Des nouveautés surgissent cette année dans les célébrations de la Fête du Printemps, le premier jour de l'année dans le calendrier lunaire chinois. Durant la semaine suivant la veille du Nouvel An, l'esprit de cette fête a pénétré profondément non seulement le cœur des Chinois du continent et des communautés chinoises d'outre-mer, mais aussi dans celui de nombreux étrangers à travers le monde, leur apportant la joie et un certain nouveau souffle.
La Fête du Printemps, dont l'origine remonte aux civilisations agricoles de la Chine ancienne, semble un peu démodée dans le contexte de la mondialisation et de la modernisation d'une Chine mutante. Pourtant, le rouge, signe de joie et de bonheur dans la culture chinoise, bénéficie d'un engouement général : du continent africain à l'Europe, en passant par l'Amérique du Nord et Latine... La popularité du Nouvel An chinois hors du continent mérite réflexion.
Des vœux des quatre coins du monde
Le 27 janvier a eu lieu à Paris la cérémonie d'émission par La Poste d'un ensemble de souvenirs de l'Année du Cochon, comprenant un timbre-poste avec un petit cochon dessiné dans la tradition chinoise, un livret de collection, une feuille miniature et un enveloppe du jour d'émission.
Le 17 février, à la veille de la Fête du Printemps, un correspondant du Quotidien du Peuple aux États-Unis a reçu une invitation du directeur d'une école primaire du New Jersey. Celle-ci menait des préparatifs pour les activités festives du Nouvel An.
À New York, les communautés chinoises organisent des activités d'une grande envergure dans Chinatown et dans le quartier de Flushing. L'Empire State Building s'est paré, trois jours de suite, de lumières rouges et jaunes.
Le 18 février, le premier jour de la Fête du Printemps, Londres est animée : une foule immense sur Trafalgar Square, Leicester Square et dans Chinatown. Des passants en grande tenue sont attirés par les cris de « joyeuse Fête du Printemps ! », marquant l'apogée de l'Année de la Chine à Londres 2007. Le nombre des visiteurs du jour affiche un record de 300 000, selon les estimations.
Le même jour, la liesse envahit les rues de Yaowarat, le Chinatown de Bangkok : plus de 100 000 personnes d'ethnies différentes s'adressent leurs meilleurs vœux à l'occasion du Nouvel An chinois. La Semaine culturelle de la Fête du Printemps, organisée conjointement par le ministère de la Culture de Chine et le ministère du Tourisme et des Sports de Thaïlande, fête son 4ème anniversaire. Cette année, huit délégations d'artistes chinois, venues du Shandong, du Zhejiang et d'autres régions de Chine, ont été sélectionnées pour leurs belles performances de variété.
Le 22 février, une soirée de variété « l'écho de l'harmonie » a été proposée au siège de l'ONU pour célébrer le Nouvel An chinois, présentant des artistes invités de Chine, d'Espagne, du Brésil, d'Argentine, du Chili et de Suède. Le secrétaire général de l'ONU, le coréen Ban Ki-moon, qui était en déplacement, a lui aussi envoyé ses félicitations. Une centaine de diplomates de pays membres de l'ONU, de représentants des ONG, d'hommes politiques et d'hommes d'affaires américains y ont assisté.
Les présidents des États-Unis, George W. Bush, de la France, Jacques Chirac, le premier ministre britannique Tony Blair, ont également souhaité une bonne année aux Chinois du continent et d'outre-mer.
Quelles scènes familières pour les gens du peuple chinois ! Exécuter une danse de yangge ou une danse des lanternes, orchestrer une marche du dragon ou une danse des lions, constituent depuis très longtemps des numéros phares du traditionnel défilé du Nouvel An chinois, au long des rues, sur les places des grandes villes ou dans les champs. Aujourd'hui, de telles performances, teintées de couleurs locales, défilent sur les avenues des métropoles : New York, Londres, Paris... Curieux au début, de plus en plus d'occidentaux s'y intéressent et se joignent eux aussi aux défilés. Quelques bouts de phrases portant le bonheur se répercutent : « Da ji da li » (Bonne chance et prospérité!), « Gong xi fa cai » (Enrichissez-vous!).
Une enseigne culturelle de renommée mondiale
Selon certains experts, c'est une passion pour la culture chinoise en général qui se dissimule derrière l'engouement pour la Fête du Printemps. La popularité du Nouvel An chinois traduit le développement économique soutenu de la société chinoise et l'ascension du pays sur la scène internationale. On y voit aussi les vœux et attentes du monde envers la Chine pour un développement pacifique. Avec l'évolution de la modernisation de la Chine et l'accélération de la mondialisation, la Fête du Printemps connaîtra certainement une plus grande popularité à travers le monde.
Le vice-président de la China Folklore Society, Zheng Yimin, a indiqué que les facteurs nécessaires étaient réunis pour la promotion de la Fête du Printemps comme un jour de fête sans frontière : les communautés chinoises des quatre coins du monde déploient leurs efforts pour la promouvoir ; l'attrait économique et culturelle de la Chine favorise les investissements et le tourisme ; grâce à l'apport du pluralisme culturel en Chine, produit de l'approfondissement de la mondialisation pour les Chinois, ils acceptent progressivement des fêtes d'origine occidentale : Noël, Thanksgiving... On constate en parallèle un esprit de plus en plus ouvert des occidentaux envers la culture chinoise. Le concept par exemple d'unité du ciel et de l'homme est largement accepté.
Le professeur Zhang Yiwu, spécialiste de la langue et de la littérature chinoises à l'Université de Pékin, est du même avis. Selon lui, la Fête du Printemps trouve son origine dans l'appel de la nature elle-même, dans le concept d'harmonie. La Fête du Printemps saura donc, à n'en pas douter, surmonter les obstacles et les chocs culturels. Tant dans sa teneur culturelle que dans sa forme, cette fête devrait et pourrait partager l'identification d'autres pays du monde.
Au moment où le Nouvel An chinois entre dans une ère sans précédent, la promotion de la Fête du Printemps comme enseigne culturelle chinoise de renommée mondiale nécessite des recherches approfondies, une mise en valeur et un conditionnement approprié de sa teneur culturelle. Les enjeux principaux sont de conserver ses particularités traditionnelles, de retirer les éléments inconvenables en en gardant la quintessence, de s'efforcer de réaliser des innovations en fonction des nouveaux traits caractéristiques de l'époque ; tout cela demande la sensibilisation des gouvernements et une large mobilisation des citoyens. De tels appels se répercutent, passés progressivement de la prise de conscience commune en des actions concrètes.
« Oeuvrer pour que la Fête du Printemps devienne une vitrine de la Chine et un nouveau vecteur de diffusion des cultures chinoises », telle est la formule lancée par le gouvernement en 2001. Depuis, la Fête du Printemps fait preuve de dynamisme ; chargée de la symbolique de la culture chinoise, elle devient progressivement un pont qui noue des liens culturels.
Pendant la Fête du Printemps 2007, l'Orchestre folklorique de la province du Zhejiang, envisagé comme une marque de la Fête du Printemps pour promouvoir les échanges culturels sous le double patronage du ministère de la Culture et des autorités provinciales, s'est rendue en tournée d'une vingtaine de jours dans 13 villes de six pays : Pays-Bas, Allemagne, Danemark, Suède, Finlande et Russie. Dans les villes d'accueil, leurs performances ont été acclamées par les spectateurs.
Le 23 février, une délégation de comiques, menée par l'excellent Zhao Benshan, l'un des acteurs les plus populaires en Chine, s'est envolée pour les États-Unis où elle a présenté ses sketchs à Los Angeles, San Francisco, Houston, New York, Boston et Atlanta. Zhao Benshan participait aussi à la Soirée de variété de la Fête du Printemps pour les ressortissants chinois, le 2 mars, à l'Université du Queens à New York.
Certains experts rappellent que de nos jours, alors que l'on constate des tendances de diversification des besoins matériels et culturels du peuple, il s'impose de réfléchir pour trouver des moyens d'attirer et de canaliser ses intérêts vers les traditions, et de savoir comment le mobiliser dans la mission de transmission du bagage culturel aux générations futures. C'est en ce sens que le parfum du Nouvel An chinois se répandra le mieux.
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