines comme le droit, les langues ou l'éducation. Les premiers restent pour l'instant bien plus nombreux que les membres du second groupe, notamment aux postes de responsabilité, selon le rapport.

Depuis l'ère de réforme et d'ouverture lancée en 1978 en Chine, les effectifs de « la nouvelle diaspora » continuent à augmenter, et le gouvernement souhaite ardemment attirer les talents. Selon le livre bleu, parmi les 50 millions de Chinois d'outre-mer, près de 10 millions ont quitté la partie continentale de Chine après la réforme et l'ouverture. Ce nombre est clé dans le projet visant à attirer les talents de retour en Chine.

De nombreux talents convaincus à retourner en Chine après un séjour en France se sont installés dans le delta du Yangtsé et ont créé leur propre entreprise. Le parc de création d'entreprise de Kunshan, dans la province du Jiangsu, compte par exemple plusieurs anciens émigrés à Paris. L'un d'entre eux, Xiao Liu, trentenaire, enseignait auparavant dans une école d'ingénieurs parisienne. Il a quitté son emploi et déménagé à Kunshan pour fonder une usine de conception de logiciels.

Le livre bleu souligne que cette communauté ayant vécu à l'étranger est formée de talents « sophistiqués », et que le pouvoir d'attraction de la Chine est de plus en plus fort, ce qui lui permet de séduire ces professionnels capables de bien servir le pays. Ces émigrés plus éduqués, plus professionnalisés, et disposant d'un pouvoir économique et social plus important que leurs prédécesseurs constituent un « vivier de ressources » considérable pour la Chine. C'est pourquoi il est crucial d'élaborer une stratégie judicieuse pour séduire ces professionnels des secteurs des hautes technologies, de l'éducation ou de la finance, qui sont souvent considérés comme une force d'innovation et des leaders du changement technologique.