La réforme : le commencement d'une vie nouvelle

À partir de 1959, une réforme démocratique fut appliquée au Tibet. Les serfs ont brisé le joug de l'esclavage, ont acquis la liberté individuelle, des moyens de production et de subsistance et ont ainsi pu devenir les maîtres de leur destin. Mima se souvient encore de ce jour d'automne 1959. L'orge poussait très bien dans les champs. Le rassemblement destiné au partage des terres et des biens du manoir de Pala a eu lieu sur un terrain plat situé derrière le manoir. Les 500 habitants du canton étaient tous présents. La famille de Mima Dunzhu a reçu 1,4 ha de champs, 168 kg de céréales ainsi que des biens, tels que des couvertures ou des vêtements. « J'étais très heureux, car je savais que cela signifiait la fin d'une vie de souffrances », a déclaré Mima. Les terres ont été partagées selon la méthode qu'on considérait alors comme la plus équitable : toutes les parcelles de champs ont été numérotées et marquées sur de petits bouts de papier que l'on a ensuite pliés en boule avant de les mettre dans un chapeau. Les villageois se sont alors rendus sur les champs. Là, ils ont tiré successivement au sort une boulette de papier. Puis, sur la parcelle de terre qui leur a été attribuée, ils ont planté une pancarte sur laquelle étaient inscrits leur nom et la surface du champ. Cette méthode de répartition démocratique des terres, qui se résume à une boulette de papier et une pancarte et qui n'est désormais plus applicable, a permis de tourner une nouvelle page dans l'histoire du Tibet. « On était tous très heureux. Une trentaine de mes camarades a apporté des bières d'orge pour célébrer l'évènement. Cet après-midi-là, nous avons tous beaucoup bu et nous nous sommes tous effondrés ivres morts dans les champs. »