Après avoir récemment terminé la consultation avec la Chine au titre de l'article IV, le FMI a déclaré, dans son rapport d'évaluation publié le 24 juillet 2012 à Washington, que malgré les facteurs négatifs en croissance dans le monde, les données montrent que l'économie chinoise se dirige vers un atterrissage en douceur. La croissance du PIB chinois devrait tomber à 8,0 % en 2012, et augmenter légèrement en 2013 pour atteindre 8,5 %. « En comparaison avec les autres pays du monde, cette croissance reste impressionnante », a indiqué Marcus Rodlauer, directeur adjoint du Département Asie et Pacifique du FMI.
L'économie chinoise stimule la demande mondiale
Conformément à l'article IV des Statuts du FMI, le Fonds monétaire international tient habituellement chaque année une consultation bilatérale avec les pays membres, connue sous le nom Consultation au titre de l'article IV. Du 29 mai au 8 juin 2012, le groupe de travail, dirigé par Marcus Rodlauer, a effectué une visite en Chine pour discuter avec le gouvernement chinois de la gestion macroéconomique. A son retour au siège du FMI, le groupe de travail a rédigé un rapport pour la discussion au sein du Conseil exécutif du FMI. Le rapport est considéré comme un « examen médical » pour la macroéconomie des pays membres.
Le FMI a noté que, grâce à la baisse de prix de produits alimentaires, les pressions inflationnistes en Chine ont été assouplies. Si la fourniture de produits agricoles n'est pas soumise à de nouveaux chocs, le taux d'inflation chinois devrait être maintenu à 3,0-3,5 % en 2012 et à 2,5-3 % en 2013.
Selon le rapport, la croissance économique de la Chine ralentit, cela est dû, dans une certaine mesure, au fait que la Chine a adopté des actions politiques pour que la croissance économique ralentisse à un niveau plus durable. Mais, la crise de la zone euro place les perspectives économiques de la Chine devant de graves risques.
Après avoir discuté le rapport, le Conseil exécutif du FMI a conclu que la politique budgétaire actuelle de la Chine était convenable, et que la position de sa politique monétaire était en conformité avec les objectifs économiques du gouvernement chinois. Les administrateurs exécutifs ont hautement apprécié le rôle de la forte croissance de l'économie chinoise dans la stimulation de la demande mondiale pendant la crise financière internationale. Ils ont estimé unanimement que l'atterrissage en douceur de l'économie restait un défi majeur qu'affronteront les décideurs chinois dans la prochaine étape, qui doivent travailler en même temps à l'accélération de la réforme pour assurer une croissance économique plus équilibrée et durable.
Saluer les mesures chinoises visant à refroidir le marché immobilier
« Nous prévoyons que la croissance économique de la Chine va ralentir, mais pas trop », a indiqué Marcus Rodlauer dans le Bulletin du FMI, publié conjointement avec le rapport d'évaluation. Il a noté que la politique économique de la Chine s'était déjà orientée vers le soutien à la croissance et qu'il était très confiant pour l'atterrissage en douceur de l'économie chinoise. Le PIB chinois du deuxième trimestre a connu une augmentation de 7,6 %, légèrement mieux que prévu. D'après la tendance actuelle, on prévoit une croissance d'environ 8,0 % en 2012. Une telle croissance reste toutefois impressionnante comparativement à d'autres pays du monde.
Les administrateurs exécutifs ont salué les progrès accomplis par la Chine dans la réforme du secteur financier. Mais ils ont également souligné que la Chine avait encore beaucoup de travail à faire, y compris le renforcement du cadre de gestion de crise, l'adoption d'un système formel d'assurance des dépôts et l'accentuation de l'orientation des banques vers les affaires commerciales. Ils ont également salué les mesures prises par le gouvernement chinois pour refroidir le marché immobilier, en soulignant que la Chine devait poursuivre les réformes, y compris l'orientation des investissements privés du marché immobilier vers d'autres actifs financiers, en vue d'éliminer la possibilité d'une bulle du marché immobilier.
Le FMI a indiqué dans son rapport d'évaluation que les déséquilibres externes de la Chine avaient été grandement améliorés. La part de son excédent du compte courant dans le PIB a baissé, depuis son pic à 10,1 % en 2007, à 2,8 % en 2011. Les administrateurs exécutifs se sont félicités de l'amélioration des déséquilibres externes, notamment de la réduction de l'excédent du compte courant. Le rapport d'évaluation a également noté que le yuan était encore moyennement sous-évalué par rapport à un panier de monnaies. Pourtant, la Chine a un point de vue différent à cet égard. Zhang Tao, administrateur exécutif de la Chine au FMI a déclaré que cette évaluation du FMI n'était pas compatible avec la réalité, en indiquant que la diminution significative de l'excédent du compte courant et les récents mouvements du taux de change du yuan dans les deux sens, montraient que le taux de change du yuan se trouvait au niveau d'équilibre dans son ensemble.
La consommation intérieure va devenir un pôle de croissance
Le FMI a également souligné que la baisse des déséquilibres externes de la Chine, accompagnée de la montée des déséquilibres internes, se traduisait par l'augmentation continue des investissements. Reconnaissant une forte demande d'investissements en Chine, la plupart des administrateurs exécutifs ont exprimé leur inquiétude pour la durabilité de ces investissements vu la faible demande extérieure et la capacité de production excédentaire. Ils ont souligné la nécessité urgente d'une réforme, afin de rééquilibrer l'économie à travers une croissance davantage stimulée par la consommation. Ils croient que la réforme devrait être programmée pour ouvrir davantage le secteur financier, élargir le secteur des services, renforcer la couverture de la sécurité sociale, augmenter les prix des facteurs essentiels de production et améliorer la flexibilité du taux de change. Si tout cela peut être mis en œuvre en même temps, l'ensemble du programme de la réforme permettra d'élever le niveau de vie de la population, de parvenir au rééquilibrage économique souhaité, et de faire bénéficier plus largement des avantages de la réforme.
Marcus Rodlauer s'est montré non seulement confiant quant à l'atterrissage en douceur de l'économie chinoise à court terme, mais aussi quant aux perspectives de développement économique chinois à moyen terme. « Nous croyons que le taux de croissance annuelle de 7-8 % est à la fois durable et très opérationnel pour la Chine », a-t-il dit.
Néanmoins, Marcus Rodlauer a également rappelé qu'il ne fallait pas oublier les énormes défis qu'affronte la Chine : pendant les dernières années, la croissance économique de la Chine dépendait excessivement de l'investissement. Dans les prochaines années, a-t-il dit, il faut faire en sorte que l'investissement cède la place à la consommation intérieure de façon stable, en vue d'en faire une source majeure de la croissance de l'économie chinoise. Par rapport au niveau international, le taux d'épargne actuel en Chine est très élevé. Dans la plupart des pays développés et en développement, les gens déposent, en général, 20-30 % de leur revenu à la banque, tandis qu'en Chine, ce taux est supérieur à 50 %. Cela signifie que la Chine a encore une marge d'élargissement de la consommation. En ce qui concerne la transformation du mode de développement économique, Marcus Rodlauer a indiqué qu'en fait, la Chine avait déjà des plans concrets, et que la question actuelle était de les mettre en application de manière rapide et puissante. |