Les Occidentaux ont besoin d'en savoir plus sur "la réalité du Tibet" et le fait que c'était une "société esclavagiste il y a 60 ans", a déclaré à Beijing le 3 avril l'Ambassadeur de France en Chine Hervé Ladsous.
Il a rappelé que la France n'a jamais soutenu "l'indépendance du Tibet" depuis que Beijing et Paris avaient établi des relations diplomatiques en 1964.
"Cela a toujours été conforme à notre politique : il n'existe qu'une seule Chine et le Tibet est une partie intégrante de la République Populaire de Chine", a dit Ladsous à China Daily.
Les relations sino-françaises se sont dégradées assez sérieusement après que des séparatistes tibétains ont perturbé le relais de la flamme des Jeux Olympiques de Beijing à Paris en avril dernier.
Huit mois plus tard, la Chine a suspendu la plupart des contacts et a annulé le 11e sommet Chine-UE, après que le président français Nicolas Sarkozy a rencontré le Dalai Lama, au début du mois de décembre dernier.
Mais au milieu de la crise financière mondiale, les liens ont commencé à s'améliorer.
Une déclaration conjointe publiée le 1er avril par les deux pays a réaffirmé l'opposition de la France concernant "l'indépendance du Tibet". Le président Sarkozy a réitéré cette position après avoir rencontré le président Hu Jintao au sommet du G20 à Londres le même jour.
Selon Ladsous, la réunion a montré "très clairement" que les liens bilatéraux sont "extrêmement importants" pour les deux parties.
Beaucoup d'Occidentaux "ne savent pas assez ce qu'est la réalité du Tibet", a noté l'Ambassadeur de la France.
"Ils ont une sorte de vue idéaliste des hautes montagnes, du ciel bleu et des gens plongés dans une sorte de rêve spirituel", a dit M.Ladsous.
"Personne ne sait (que Tibet) a été une société esclavagiste", a ajouté M.Ladsous, en notant que les gens de l'Ouest ne sont généralement pas au courant de "l'histoire du Tibet il y a 60 ans". A cette époque c'était un état théocratique avec le Dalai Lama comme chef suprême.
Pour mieux expliquer la réalité du Tibet aux Occidentaux, M.Ladsous a suggéré qu'un "plus grand nombre de personnes visitent" cette région, en faisant allusion à la récente décision de Beijing de re-ouvrir la région aux touristes étrangers à partir du mois d'avril, après un mois d'interdiction pour des raisons de sécurité.
"L'échange entre les hommes" – c'est ce que Beijing devrait encourager pour que les Occidentaux comprennent mieux le Tibet, avait suggéré Lian Xiangmin, professeur au Centre chinois de recherches sur le Tibet à Beijing lors d'une interview au journal China Daily.
Le ministre des Affaires étrangères de Chine Yang Jiechi avait dit au début du mois de mars que le rejet du Dalai Lama serait le "principe fondamental des relations internationales" pour n'importe quel pays afin de pouvoir entretenir des relations avec la Chine.
"La Chine a une position de principe en appelant les gouvernements étrangers à ne pas rencontrer le Dalai Lama, et elle continuera à adopter cette position à l'avenir pendant une assez longue période de temps", a affirmé le professeur Shi Yinhong de l'Université Renmin de Chine.
M.Ladsous a suggéré que les relations sino-françaises puissent progresser étant donné que le monde entier est plongé dans la crise financière.
Pour améliorer les relations, plusieurs hauts fonctionnaires français, avec notamment l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer, et les anciens présidents Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing se rendront en Chine au cours de ce mois-ci.
Les mécontentements du passé sont comme des zones de turbulence qu'a traversé un avion, mais "le vol normal reprendra" une fois qu'il est sorti de la zone de turbulence, a dit M.Ladsous.
Depuis que les liens diplomatiques entre les deux pays ont été établis il y a 45 ans, les relations sino-françaises "ont été un exemple de ce que devrait être la relation entre un grand pays émergent et un pays occidental", a-t-il conclu. |