"Désormais, nous, paysans, avons
aussi de l'eau potable propre comme les citadins", se réjouit Zhao
Caihong dans un grand sourire. "Avant, nous devions aller chercher
de l'eau dans les rivières, souvent polluées par des excréments de
bétail".
Elle est également heureuse que sa
famille, bénéficiaire d'un projet de rénovation des logements
financé par le gouvernement, ait quitté son habitation vétuste pour
emménager dans une autre, plus grande et neuve.
Mme Zhao et quelques 250 familles
vivent à Shangping, un village montagneux reculé de la région de
Xihaigu, la plus pauvre partie de la Région autonome Hui du
Ningxia.
Il y a un an, les habitants du
village, comme ceux de beaucoup d'autres villages pauvres en Chine,
souffraient de bas revenus, de moyens de transport limités et d'un
manque d'eau potable propre.
La situation a évolué à mesure que
le gouvernement s'intéressait au sort des campagnes.
Rien qu'en 2005, le gouvernement a
accordé 1,2 million de yuans (environ 150 000 dollars) à
l'amélioration des infrastructures locales et à la formation des
villageois pour qu'ils puissent trouver un travail dans les villes,
souligne Wang Dianzhong, chef du comité du village de
Shangping.
Le village a utilisé une partie de
ces fonds pour construire une route qui relie le village avec le
monde extérieur. Grâce à l'installation d'antennes, les familles
équipées de postes de télévision peuvent regarder les programmes de
huit chaînes.
Shangping, comme d'autres districts
pauvres dans le pays, commence à partager les fruits de l'essor
économique chinois.
La Chine est le pays en
développement le plus peuplé, et la majorité de la population vit
dans les campagnes. En 1978, le gouvernement a mis un terme à la
planification économique et a commencé à réformer le marché, à
libéraliser l'économie rurale, à augmenter la productivité rurale
et à réduire la pauvreté par l'application d'une système de
responsabilité forfaitaire pratiqué au niveau de foyer.
Par ailleurs, au milieu des années
1980, le gouvernement a commencé à systématiquement et activement
oeuvrer contre la pauvreté et pour le développement. Par
conséquent, le nombre de nécessiteux n'ayant ni nourriture ni
vêtements suffisants est tombé de 250 millions en 1978 (30 % de
l'ensemble de la population alors) à 23,6 millions fin 2005 (moins
de 3 % de la population d' aujourd'hui). La Chine a accompli le
premier Objectif du milliénaire de l'Onu 10 ans avant la date
prévue de 2015.
"Dans le processus de lutte contre
la pauvreté et de développement, la Chine s'est frayé sa propre
voie selon situation propre. Cette voie requiert la direction du
gouvernement, la participation de la société, l'autonomie,
l'orientation vers le développement économique et une méthode de
développement", estime Liu Jian, directeur du Bureau pour le
développement et la lutte contre la pauvreté du Conseil des
Affaires d'Etat.
Parallèlement, le gouvernement a
multiplié les allocations budgétaires destinées à cette cause. De
1986 à 2004, 112,6 milliards de yuans (14 milliards de dollars) du
budget de l'Etat ont été accordés à cet objectif et les prêts
subventionnés on atteint 162 milliards de yuans (20 milliards de
dollars). En 2005, le soutien budgétaire a été de 13 milliards de
yuans.
En plus des efforts gouvernementaux,
le pays a sensibilisé les gens de tous milieux et les a invités à
participer à la construction et au développement des régions
pauvres.
Le gouvernement a demandé aux 15
provinces et municipalités de l'est de soutenir le développement
des 11 provinces, régions autonomes et villes pauvres de l'ouest.
En outre, grâce à lui, 16 organismes du parti et du gouvernement
central et 15 grandes entreprises publiques soutiennent 481
districts-clé ciblés pour leur situation et tous les secteurs
sociaux participent à la réduction de l'écart entre les revenus
entre les différentes régions.
Le programme baptisé "Cause
glorieuse" encourage les entreprises privées à investir dans les
régions pauvres. Le Projet de l'Espoir, lancé par le Comité central
de la Ligue de la Jeunesse communiste, vise à aider financièrement
les enfants issus des familles pauvres pour qu'ils aillent au terme
de leur éducation obligatoire. Les partis non-communistes ont
initié quant à eux un "Programme orienté connaissance", pour le
développement des technologies pratiques dans les régions pauvres.
De son côté, le Projet du Bonheur, de la Fondation nationale de la
population de Chine, aide les mères démunies alors que le programme
de réduction de la pauvreté pour les femmes, mené par la Fédération
nationale des Femmes de Chine, cible l'accroissement des revenus
des femmes. (à suivre)
BEIJING, -- De décembre 2005 à
février 2006, la Fondation pour la Lutte contre la Pauvreté de
Chine (CEPA), la plus grande du secteur dans le pays, ont lancé un
appel d'offre auprès de 10 ONG (organisations non-gouvernementales)
chinoises et étrangères pour un projet de lutte contre la pauvreté
dans 22 villages de la province du Jiangxi (est).
Les six ONG retenues en avril 2006
sont Heifer Project International (Etats-Unis), l'Association de la
province du Jiangxi pour la promotion du développement durable de
la région Montagne-Rivière-Lac, le Centre du Ningxia pour la
réduction de la pauvreté et la protection de l'environnement,
l'Association chinoise pour la coopération des ONG et l'Association
pour la recherche pour la femme et la famille.
Dans le cadre de ce projet, le
Bureau de lutte contre la pauvreté du Conseil des Affaires d'Etat
et le bureau provincial du Jiangxi de lutte contre la pauvreté vont
accorder ensemble une allocation de 11 millions de yuans (1,35
millions de dollars) à ces ONG pour mener à bien le projet qui
devrait être achevé en 2007 dans 6 bourgs des districts de Le'an,
de Xingguo et de Ningdu. Chaque village se verra accorder 500 000
yuans.
Les paysans, habitués à recevoir
l'aide du gouvernement, ont été surpris de ce changement de mode
opératoire. "Les projets des ONG sont bien différents des projets
gouvernementaux dans la lutte contre la pauvreté. Les représentants
des ONG viennent chez nous, parler patiemment de tout à chacun de
nous", explique Dong Xiaoping, paysan du village de Liukeng
(district de Le'an).
"Si nous parvenons à réaliser ce
projet, nous pourrions trouver un moyen efficace d'améliorer le
mécanisme de gestion des fonds pour la réduction de la pauvreté en
Chine, et promouvoir la subsistance et le développement des ONG
chinoises", souligne le président de la CEPA Duan Yingbi.
Avec l'aide du gouvernement et des
milieux sociaux, la Chine dessine une approche de la lutte contre
la pauvreté: soutenir les pauvres et les encourager à passer d'une
attitude attentiste et de dépendance des autres à une attitude plus
volontaire consistant à compter sur soi et travailler dur, explique
Liu Jian.
En dépit de nombreux succès dans la
réduction de la pauvreté ces dernière décennies, la situation est
encore préoccupante dans les régions reculées qui échappent
généralement aux programmes gouvernementaux.
"Dans l'avenir, la Chine continuera
de réduire la pauvreté en développant les villages dans leur
ensemble, en les considérant comme un tout, en réglant les
problèmes les uns après les autres et en assurant l'utilisation
correcte des allocations", a affirmé Wang Guoliang, directeur
adjoint du Bureau de lutte contre la pauvreté du Conseil des
Affaires d'Etat.
Pour atteindre cet objectif, la
Chine teste une nouvelle approche pour 100 000 paysans démunis de
60 villages administratifs des provinces du Shaanxi (nord-ouest) et
du Sichuan (sud-ouest), et des régions autonomes du Guangxi
(sud-ouest) et de Mongolie intérieure (nord).
Le Bureau de développement et de
lutte contre la pauvreté relevant du Conseil des Affaires d'Etat et
la Banque mondiale ont ensemble lancé le 1er juin 2006 un programme
de 8 millions de dollars sur 2 ans dont l'objectif est de
promouvoir l'implication des villages les plus forts dans les
décisions sur la manière d'utiliser les fonds de développement dans
leur communauté.
D'après la Banque mondiale, ce
"Programme de Développement par la Communauté" (CDDP en anglais)
permet aux bénéficiaires de décider et de gérer les fonds selon
leurs priorités.
Les communautés participantes seront
autorisées à diriger le programme, créer des petites
infrastructures et améliorer les services publics, précise la
banque.
"Le CDDP doit promouvoir plus de
participation des villageois dans la planification et la mise en
place du projet et encourager les nouvelles méthodes des
gouvernements locaux", explique Wang Guoliang.
Dans le cadre du programme, 60
villages vont recevoir des prêts pour l'amélioration du niveau de
vie et l'augmentation des revenus. Au sein de chaque village, des
unités plus petites seront en compétition pour l'accès aux
prêts.
Le programme, à l'instar d'autres
programmes similaires de la Banque mondiale en Asie, est estimé à
64 millions de yuans (8 millions de dollars).
"Si nous réussissons, le programme
pourrait être appliqué à l'échelle nationale et aider des millions
de villageois à prendre eux-mêmes des décisions relatives au
développement économique et social. Les éléments s'avérant
efficaces pourraient être inscris au 'Programme de Planification du
Développement des Villages de Chine'", a ajouté M. Wang.
Lancé en 2001, le programme de
réduction de la pauvreté et de développement de l'ensemble des
villages a été appliqué partout en Chine dans quelques 148 000
villages officiellement reconnus pauvres et abritant 80 % de la
population pauvre du pays. Chaque année, le pays se concentre sur
l'amélioration de la production et des conditions de vie dans ces
villages-clés. La Chine ambitionne de donner un tout autre visage à
ces régions pauvres d'ici à 2010.
xinhuanet 2006/10/13
|