C'est sous les cocotiers de Bo'ao, petit bourg de Hainan, que s'est tenue la conférence annuelle 2012 du Forum de Bo'ao pour l'Asie, avec pour thème « L'Asie dans un monde en mutation : avancer vers un développement sain et durable ». « Mutation », car le monde et la Chine sont en évolution. Les discussions ont convergé vers une vérité : la mutation permettra à l'économie chinoise de se développer de façon saine et durable.
Le monde d'aujourd'hui fait face à de nombreuses incertitudes
Lors de la cérémonie d'ouverture du Forum le 2 avril 2012, le vice-premier ministre chinois Li Keqiang a fait savoir que Bo'ao, petit village de pêcheurs peu connu du monde extérieur il y a une dizaine d'année, est maintenant devenu une grande plate-forme consacrée au plan de développement de l'Asie. Le premier ministre italien, seul dirigeant non-asiatique participant au Forum, a ainsi fait le bilan de la situation du monde d'aujourd'hui : la crise de la dette souveraine de la zone euro n'est pas encore terminée, les perspectives économiques et financières mondiales restent incertaines, tout comme l'ensemble du monde, qui connaîtra d'énormes changements.
Le Forum de Bo'ao a ouvert plusieurs ateliers liés à la « mutation ». L'Atelier de l'énergie et des ressources avait pour objectif l'amélioration entre l'offre et la demande ; celui de l'emploi et de la croissance, le changement de la structure de la population active ; tandis que celui de la montée de la classe moyenne asiatique, la mutation des groupes de consommateurs.
Juste avant la cérémonie d'ouverture, le secrétaire général du Forum Zhou Wenzhong et l'ancien secrétaire au Trésor américain Henry Paulson ont échangé au cours d'un petit-déjeuner. Paulson a fait savoir que les Etats-Unis et la Chine avaient tous deux besoin de réforme. Il existe des problèmes dans l'économie américaine, matérialisé par un grave déficit structurel ; les Etats-Unis doivent absolument faire avancer la réforme pour mettre en place un nouveau système fiscal afin d'augmenter leurs recettes. Paulson a aussi indiqué que, du point de vue chinois, au regard de la dépression des économies américaine et européenne, la Chine subira inévitablement l'impact du ralentissement économique des Etats-Unis et de l'Europe. Ainsi, la Chine doit réaliser un nouvel équilibre économique, plutôt que de dépendre excessivement de l'exportation.
La reconversion économique n'affecte pas la confiance des investisseurs étrangers
Dans le Rapport d'activité du gouvernement adopté lors de la session annuelle de l'APN cette année, la croissance du PIB est modérée à 7,5 % pour 2012, taux inférieur à 8 % pour la première fois depuis ces huit dernières années. La réforme de la structure économique chinoise ayant démarré, comment les multinationales vont-elles réagir ?
Le groupe australien FMG exporte 155 millions de tonnes de minerai de fer chaque année, dont plus de 80 % vers la Chine. En outre, son activité est très liée à la Chine, il extrait les minerais de fer avec des chariots de mine importés de Qiqihar de Chine et envisage de construire sa propre flotte en coopération avec des chantiers chinois. Son président, Andrew Forrest, a souligné lors de son interview accordée au Quotidien du Peuple que seules les sociétés qui cherchaient des avantages à court terme s'inquiétaient de la réforme. Tandis que, selon lui, les sociétés voulant s'enraciner en Chine ne s'en soucient pas, car la restructuration économique permettra de renforcer leur confiance.
Le développement de la Chine sera plus qualitatif, l'ajustement de la politique macroéconomique traduit le sens de la responsabilité du gouvernement chinois et la volonté des dirigeants chinois de réaliser un développement durable à long terme, a indiqué Andrew Forrest. A l'heure actuelle, selon lui, du fait que le marché immobilier chinois soit en régression, les prix du minerai de fer fluctuent et les gains à court terme des entreprises diminueront. Mais ces mesures chinoises rendront la société plus stable, elles seront bonnes pour le peuple chinois et favoriseront le développement à long terme de l'économie chinoise ; les entreprises voulant se développer en Chine pour une longue période doivent donc soutenir la conversion économique de la Chine.
Modération de la croissance : la politique économique chinoise est raisonnable
Lorsqu'il recommandait le développement de l'économie chinoise, Edmund Phelps, Prix Nobel d'économie, a fait savoir que la croissance des exportations aura une fin et que la Chine avait donc besoin d'autres pôles de croissance. La Chine, qui attache maintenant une importance accrue à l'innovation indépendante, a un énorme potentiel de développement. Edmund Phelps reste optimiste sur le développement de la Chine, parce que celle-ci a une capacité d'innovation indépendante, capacité qui sera une force motrice du développement économique et permettra de créer suffisamment d'emploi et d'assurer une croissance durable à l'économie chinoise.
Le vice-président de la Banque asiatique de développement Stephen Groff a noté lors de l'atelier consacré à l'emploi et à la croissance que le ralentissement de la croissance de l'économie chinoise était dû à la politique financière rationnelle et aux mesures monétaires souples. L'économie chinoise rebondira plus tard dans l'année, a indiqué Groff.
La modération de la croissance a pour but la réalisation d'un développement sain et durable, ont souligné les participants à l'atelier énergies et ressources. Le PDG et vice-président du conseil d'administration de la SABIC, Mohamed Al-Mady, a déclaré qu'il ne s'inquiétait pas du ralentissement de l'économie chinoise, parce que la croissance de 7,5 % montrait que la Chine restait un des pays dont l'économie se développait le plus rapidement au monde. En outre, le gouvernement chinois a pris des mesures efficaces pour réduire l'inflation, ces mesures bien réfléchies n'ont pas d'effets négatifs sur l'industrie dans son ensemble. |