1,2,3 Partez ! Aux JOJ...

Par : Norbert |  Mots clés : 1,2,3 Partez ! Aux JOJ...
French.china.org.cn | Mis à jour le 23-10-2014

Rencontre avec Frédéric Magné, champion français de cyclisme désigné « athlète modèle » aux Jeux olympiques de la Jeunesse de Nanjing, qui nous donne sa vision sur cette compétition et nous parle de la place du vélo en Chine.

ANAÏS CHAILLOLEAU, membre de la rédaction

«À mon sens, il ne faut pas tout miser sur l'aspect sportif. J'ai envie qu'ils se régalent et qu'ils aient ensuite une belle carrière. » Tels ont été les vœux de Tony Estanguet, triple champion olympique de canoë-kayak, qui a conduit la délégation des jeunes compétiteurs français participant aux Jeux olympiques de la Jeunesse (JOJ) d'été à Nanjing. Un avis que partage Frédéric Magné, coureur cycliste septuple champion mondial, qui nous a gracieusement accordé une interview : « Il ne faut pas se mettre la pression dès 16, 17 ou 18 ans. Il faut prendre beaucoup de plaisir, s'épanouir. Il est clair que l'aspect performance est aussi important et qu'il ne faut pas le négliger. Mais ici, tout est fait pour rendre les jeux agréables aux yeux des participants. »

À 45 ans, Frédéric Magné a passé l'âge de concourir aux JOJ, où la plupart des protagonistes ont entre 15 et 18 ans. Mais c'est en tant que « sage » venu partager son expérience qu'il y a participé. Comme lors des 1ers JOJ à Singapour, Frédéric Magné a joué le rôle d'« athlète modèle » pour cette 2e édition, qui s'est tenue du 16 au 28 août dans la « capitale du Sud » de la Chine. « Nous les anciens, nous nous tenons à l'écoute, décrit-il. Nous sommes là pour donner des conseils, leur expliquer comment ça se passe. Nous entrons en interaction avec tous des athlètes du monde entier ainsi qu'avec toute sorte de sports, ce qui est extrêmement enrichissant. »

Les conseils d'un champion

Frédéric Magné s'est épris de cyclisme dès son plus jeune âge, dans le sillage de son père. « J'ai tout de suite aimé le vélo, cette possibilité qu'il offrait de se déplacer d'un endroit à un autre. Alors, ce fut "facile" de poursuivre dans ce sport. » Un qualificatif dont témoigne son palmarès : dès ses débuts, il triomphe dans les divers championnats de France de cyclisme ; à 18 ans, il remporte son premier titre de champion du monde ; l'année suivante, il représente la France aux JO de Séoul. Que ce soit sur piste ou sur route, sur un vélo classique ou sur un tandem, il flamboie, sans pour autant flamber !

À l'origine de son succès, « persévérance, patience ainsi qu'une petite part de chance tout de même », énumère-t-il. Il poursuit : « Mais le plus important, c'est d'être passionné ! » Voici la recette du succès selon lui.

Après une vingtaine d'années de carrière, bien qu'il ne participe plus aux compétitions, il reste en selle dans le milieu. Devenu entraîneur de la Fédération japonaise de 2006 à 2009, il tient désormais « le guidon » du Centre mondial du cyclisme en Suisse. « Nous essayons de donner à des jeunes athlètes la chance de pouvoir développer leur potentiel dans de bonnes conditions. Ils viennent s'entraîner sur une période de trois ans ou plus, dans les trois disciplines olympiques du cyclisme, à savoir la route, la piste et le BMX. Et nous avons déjà obtenu d'assez bons résultats », conclut-il.

Tremplin sportif

Dans ce même esprit d'entraide, il a désiré apporter sa contribution aux JOJ, dès leur début. « Je garde en mémoire la joie d'être sur la première édition à Singapour. Pour le CIO (Comité international olympique) et tous les partenaires, c'était un évènement novateur. D'ailleurs, je pense qu'ils sont en train de réussir leur pari : celui d'étendre le mouvement olympique aux jeunes athlètes, tout en leur inculquant les valeurs s'y rapportant. »

Pour donner quelques chiffres, les JOJ de Nanjing ont accueilli environ 3 800 participants répartis dans plus de 200 équipes, qui se sont affrontées dans 28 disciplines différentes au cours de 222 épreuves. Ces JOJ sont une opportunité pour les jeunes de tester leurs performances et de progresser dans leur carrière. Bien que la plupart de ces sportifs aient déjà participé à une compétition internationale, il s'agit pour eux d'une première exposition dans un contexte multidisciplinaire aussi vaste.

« Il est intéressant de voir que chaque pays possède sa spécialité, indique Frédéric Magné. En ce qui concerne les Français, ils sont toujours meilleurs dans les sports historiques des JO, récoltant des médailles en escrime, en lutte et en judo. Nous avons aussi décroché une magnifique médaille d'or en rugby à 7, une discipline nouvellement introduite dans la compétition. » D'après lui, les Chinois se distinguent plutôt dans des sports comme le tennis de table.

Comparons donc avec les résultats obtenus lors de la compétition maintenant : les 83 participants français ont recueilli un total de 8 médailles d'or, se surpassant notamment en athlétisme et canoë-kayak ; tandis que les 123 participants chinois ont raflé 38 médailles d'or, faisant sensation en nage, plongeon, athlétisme et tennis de table. Conclusion : le pays hôte de ces jeux en est sorti vainqueur !

Lieu de découvertes

Cependant, même si la compétition est au cœur de l'évènement, le sport doit avant tout servir à faire naître de belles amitiés, plutôt que des rivalités. « Participer aux JOJ ne consiste pas simplement en une performance sportive. C'est aussi l'occasion de rencontrer des gens d'autres cultures et horizons, d'apprendre des choses essentielles pour la carrière d'un athlète et d'expérimenter les valeurs olympiques », a résumé Thomas Bach, le président du CIO dans une interview.

Notre athlète modèle insiste également sur ce volet éducation. « Outre les épreuves, pas mal d'ateliers, tant instructifs que ludiques, sont organisés pour amener les participants aux JOJ à découvrir d'autres sports, d'autres cultures, d'autres talents… Avec les jeunes coureurs cyclistes français par exemple, nous avons pris part à une activité cuisine avec les joueurs de hockey fidjiens et les lutteurs néo-zélandais. » Une manière d'abaisser la pression des compétiteurs, de les guider vers une vie saine et respectueuse de l'environnement, ainsi que de faire grandir leur confiance en eux et leur tolérance.

Pays de vélos

Bien que Frédéric Magné tente d'être présent pour l'ensemble des athlètes, il avoue passer la majeure partie de son temps sur les diverses épreuves de cyclisme : sa passion, son métier, sa vie...

En France, la bicyclette éveille chez certains des souvenirs de balades dominicales ; pour d'autres, des temps forts du Tour de France, une manifestation sportive qui rassemble chaque année plus de 3 millions de téléspectateurs français. Loisir ou compétition, il semblerait que les Français soient amoureux de ce deux-roues léger.

Qu'en est-il en Chine ? Bien que le pays ait découvert ce moyen de locomotion tardivement, au début du XXe siècle, elle l'a très vite adopté, devenant même le « royaume de la bicyclette ». Aujourd'hui, malgré la multiplication des voitures qui sont signes de modernité, la Chine reste fidèle à son surnom : on estime à 430 millions le nombre de vélos à travers le pays. Et la pratique du vélo est de plus en plus encouragée par le gouvernement, pour des raisons écologiques entre autres. Dans la capitale par exemple, se multiplient depuis peu des bornes rouges où sont mis à disposition les vélos de la ville.

Frédéric Magné confirme : « La Chine fait face à un problème grave : la pollution. L'expansion du parc automobile en Chine ces dix dernières années a été phénoménale, avec des répercussions sur l'environnement. Par conséquent, les autorités s'inquiètent et cherchent absolument à remettre les Chinois sur le vélo. »

Toutefois, en Chine, la bicyclette est davantage appréciée pour sa valeur utilitaire que pour ses côtés récréatif ou sportif. Ainsi, les vélos électriques sont devenus un réel phénomène dans les grandes villes chinoises. Ceux-ci se dénombreraient aujourd'hui à 120 millions. Néanmoins, Frédéric Magné se désole de voir très peu de Chinois concourir dans des compétitions cyclistes de haut niveau... Nuançons tout de même en évoquant par exemple Ji Cheng, premier Chinois à avoir pris part à la Grande Boucle cette année.

Espérons donc, pour le cyclisme comme pour les autres sports, que les JOJ perdureront pour permettre ainsi de cristalliser des passions tout en contribuant au dialogue entre les peuples.

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Source: La Chine au Présent
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