| Le drapeau national en berne, le retentissement des sirènes d'alerte aérienne plongèrent l'ensemble du pays dans un immense chagrin.
Le 19 mai inaugurait les trois jours de deuil national. La nation chinoise exprima ses sincères condoléances aux victimes du séisme dévastateur de Wenchuan, dans la province du Sichuan.
« Tenez bon, habitants de Wenchuan ! » « Sichuan, relève-toi ! » « Chine, reprends courage ! » devinrent le mot d'ordre qui trouvèrent un vaste écho sur ce territoire de 9 600 000 km?.
Trois minutes de silence
Un silence de trois minutes fut respecté dans tout le pays à partir de 14h28 ce jour-là. Les aiguilles semblèrent pour cette fois immobile. La place Tian'anmen tout comme l'avenue Chang'an furent projeté dans un mutisme complet. Le drapeau fut mis en berne. La population contenait ses larmes, certains arboraient des fleurs blanches, des chrysanthèmes jaunes, d'autres brandissaient le drapeau national.
Aux abords de l'avenue Chang'an, résonnèrent des sirènes d'alerte aérienne, tandis qu'un quidam s'écriait « Longue vie à la Chine », qui fut repris par les concitoyens à ses côtés.
Cet après-midi, le calme régnait dans la ville de Lhassa, au Tibet. Dès 13h, certains passants se rassemblèrent en face de la place bordant le Palais du Potala. Des milliers de membres des diverses communautés ethniques du pays et de tous les horizons se réunirent pour exprimer leurs vives condoléances aux nombreuses victimes du séisme. Le vice-président de l'Association des bouddhistes de Chine, président de la branche tibétaine de la même association, Rinpoche Zhukhang Tubdankezhub, se rendit à Lhassa depuis Nagqu, afin de verser 100 000 yuans en faveur des zones touchées par le séisme. Devant le drapeau en berne, il adressa ses prières aux victimes et aux survivants de la catastrophe naturelle.
Dans le sud du pays, une pluie battante tombait sur les régions administratives spéciales de Hongkong et de Macao. Les habitants rendirent leurs derniers hommages aux victimes, tandis que flottaient les drapeaux nationaux et régionaux, en berne, le deuil collectif se poursuivait, dans un vacarme de klaxons et de cornes de brume, alors qu'affluaient les donations.
Lors de cette période de deuil, Donald Tsang, chef de l'exécutif de la RASHK, tout comme les hauts fonctionnaires de la RAS, se tinrent en silence devant le quartier général du gouvernement de la RASHK, aux côtés d'Edmund Ho Hau Wah, chef de l'exécutif de la RAS de Macao. Tous les fonctionnaires des deux régions, les étudiants et les professeurs, tout comme les employés de divers services, institutions et organisations et d'innombrables citoyens lambdas cessèrent leurs activités pour se joindre aux prières. Les trois principales chaînes télévisées de Hongkong cessèrent tous leurs programmes de divertissement.
Sur les 78 000 kilomètres de ligne ferroviaire, les sifflets à vapeur de plus de 17 000 locomotives retentirent, tandis que les cornes de 250 000 vaisseaux retentirent, les drapeaux flottant toujours en berne.
Les athlètes chinois qui s'entraînaient alors formèrent une ligne afin de commémorer le deuil des victimes.
Dans la ville de Beijing, pourtant débordante d'activité en préparation des Jeux Olympiques, la tranquillité revint.
Le Comité d'organisation des Jeux olympiques de la ville fut particulièrement préoccupé par la situation des régions sinistrées. Afin d'exprimer leurs condoléances envers les victimes, celui-ci décida de suspendre le relais de la torche pendant trois jours, du 19 au 21 mai.
Le ciel ne parvenait semble-t-il lui non plus à étancher ses larmes. Dès 14h08, des précipitations balayèrent la province insulaire de Chine méridionale, Hainan. Bravant les intempéries, un citoyen dans la force de l'âge s'exclama : « Sinistrés du séisme, vous ne serez jamais seuls, la reconstruction de vos foyers sera bientôt débutée. Nous ne ferons toujours qu'un ! »
Solidarité
Dans le district de Ning'er, de la province sud-occidentale du Yunnan, qui fut touché par un tremblement de terre d'une magnitude de 6,4 l'année passé, plus de 2 000 personnes se rassemblèrent sur la place Chayuan, regrettant les victimes de Wenchuan.
Bien que la reconstruction du district ne soit pas encore achevée, le Comité local du Parti et les autorités du district envoyèrent une lettre de condoléances à Wenchuan. Les habitants locaux envoyèrent leurs faibles économies aux sinistrés. Les donations se poursuivent encore à l'heure actuelle.
Dans la ville septentrionale de Xingtai, dans la province du Hebei, les locaux exprimèrent leurs condoléances envers les victimes.
En mars 1966, cette région fut dévastée par un séisme d'une magnitude de 6,8, causant la mort de 8 064 personnes et 3 800 blessés. Soutenue par le reste du pays, la ville s'est finalement remise de cette cicatrice. 42 ans après, les habitants révèrent encore le souvenir de l'aide dont ils bénéficièrent.
« Aujourd'hui, le Sichuan a été frappé par un séisme retentissant, le moment est maintenant venu pour nous de montrer que le souvenir de l'aide qui nous a été allouée dans le passé reste impérissable. Le temps est maintenant venu pour nous de renvoyer l'ascenseur », a déclaré un habitant de la ville, qui, avec d'autres résidents a réuni 8,59 millions de yuans d'aide aux sinistrés.
A Chenzhou, dans la région centrale du Hunan, malgré un soleil de plomb, les habitants observèrent trois minutes de silence sur les places, dans les quartiers et écoles.
Ses habitants qui furent paralysés par de terribles tempêtes de neiges et de gel il y a quelques mois, font preuve d'une empathie naturelle à l'égard des populations touchées par le séisme.
Après les premières secousses, sont arrivés dans la région sinistrée deux camions portant une banderole affichant « Toute notre gratitude. De la part des habitants de Chenzhou », qui transportèrent du matériel de secours d'urgence d'une valeur de 400 000 yuans, incluant de la nourriture, des médicaments et des couchages. « Au début de l'année, notre province a été frappée par des tempêtes de neige et de gel d'une rare violence. Notre ville fut particulièrement affectée par ce désastre, pour lequel nous reçûmes de l'aide de toutes parts du pays », se rappelle Kong Mingdeng, chef d'une équipe de dix volontaires de Chenzhou. « Nous ne pourrons jamais effacer de notre mémoire l'aide que nous avons reçu alors que nous étions en difficulté. Cette fois, ce sont nos frères du Sichuan qui sont victimes d'une catastrophe, nous devons rester à leurs côtés. »
Après avoir emmené son petit-fils au jardin d'enfants, Chang Dequan, citoyen de la capitale provinciale du Xinjiang, se rendit sur la place du Peuple une heure avant les cérémonies de deuil, pour rendre hommage aux victimes.
A 14h28, à Urumqi, capitale de la région autonome ouïgoure du Xinjiang, la population délaissa son repas, les automobiles s'arrêtèrent, y compris les vendeurs ambulants, dont les cris stoppèrent. Sur les places, dans les aires de jeux, les rues et les chemins, la population respecta le silence.
« Ma ville natale est Yutian, qui fut également touché par un séisme de forte ampleur. Si les secours et l'aide n'étaient pas parvenus en provenance de tout le pays, mes parents perdraient leur vie. C'est pourquoi, je ressens profondément la détresse de toutes les personnes touchées par le tremblement de terre du 12 mai », nous fit partager Ka Ha, un étudiant ouïgour de l'Université normale du Xinjiang. « Avec l'aide et l'amour de toute la nation, les sinistrés pourront enfin envisager un avenir plus radieux ».
Un reflet de la volonté du peuple
Dans les rues de Guiyang, capitale provinciale du Guizhou, dans le sud-ouest du pays, la circulation fut interrompue, les sirènes gémirent. Les passants interrompirent leur itinéraire, inclinèrent la tête pour effectuer une prière silencieuse. La population était unanime, tous estimaient que la décision de proclamer un deuil national de trois jours était conforme à la volonté du peuple.
« Le deuil national de trois jours montre la détermination du peuple chinois à faire front commun dans les périodes les plus sombres », estima Liao Diying, un membre du Parti d'un âge avancé du district de Kaiyang (province du Guizhou).
Les lycées, tout comme les collèges et écoles primaires de la province nord-orientale du Liaoning adressèrent leurs condoléances en plaçant le drapeau national en berne. Wang Linlin, professeur à l'Institut d'ingénierie aéronautique de Shenyang, tout comme ses collègues, exprimèrent leur chagrin, par un silence glacial. Ces derniers jours, ceux-ci sont très préoccupés par les dernières nouvelles en provenance des zones touchées par le séisme. Professeurs et étudiants partagent la même tristesse. Ils proposèrent leur aide financière aux sinistrés. « La décision du Conseil des affaires d'Etat de décréter des journées nationales de deuil du 19 au 21 mai illustre le respect et la commémoration envers les victimes du tremblement de terre. A la suite du séisme, le gouvernement fait tout son possible pour sauver la moindre vie. C'est cette démarche dans son ensemble qui traduit l'idée de placer le peuple au centre des préoccupations du Parti et du gouvernement, tout comme l'impressionnante cohésion de la nation chinoise face aux catastrophes », a expliqué Wang.
Han Wenchao, de l'Université des Minzu du Guangxi, se rendit sur la place de Dengguang pour y rejoindre 100 autres étudiants. « A la mémoire de nos compatriotes qui ont perdu la vie dans le séisme du Sichuan, il est important de montrer notre tristesse et notre chagrin de manière solennelle. Le drapeau national est le symbole de la souveraineté et de la dignité du pays, il incarne l'esprit et la cohésion nationale », a-t-il expliqué.
En face du bâtiment de l'Académie des Sciences de Chine (ASC), environ 400 chercheurs et du service de manutention se tinrent immobiles vers le sud-ouest, en hommage aux victimes.
A la clôture de la cérémonie de deuil, Bai Chunli, vice-président en fonction de l'ASC qui revenait à peine d'un voyage dans la zone touchée par le séisme, indiqua que la décision de deuil national envers les victimes du séisme prise par le Conseil des affaires d'Etat reflétait la préoccupation du gouvernement pour le genre humain et illustrait l'esprit de la société harmonieuse. « La reconstruction ne sera pas une tâche aisée, c'est pourquoi l'ASC doit réaliser un travail remarquable en mettant à profit des années de recherche scientifique et technologique pour les opérations de secours », a-t-il résumé.
« Lors de ces trois journées de deuil, nos cœurs étaient emplis de tristesse et d'émotion. Ce jour restera inoubliable ! », s'exclama Su Shuyang, un écrivain septuagénaire, se faisant l'écho du sentiment prévalant dans les cercles culturels chinois.
« L'organisation de ces journées de deuil national en hommage à la population commune, est une mesure du gouvernement central qui envoie le message suivant : le Parti et les dirigeants gouvernementaux placent la sécurité de la population en tête de leurs priorités. Les intérêts du peuple passent avant toute autre chose. Les victimes du séisme sont des citoyens ordinaires, c'est pourquoi les trois journées de deuil national illustrent le respect pour la vie que possède le pays », a-t-il poursuivi.
L'écrivain Cheng Zhongshi a déclaré que les liens entre la population et l'Etat n'avaient jamais été aussi ténus que lors du désastre, et qu'une nation telle que celle-ci ne pourrait jamais s'écrouler.
Su Shuyang était confiné dans son lit depuis trois mois, en raison d'une maladie. Il regrettait fortement ne pas pouvoir rejoindre le front des secours aux sinistrés, c'est pourquoi il fut uniquement en mesure de donner une contribution pécuniaire. « La décision de décréter ces trois journées de deuil national et de placer le drapeau en berne, en hommage à nos compatriotes, victimes ou sinistrés, ont mis l'accent sur les valeurs qui font le ciment de la nation chinoise », a-t-il expliqué.
Une détermination manifeste
Le vacarme des sirènes s'estompait des rues de Lanzhou (capitale provinciale du Gansu), tandis que les habitants séchaient leurs larmes et que leur vie reprenait son cours. « Je prie de tout mon cœur pour les sinistrés. Puissent les morts reposer en paix et que les survivants deviennent plus forts », a souhaité Zhang Ying, citoyen de la ville.
Les Chinois portaient le deuil de leurs compatriotes, cependant ils montrèrent leur détermination à ne jamais se laisser terrasser par le désastre. Le premier jour de la période de deuil national, Zhang Ying, comme tous les Chinois de diverses origines prièrent pour les zones dévastées et leur avenir dans plusieurs langues.
A la suite des trois minutes de silence, Zhang Xi, fonctionnaire de l'Académie des sciences sociales de Guizhou, accompagné de sa fille de 10 ans, fit la queue afin d'effectue un don de sang pour les personnes blessées par le séisme.
Quelques minutes après la fin de la cérémonie, le Comité du Parti de la province sud-orientale du Zhejiang organisa une réunion d'urgence, afin d'envisager la manière d'effectuer les mesures de secours et d'aide dans la préfecture de Guangyuan (province du Sichuan), qui fut désignée par les autorités locales du Zhejiang comme zone jumelée. Etant donné que la préfecture de Guangyuan nécessitait en urgence de grandes quantités de tentes et de maisons préfabriquées afin de loger les sinistrés, la province du Zhejiang décida d'envoyer immédiatement, le même jour, les premiers 1 000 tentes et demanda aux entreprises concernées de la province d'en produire davantage.
La région militaire de Ji'nan émis un communiqué dans lequel elle indiqua que les soldats effectuant le travail de secours dans la zone, devaient déterminer un emplacement aux alentours afin d'organiser la cérémonie de deuil. A la suite des prières en silence, tous les fonctionnaires militaires et les soldats reprirent leur travail.
« Le deuil et l'expression de nos condoléances aux victimes s'inscrivent dans le cadre de nos initiatives de secours », a reconnu Fan Changlong, commandant en chef de la région militaire de Ji'nan. « Nos troupes, formées de 44 000 soldats sont déterminées à utiliser pleinement la période des secours, à se livrer à une véritable course contre la montre et à ne faillir à aucun objectif. Nous ferons tout notre possible pour extraire les survivants de la mort », a-t-il continué.
Dans la zone frontalière du nord-ouest, dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, les sirènes d'alerte aérienne résonnèrent dans le Poste de défense frontalier de Shenxianwas, perché à une altitude de 5 380 mètres. Le commandant Wang Qijie et ses troupes stationnées autour du poste, se placèrent en direction de Wenchuan et rendirent hommage aux sinistrés avant de regagner leurs postes de garde.
Dans les îles reculées de Xisha (îles Paracel) en mer de Chine méridionale, la Marine en poste dans la région participa également à la cérémonie de deuil.
Les marins précisèrent que bien qu'ils ne pouvaient participer aux opérations de secours, le maintien de la sécurité et de la stabilité sociale dans les endroits où ils patrouillaient contribuerait également au déroulement sans encombre des opérations de secours.
A l'occasion de la première journée nationale de deuil, la Cour Populaire Suprême de la République populaire de Chine décida de débloquer 8 millions de yuans pour l'acquisition de tentes et de matériel divers, qui s'ajoutèrent aux 2 millions de yuans de la subvention initiale. Parallèlement, le Parquet populaire suprême mobilisa l'ensemble de services locaux du pays afin de participer aux opérations de secours et d'aide dans les zones sinistrées. Le ministère de la Sécurité publique dépêcha 17 000 agents de police dans les zones sinistrées.
Emplis de compassion pour les sinistrés, les représentants des services de justice et de sécurité se déplacèrent sur le terrain pour maintenir la stabilité sociale et les aider dans cette période d'épreuves.
Les membres du personnel du Groupe Shougang furent également solidaires avec le Sichuan.
Les désastres ne feront jamais plier le peuple chinois. Nous travaillerons d'autant plus d'arrache-pied pour mener à bien notre travail, cela est notre manière de montrer notre soutien manifeste », a avoué Li Yuanhua, ouvrier à l'Aciérie nº2 du Groupe Shougang.
Après avoir observé la cérémonie des trois minutes de silence, les effectifs de la Poste chinoise, de China National Petroleum Corporation (CNPC) et de China Huaneng Group, déclarèrent qu'ils souhaitaient transformer leur chagrin en force et de réconforter les victimes du séisme par leur dur labeur. La Poste chinoise promit qu'elle rétablirait les services postaux dans les zones touchées ; la CNPC certifia qu'elle déploierait tous ses efforts pour garantir l'approvisionnement en pétrole et en gaz naturel ; tandis que China Huaneng Group s'engagea à garantir la distribution en électricité et à collaborer aux efforts de secours et d'aide dans la province du Sichuan.
Lors de la période de deuil national, toute la nation chinoise a trouvé le soulagement dans ces slogans émouvants :
Enterrons le chagrin au plus profond de notre cœur, faisons preuve de cran et continuons notre avancée !
Séchons nos larmes et unissons-nous ; le peuple chinois est prêt à envoyer un message au reste du monde par ses actions concrètes : le peuple chinois ne sera jamais terrassé par quelconque calamité naturelle et nous sommes pleinement confiants et capables de reconstruire nos foyers !
L'amour et l'espoir s'associent ! |