Discours prononcé par le président Hu Jintao lors de la 14e réunion

informelle des dirigeants économiques de l'APEC

Hanoi, Vietnam, 18 novembre 2006

C'est un immense plaisir pour moi que de vous retrouver ici à Hanoi. Je souhaite exprimer toute ma reconnaissance au président Nguyen Minh Triet et au gouvernement vietnamien pour l'organisation exemplaire et attentionnée de cette réunion.

Avec le développement permanent de la mondialisation économique et des forces productives sur la planète, la région Asie-Pacifique se trouve confrontée à des enjeux sans précédent. Elle doit aussi, et le monde entier avec elle, composer avec des problèmes et des défis qui nécessitent une grande attention. L'intérêt d'avoir réuni un tel sommet à ce moment exact est évident. Il nous faut garder précisément en mémoire le développement actuel du monde et, dans le souci de favoriser les intérêts fondamentaux des membres de l'APEC, œuvrer tous ensemble pour la construction de cette organisation et pour le développement économique de la région entière.

Ces dernières années, on a assisté à une croissance rapide des différents mécanismes de coopération et à l'accélération des phénomènes d'intégration régionale qui nous permettent aujourd'hui d'atteindre un plus grand consensus et de mettre sur pied un concept de coopération en accord avec la tendance générale de l'époque et les caractéristiques de la région Asie-Pacifique. Nous devons concrétiser la coopération dans de nombreux domaines, promouvoir le développement commun et les situations gagnant-gagnant pour le bénéfice de tous les peuples de la région, mais aussi contribuer à la paix et au développement du monde. Dans ce but, je vous propose d'accentuer les efforts sur les quatre points suivants.

Premièrement, maintenir la paix et la stabilité. Un environnement stable et pacifique est sans aucun doute une condition pour le développement, et pour y parvenir nous devons adopter, dans la gestion de nos relations entre États, une attitude de confiance mutuelle et de coexistence pacifique. Lorsque le débat vient à porter sur des conflits qui pourraient menacer la stabilité régionale, le dialogue doit être de mise afin de renforcer la confiance, tout comme la consultation et les négociations permettront de résoudre les différends. Des mesures efficaces doivent être adoptées afin de porter un coup fatal au terrorisme sous toutes ses formes, ainsi qu'à la criminalité transfrontalière. Mais en même temps, il faut porter les efforts sur l'éradication des sources du problème. Promouvoir la compréhension entre les peuples et entre les cultures, et semer l'amitié au plus profond des cœurs afin de construire des fondations solides pour le développement des relations entre États et de préparer le terrain pour le maintien de la paix et de la stabilité de la région.

Deuxièmement, promouvoir le développement commun. La région Asie-Pacifique a obtenu des résultats spectaculaires au cours de nombreuses années de développement rapide. Pourtant, il existe encore des problèmes structurels majeurs qui mettent en péril l'équilibre économique et social de ces pays. Beaucoup de pays notamment reposent encore sur des fondations économiques faibles, et long est le chemin qu'il reste à parcourir avant de pouvoir prétendre à un développement général. L'écart de développement au sein de chaque membre de l'APEC et entre les différents membres est une réalité à laquelle nous devons tous faire face : toutes les parties concernées doivent produire un effort, et les pays développés doivent essayer de réduire cet écart en prenant des mesures plus concrètes pour la prospérité de la zone et pour un développement global, coordonné et durable de la région Asie-Pacifique.

Troisièmement, développer des stratégies de coopération gagnant-gagnant. La mondialisation actuelle contribue à rapprocher les diverses entités économiques de la planète, et cela prévaut notamment pour la région Asie-Pacifique. Dans les dix ans passés, elle a dû faire face à des évènements majeurs : crise financière, SRAS, tsunami, grippe aviaire, dont la cause était transnationale et dont les impacts ont pris eux aussi une envergure internationale ; nul pays n'était en mesure d'y faire face tout seul. Grâce à une communication régulière, une coordination renforcée et une coopération concertée nous sommes parvenus à surmonter ces dangers. Actuellement, la région Asie-Pacifique fait face à d'autres défis, tels que les prix fluctuants sur le marché de l'énergie ou le déclenchement régulier d'épidémies majeures. Une coopération renforcée sera un moyen efficace de résoudre ces problèmes. Des défis communs se transforment souvent en riches occasions de coopération. Il faut savoir les saisir, leur faire face et faire converger tous nos points d'intérêt afin d'obtenir des résultats positifs pour tout le monde.

Quatrièmement enfin, favoriser l'ouverture et la tolérance. La diversité est un vecteur essentiel de progrès pour les civilisations, et l'une des caractéristiques les plus marquantes de la région Asie-Pacifique. L'océan recueille les eaux déversées par des milliers de rivières, ce qui fait sa force et son immensité. La culture chinoise a toujours célébré cette mentalité. La promotion des échanges entre les cultures et les croyances et la prise en compte des modèles sociaux et de développement de chacun feront de la planète un lieu de diversité et de vitalité et donneront aux peuples la possibilité d'apprendre et de vivre en harmonie. La région Asie-Pacifique a d'ores et déjà mis en place plusieurs systèmes de coopération régionale ou sous-régionale ; nous devrions soutenir et coordonner le développement de ces systèmes afin de contribuer à l'établissement d'un cadre pour la tolérance et les avantages réciproques. En ce qui concerne les zones en dehors de notre région, il nous faut aussi montrer ouverture et tolérance, sur un principe de régionalisme ouvert.

Ces dernières années, les membres de l'APEC ont réussi à mettre en place des échanges et une coopération efficaces sur les principaux enjeux économiques, en œuvrant largement pour la croissance des économies régionales et nationales. Dans un contexte mondial et régional nouveau, il nous faut désormais jouer un rôle plus important sur les aspects suivants.

Assurer le développement du commerce multilatéral. Il s'agit ici d'un enjeu crucial. L'échec du cycle de négociations de Doha ne bénéficiera à aucun pays. L'APEC a joué un rôle essentiel dans le développement des systèmes d'échanges multilatéraux. L'urgence, aujourd'hui, c'est de redémarrer les négociations, d'atteindre dès que possible un consensus sur les questions clés et de réaffirmer l'engagement selon lequel le cycle de Doha a comme but ultime le développement. Nous devons profiter de cette réunion pour lancer un message clair au monde et appeler chacun à travailler avec responsabilité et souplesse pour surmonter les différences.

Accroître les efforts pour réaliser les objectifs de Bogor. Ces derniers délimitent le cadre de l'évolution future de l'APEC et restent un critère majeur d'évaluation de sa performance. La Chine soutient le Plan d'action de Hanoi, qui fixe l'échéancier pour atteindre ces objectifs. Dans un avenir proche, il nous faudra établir des schémas pour mettre en place les plans d'action individuels et collectifs. Tout en consolidant les acquis, nos efforts doivent promouvoir et faciliter le commerce et l'investissement.

Je propose ainsi de créer un réseau des ports de l'APEC afin d'accélérer la mise en conformité et l'amélioration des infrastructures portuaires et des secteurs liés, ainsi que pour instaurer des conditions plus avantageuses pour le commerce et pour l'investissement. J'espère que tous les membres de l'APEC soutiendront et participeront à ce projet.

Troisièmement, les membres de l'APEC doivent se concerter pour approfondir la coopération économique et technologique, qui est un facteur majeur de réduction des écarts de développement et de prospérité commune. De nombreux membres souffrent encore d'un manque d'expérience et de capacité dans leur gestion de problèmes et défis émergents tels que la sécurité financière, énergétique ou sanitaire. Nous devons augmenter les fonds alloués à la coopération pour permettre aux membres en développement d'accroître leur capacité de réaction et d'occuper une meilleure place dans la compétition mondiale.

Je voudrais ici annoncer que le gouvernement chinois contribuera à hauteur de 2 millions de dollars au Fonds de soutien de l'APEC afin d'approfondir la coopération économique et technologique dans la région.

La Chine poursuivra une voie de développement pacifique et s'en tiendra à une stratégie de bénéfice mutuel. Elle se tient prête à fournir des efforts plus concertés avec des membres de l'APEC pour contribuer à la paix permanente, à la prospérité et à l'harmonie dans la région Asie-Pacifique.