Un rapport publié par un tribunal jeudi affirme qu'un nombre croissant de femmes mariées qui ont découvert après les noces l'homosexualité de leur conjoint souhaitent obtenir une annulation plutôt qu'un divorce, afin d'éviter la stigmatisation sociale qui entoure encore le divorce.

La Première cour intermédiaire de Beijing indique dans le rapport que dans certains mariages de courte durée, les femmes qui ont épousé un homme ayant ensuite admis son homosexualité accusent celui-ci d'infidélité pour que le mariage soit annulé. Le rapport ne révèle cependant pas de chiffres relatifs à ce phénomène.

Ces femmes pensent que si le mariage est annulé, leur statut sera à nouveau « célibataire », plutôt que « divorcée », ce qui permet de mieux protéger leurs droits. Certaines femmes ont affirmé qu'elles n'avaient pas eu de relation intime avec leur mari et étaient encore vierges, selon le tribunal.

Cela reflète un biais hérité de l'ancienne société contre les femmes, selon les militants LGBT.

Hu Zhijun, directeur exécutif de PFLAG Chine, une organisation militant pour les droits des homosexuels et de leurs proches, a déclaré : « Cet appel à annuler le mariage s'explique par la discrimination qui existe à l'encontre des personnes divorcées. Si vous êtes étiqueté comme divorcé, surtout en ce qui concerne les femmes, vous subissez une pression de la société. »

En outre, selon M. Hu, il est inapproprié pour une personne homosexuelle de dissimuler intentionnellement son orientation sexuelle.

« Dans de tels cas, la personne homosexuelle doit prendre une plus grande responsabilité et offrir plus à son conjoint lors de la séparation des biens », a-t-il déclaré.

Xu Bin, directeur de Common Language, une organisation pékinoise pour les lesbiennes, estime également que les possibilités d'annulation renforceront les stéréotypes négatifs à l'encontre des femmes divorcées.

« Cette demande montre que ces femmes pensent que les divorcées ont moins de valeur et sont endommagées », prévient-elle.

Selon Xu, les raisons qui poussent les gens à se marier sont diverses.

« L'amour n'est qu'un des éléments. Il y a des gens qui se marient pour l'argent, un bien pour obtenir un hukou pékinois (lieu de résidence permanente, qui ouvre droit aux prestations sociales) ou une carte verte. Il est difficile de savoir pourquoi ces femmes épousent un homme homosexuel », a-t-elle déclaré.

« D'ailleurs, si ces mariages peuvent être annulés, que faut-il faire lorsque les gens ne se marient pas par amour, par exemple dans le cadre d'un mariage politique ? »

Selon les lois matrimoniales de la Chine, l'homosexualité du conjoint n'est pas nécessairement une raison suffisante pour demander le divorce, sauf s'il y a rupture complète de la relation. Un divorce peut être accordé en cas de maladie génétique grave ou de problèmes psychologiques. Si une personne a été forcée au mariage ou si sa sécurité personnelle a été entravée, le mariage peut être annulé ou déclaré invalide.

L'avocat pékinois Lü Fenggang, spécialiste des affaires de divorce, a déclaré qu'il n'y a aucune base légale pour accorder une annulation à une femme parce que son mari est homosexuel.

Selon Lü, il n'est pas nécessaire d'élaborer une loi spécifique pour de tels mariages à court terme.

« La loi doit servir la majorité. Si nous modifions la loi pour qu'elle bénéficie à un petit groupe de personnes, cela est contraire aux normes morales de la majorité », a-t-il conclu.