| Le Compendium de materia medica est une œuvre médicinale rédigée par le célèbre médecin chinois Li Shizhen (1518-1593), après une trentaine d'années d'efforts. Ce code pharmaceutique de 1,9 million de caractères enregistre 1 892 plantes médicinales, illustrées par 1 100 dessins et annexées de 11 000 prescriptions. A compter de la parution de la première édition, le code pharmaceutique détient une histoire de plus de 400 ans et les éditions en langues étrangères — entre autres anglais, français, russe, japonais, allemand, coréen, latin — ont parcouru le monde, d'où son influence internationale.
Le « Plan du groupe des matières herbacées » s'apprête à être lancé
Il y a peu, certains scientifiques chinois ont eu l'idée hardie d'écrire un nouveau Compendium de materia medica. Très vite, ce groupe composé d'une trentaine d'experts de la partie continentale de la Chine, de Hongkong et de Macao, a annoncé qu'il allait bientôt déclencher le « Plan du groupe des matières herbacées ». Les experts envisagent d'utiliser cinq années pour dévoiler, par la méthode de décomposition chimique, les mécanismes pharmacologiques de 500 prescriptions courantes mentionnées dans l'ouvrage de Li Shizhen.
Liang Xinmiao, instigateur du plan, chercheur à l'Institut de recherche en chimie et physique de Dalian relevant de l'Académie des sciences de Chine et professeur spécialement recruté par l'Université polytechnique de Chine de l'Est, croit que cela revient à réécrire le code pharmaceutique chinois en lexique moderne et à transformer le grand ouvrage en « sous-banque de données du groupe des matières herbacées ».
« Ce sera un projet impliquant des travaux gigantesques, mais il peut être considéré comme un vœu des travailleurs de la médecine et représentatif des médicaments traditionnels chinois », a commenté Guan Xin, directeur du Centre des échanges internationaux de l'hôpital Shuguang.
Faire de la médecine traditionnelle chinoise une science moderne
« Tout comme le plan du génome humain, le Plan du groupe des matières herbacées, dès son application, durera une longue période, et sera susceptible de produire une grande influence sur la prochaine évolution de la médecine», a affirmé Liang Xinmiao. Selon lui, les médicaments traditionnels chinois constituent un système matériel compliqué avec une connotation scientifique enrichie, mais sa base matérielle et son principe de fonctionnement ne sont pas encore clairs à ce moment. On ne peut que compter sur la théorie et la méthode scientifique moderne pour étudier en profondeur la composition et la structure matérielle des médicaments chinois et, sur cette base, il faudra développer la pharmacopée chinoise en une science moderne largement acceptée par la communauté internationale et assurer le contrôle de la stabilité de la qualité, l'efficacité et la sécurité pharmaceutique des médicaments, et réaliser la modernisation et l'internationalisation des médicaments traditionnels chinois.
On a fixé des objectifs quinquennaux pour ce plan : sous l'orientation des théories de la médecine et des médicaments traditionnels chinois, on optera pour trente prescriptions et 300 herbes pour effectuer des préparations hautement générales et enregistrer les caractéristiques, puis établir une base de données contenant 120 000 composants standards et 30 000 combinaisons chimiques et une base de données et d'informations. On fera aussi des expériences, pour révéler les fonctions appliquées potentielles de la banque des matières herbacées.
Une importante reprise de la médecine et des médicaments traditionnels chinois
Pour les inflammations, la médecine occidentale utilise souvent des antibiotiques, c'est de miser sur la partie malade du corps humain comme l'unique « angle de tir », mais pour la médecine occidentale, guérir les diabètes et les hypertendus est une tâche ardue, justement parce qu'elle est limitée par le jeu de l'« unique angle de tir ». La médecine traditionnelle chinoise vise, cependant, « de multiples cibles », ce qui permet des traitements efficaces. Pourquoi la médecine chinoise prime sur la médecine occidentale en ce qui concerne ce genre de maladies ? Telle est une question à laquelle on a voulu trouver une solution. « Pour nous, il serait réjouissant de trouver ne serait-ce qu'une partie de la solution », a dit Guan Xin.
« On ne doit pas nier la scientificité de la médecine chinoise devant l'incapacité du système scientifique occidental à l'expliquer. Si notre plan est appliqué avec réussite, on peut s'attendre à une importante reprise de la médecine traditionnelle chinoise », a-t-il ajouté.
« Par des innovations et franchissements techniques et méthodiques, ce plan tente d'expliciter la base matérielle des médicaments chinois et, en combinant les technologies biologiques, de révéler la scientificité interne de la médecine traditionnelle chinoise », a expliqué Zhang Boli, académiste siégeant à l'Académie d'Ingénierie de Chine et recteur de l'Université de la médecine et de pharmacologie traditionnelle chinoise de Tianjin.
« On doit d'abord éclairer systématiquement et complètement la base matérielle des médicaments traditionnels chinois pour pouvoir procéder à l'étude approfondie de la scientificité de la médecine traditionnelle chinoise et partant de cette base, réaliser sa modernisation et son internationalisation », a fait remarquer Jia Wei, professeur de l'Université des communications de Shanghai.
Avec le développement scientifique et technique, le décryptage de la base matérielle des médicaments traditionnels chinois devient une possibilité. Ce plan a attiré l'attention de certains départements du gouvernement, de la part desquels on pourrait obtenir des soutiens. |