Le premier Forum Chine-Europe s'est clôturé le 29 novembre 2011 à Bruxelles. « L'atmosphère de la discussion est très animée et profonde », a dit Giles Merritt, directeur exécutif des Amis de l'Europe, célèbre think-tank de l'UE. Selon Song Zhe, chef de la mission chinoise auprès de l'UE, le forum est une « collision de l'esprit sincère, un grand banquet des think-tanks et une brillante assemblée des points de vues ».
La coopération Europe-Chine, une nécessité stratégique
Les fonctionnaires et spécialistes participant au Forum ont estimé que grâce au consensus stratégique inébranlable, la Chine et l'Europe sont pleinement confiantes dans la perspective du développement de leurs relations futures. Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, et Zoltan Martinusz, conseiller diplomatique principal, ont dit dans leur allocution que les relations stratégiques Europe-Chine doivent mettre l'accent sur trois mots clés : égalité, réalisme et avenir. La Chine jouera un rôle important au 21e siècle. Pour l'Europe, le partenariat global stratégique Europe-Chine n'est pas un choix stratégique, c'est une nécessité stratégique. « L'égalité politique entre la Chine et l'Europe peut refléter la confiance mutuelle stratégique, et la confiance mutuelle stratégique est la base à long terme de l'approfondissement de la coopération », a dit Meng Xiangqing, professeur à l'Institut d'études stratégiques relevant de l'Université nationale de la Défense.
Dans le contexte de crise de la dette, la coopération économique et commerciale sino-européenne se développe normalement, en 2011, le volume du commerce bilatéral pourrait dépasser les 500 milliards de dollars, atteignant un nouveau record. Les représentants participant au forum croient que la grande envergure commerciale sino-européenne, l'énorme capacité du marché et la structure industrielle de la complémentarité mutuelle aident les deux parties à exploiter le potentiel de la coopération, à favoriser la naissance de nouveaux pôles de croissance à la coopération, à approfondir la fusion des intérêts, et à réaliser la prospérité commune.
« Au cours de la crise de la dette européenne, les fusions d'entreprises se multiplient, l'UE doit libérer les conditions d'accès aux entreprises chinoises, encourager les entreprises chinoises publiques et privées à investir ou acquérir en Europe, et ne doit pas prendre de mesures protectionnistes », a indiqué Joaquin Almunia, vice-président de la Commission européenne et membre de la Commission en charge de la concurrence. Selon Sir Leon Brittan, ancien vice-président de la Commission européenne, la Chine a fourni beaucoup d'occasions d'investissement à l'UE, la partie européenne ne doit pas empêcher les investissements chinois en Europe à cause de motifs idéologiques, les deux parties doivent ouvrir davantage l'économie et promouvoir les investissements mutuels. Une Europe puissante est utile au développement de la Chine, la réalisation du redressement de l'Europe doit compter sur la force et les ressources de la Chine.
L'UE doit prendre des mesures radicales pour rétablir la capacité « régénératrice » de son économie et augmenter la capacité des pays européens à rembourser les dettes. Par conséquent, la Chine exige que l'UE reconnaisse à la Chine le statut d'économie de marché à part entière et réduise le procès anti-dumping et anti-subvention à l'encontre de la Chine. Si l'UE ouvre complètement son marché aux entreprises chinoises, la Chine pourrait y augmenter ses investissements, tout en augmentant l'emploi en Europe, promouvant la croissance économique européenne, et aidant l'UE à rétablir sa capacité « régénératrice », a dit Wang Yiming, vice-président de l'Institut d'études macroéconomiques de la Commission nationale pour le développement et la réforme de Chine.
Eliminer progressivement l'écart de compréhension
De l'histoire à la réalité, des idées à la pratique, il existe beaucoup de différences entre la Chine et l'Europe. Grâce à de longs ajustements et explorations, les deux parties sont toutes les deux conscientes que l'harmonie basée sur la différence est une bonne façon de régir les relations humaines, et que la recherche de terrains d'entente par-delà les divergences est un principe régissant les rapports interétatiques.
Selon Jack Martin, expert anglais en affaires internationales, l'Occident avait dominé le monde pendant plusieurs siècles. En conséquence, les Occidentaux ne sont pas prêts à respecter ni à s'inspirer des autres nations et cultures, estimant que tout le monde devrait vivre comme eux. Maintenant, il est temps pour l'Europe d'adopter une attitude modeste face aux autres civilisations. La civilisation chinoise différait et différera de celle de l'Europe, il est impératif que les deux parties renforcent leur inspiration mutuelle.
Kerry Brown, directeur du Programme Asie de la Chatham House, Londres, a indiqué qu'il existait des voix diversifiées dans la société chinoise d'aujourd'hui et que l'opinion publique y était de plus en plus importante. La Chine et l'UE doivent s'engager dans les échanges humains et culturels à différents niveaux et dans un large éventail de domaines afin de faire disparaître les divergences dans leur perception mutuelle.
« Transformer les différences culturelles en conflits culturels et les différences idéologiques en rivalité impitoyable va à l'encontre du principe de diversité culturelle », a déclaré Hao Shiyuan, directeur de l'Institut d'ethnologie et d'anthropologie de l'Académie chinoise des sciences sociales. Le respect de la diversité politique et culturelle fait déjà partie de la culture européenne. Basée sur cette vision, l'Europe doit respecter le système social et les valeurs et principes politiques de la Chine.
« Compte tenu de leurs énormes différences historiques, culturelles et religieuses, la Chine et l'Europe ont des vues différentes sur les droits de l'Homme, et la Chine, de son côté, attache une plus grande importance aux droit à l'existence et au développement », a déclaré Chen Shiqiu, vice-président de la Société chinoise d'étude des droits de l'Homme. A ce sujet, Brittan a déclaré que l'UE et la Chine ne devaient pas faire de la question des droits de l'Homme un moyen de pression.
Le Forum Chine-Europe est co-parrainé par le think tank européen Amis de l'Europe, et la Mission chinoise auprès de l'UE. Selon des informations, le Forum Chine-Europe de Bruxelles se tiendra désormais une fois par an. |