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S'unir pour la croissance et coopérer pour le gagnant-gagnant



— Allocution du président Hu Jintao au 6e Sommet du G20 tenu le 3 novembre 2011 à Cannes, en France

C'est un grand plaisir pour moi de venir à Cannes assister au 6e Sommet du G20 pour discuter ensemble du grand programme de lutte contre les risques et défis et de la promotion du développement mondial. Tout d'abord, je tiens à exprimer mes sincères remerciements au président Sarkozy et au gouvernement français pour leurs efforts actifs et leurs arrangements minutieux pris pour le Sommet.

Actuellement, les circonstances de l'économie internationale méritent toute notre attention. La croissance de certaines principales économies est en baisse, le surendettement de certains pays est saillant, les marchés financiers internationaux sont bouleversés, les pays émergents sont confrontés à une grande pression inflationniste, le protectionnisme commercial sous toutes ses formes s'accroît sans cesse, la situation en Asie de l'Ouest et en Afrique du Nord demeure instable, et la fréquence des intempéries et calamités naturelles a des effets négatifs sur l'économie mondiale. En conséquence, la reprise économique mondiale se heurte à l'instabilité et à l'incertitude, et les risques et défis augmentent.

Les circonstances qui se présentent depuis le déclenchement de la crise financière internationale en 2008 montrent que nous sommes confrontés à une crise économique et financière des plus complexes. Cette crise a mis à jour certaines lacunes en matière d'institutions et mécanismes, de mesures politiques et de modèles de développement. L'économie mondiale est maintenant à un carrefour et la gouvernance économique mondiale fait face à des tâches difficiles. Il est impératif que nous considérions les choses avec plus de hauteur, transcendions les divergences sur les questions spécifiques, allions au-delà des considérations court-termistes, et cherchions ensemble des moyens corrects pour surmonter la crise et réaliser le développement. En tant que principal forum de coopération économique internationale, le G20 doit continuer à travailler dans un esprit de solidarité et de coopération gagnant-gagnant, et s'en tenir à l'essentiel pour restaurer la confiance des marchés, vaincre les risques et défis et contribuer par là à la croissance économique et à la stabilité financière dans le monde. Pour ce faire, je voudrais avancer les propositions suivantes :

Premièrement, rechercher l'équilibre par la croissance. Parmi les trois objectifs à réaliser, soit la croissance forte, la croissance durable et la croissance équilibrée, la première doit constituer notre priorité. D'autant plus qu'à l'heure actuelle, l'économie mondiale est confrontée à des risques majeurs et le marché, très instable. Maintenir la croissance et promouvoir la stabilité doivent donc être la première mission de ce Sommet du G20. Nous devons prendre de nouvelles mesures énergiques pour assurer la mise en œuvre des politiques budgétaire et monétaire et le flux de capitaux dans les secteurs de l'économie réelle, l'élargissement de la production et l'augmentation de l'emploi. Nous devrions soutenir en priorité le développement des PME en les aidant à sortir la tête de l'eau grâce à des mesures financières et fiscales, pour jeter ainsi une base solide à la reprise économique des pays du monde. Nous devons exploiter pleinement le potentiel technoscientifique, créer de nouveaux pôles de croissance et intensifier la dynamique inhérente à la reprise économique. Dans le même temps, nous devons accélérer notre restructuration économique respective et nous efforcer de parvenir à une croissance équilibrée de l'économie mondiale.

Deuxièmement, réaliser le gagnant-gagnant par la coopération. Actuellement, les pays du monde sont confrontés à différentes circonstances pour leur développement économique, leurs intérêts et revendications diffèrent de plus en plus, et leurs divergences et frictions augmentent. La confiance du marché s'avère très insuffisante. Cette aggravation de la situation montre plus particulièrement la nécessité et l'urgence d'intensifier la coordination et la coopération internationales. Nous devons renforcer notre solidarité et émettre un signal fort de coopération gagnant-gagnant pour raffermir la confiance de la communauté internationale dans la reprise et le développement de l'économie mondiale. Il nous importe d'intensifier le dialogue et la concertation et d'élaborer des politiques cohérentes et complémentaires pour contenir les risques financiers liés à la dette souveraine et aux mouvements importants et désordonnés des capitaux transnationaux, contrer la volatilité excessive des prix des produits primaires essentiels, réduire la pression inflationniste mondiale et éviter que les politiques des différents pays ne se neutralisent mutuellement.

Troisièmement, améliorer la gouvernance par la réforme. La crise financière internationale a mis en évidence les lacunes dans le système de gouvernance économique mondiale, elle nous a également permis de démarrer un processus historique de construction d'un nouveau système de gouvernance économique mondiale. Nous avons pris note que la réforme des institutions financières internationales et de la réglementation financière a obtenu des progrès et que la voix au chapitre et la représentation des marchés émergents et des pays en développement ont augmenté. Pourtant, nous devons voir que de grands efforts sont nécessaires pour réformer et améliorer le système monétaire international, le système commercial international et le mécanisme de tarification des produits primaires essentiels. Il faut promouvoir sûrement la réforme du système monétaire international, élargir l'utilisation du droit de tirage spécial du FMI, réformer son panier de devises et instaurer un système international de monnaies de réserve caractérisé par la stabilité des cours, une offre ordonnée et une masse monétaire réglable. Nous devons continuer à défendre le libre-échange, combattre le protectionnisme dans le commerce et les investissements, faire avancer les négociations du cycle de Doha, réaffirmer nos engagements de ne pas prendre de nouvelles mesures protectionnistes et œuvrer pour mettre sur pied un système commercial international juste, équitable et non discriminatoire. Il faut favoriser un mécanisme de fixation et de régulation des prix des produits primaires essentiels plus rationnel et transparent, augmenter la capacité de production, stabiliser l'offre et la demande, renforcer la surveillance et le contrôle, maîtriser la spéculation et maintenir les cours des produits primaires essentiels à un niveau rationnel et stable. Nous devons assurer la sécurité énergétique mondiale et la sécurité alimentaire, et en particulier, répondre aux besoins énergétiques et alimentaires des pays en développement. Nous devons rester fermes dans notre détermination à promouvoir la réforme pour faire avancer sans cesse la construction d'un système plus juste et plus équitable de la gouvernance économique mondiale.

Quatrièmement, progresser sans cesse en innovant. La crise actuelle a une fois de plus soulevé une question sérieuse et importante, à savoir, comment l'humanité doit-elle mener des activités de production et de subsistance. Ceci est un test sur notre vision et notre capacité, et il est urgent que nous agissions. L'innovation est une source inépuisable du progrès humain. Pour surmonter la crise actuelle, il faut valoriser pleinement l'esprit d'entreprise, parfaire et innover sans cesse les idées, systèmes et modes de développement socio-économique, et gérer parfaitement les rapports importants entre le gouvernement et le marché, entre le travail et le capital, entre la production et la consommation, ainsi qu'entre l'équité et l'efficacité. Il faut faire jouer pleinement son rôle au marché dans la répartition des ressources, tout en se gardant de rechercher uniquement des gains et de tomber dans une concurrence déloyale ; il faut faire jouer son rôle au gouvernement dans le contrôle macroéconomique et la sauvegarde de l'équité et de la justice sociales, tout en veillant à ne pas se couper des réalités et prendre tout en main. Nous devons, d'une part, encourager énergiquement l'innovation technoscientifique et améliorer sans cesse les technologies industrielles, et d'autre part, accorder une grande importance à la promotion de l'emploi et à l'amélioration du bien-être de la population, pour que les deux volets se développent en harmonie. Il convient d'un côté, d'accroître fortement la production et de consolider sans cesse la base matérielle du développement social, et de l'autre, d'accorder une attention accrue à la répartition équitable des revenus, afin que se renforcent mutuellement l'augmentation des capacités de la production sociale et l'élévation du niveau de vie du peuple.

Cinquièmement, concourir ensemble à la prospérité par le développement. Fondamentalement, le goulot d'étranglement le plus sérieux du développement économique mondial réside dans l'incapacité des pays en développement à parvenir à un développement suffisant. En conséquence, la croissance de la demande effective à travers le monde ne peut pas suivre le rythme de la croissance de la productivité. Pendant des années, il y a eu un déséquilibre entre pays développés et pays en développement en termes d'accès aux ressources, et l'inégalité de la répartition de richesses et des opportunités de développement. Cela a créé un cercle vicieux où le sous-développement aboutit à l'arriération, et l'arriération entrave le développement, restreignant finalement la croissance durable et régulière de l'économie mondiale. Accélérer le développement socio-économique des pays en développement non seulement fait partie des Objectifs du Millénaire pour le développement, mais constitue aussi le seul moyen permettant d'accéder à la prospérité mondiale. La communauté internationale doit trouver de nouvelles idées et adopter de nouvelles politiques à cet égard. Le Sommet de Séoul a adopté le Consensus de Séoul sur le développement pour une croissance partagée et le Plan d'action pluriannuel, ce qui revêt une signification importante pour réduire l'écart de développement et promouvoir la croissance commune. Nous devons continuer à exploiter le potentiel du développement économique des marchés émergents et des pays en développement, et stimuler énergiquement le développement économique des pays en développement pour relancer la demande mondiale. Pour répondre pleinement à l'évolution du paysage économique mondial, nous devons continuer à augmenter la voix au chapitre des pays émergents et pays en développement dans la gouvernance économique mondiale, et créer un environnement institutionnel propice à leur développement. Nous devons œuvrer pour un nouveau partenariat mondial pour le développement plus équitable et plus équilibré, renforcer le dialogue Nord-Sud et la coopération Sud-Sud, intensifier la coordination et la coopération avec l'ONU dans le domaine du développement, et soutenir l'ONU et ses agences spécialisées pour qu'elles continuent à jouer un rôle important dans ce domaine. En tant que membre de la famille des pays en développement, la Chine entend développer l'entraide avec les autres pays en développement pour œuvrer ensemble à la paix durable et à la prospérité commune dans le monde.

Depuis cette année, le G20 a discuté principalement des problèmes liés à la sécurité alimentaire, aux infrastructures et au traitement d'exemption de tarifs douaniers et de quotas fourni aux pays les moins avancés (PMA). Tels sont les domaines importants pour lesquels la Chine a aidé les autres pays en développement dans le cadre de la coopération Sud-Sud. Dans le domaine de la sécurité alimentaire, jusqu'à la fin de l'année 2010, la Chine a fourni une aide alimentaire d'une valeur de 4,3 milliards de yuans par la voie bilatérale. Pour aider les pays africains à lutter contre la sécheresse et la famine sans précédent, la Chine a décidé de fournir une aide alimentaire d'urgence d'une valeur de 533,2 millions de yuans aux pays concernés. Dans le domaine des infrastructures, fin 2010, la Chine a aidé les pays en développement à construire 632 infrastructures. Entre 2010 et 2012, la Chine accordera des prêts préférentiels pour un montant de dix milliards de dollars à l'Afrique, destinés principalement à la construction des infrastructures. Entre 2011 et 2015, la Chine aidera les pays en développement à construire 200 infrastructures pour les énergies propres et la protection de l'environnement.

La Chine persiste à créer des conditions favorables pour les pays en développement exportant leurs produits chez elle à travers plusieurs moyens tels que l'exemption de tarifs douaniers. Pour aider les PMA à accélérer leur développement, la Chine est prête à accorder, dans le cadre de la Coopération Sud-Sud, le tarif douanier zéro à 97 % des produits des PMA ayant des relations diplomatiques avec elle. Nous espérons que cette action puisse promouvoir la réalisation au plus vite de l'Objectif du cycle de développement des négociations du Cycle de Doha.

Cette année marque le 10e anniversaire de l'adhésion de la Chine à l'OMC. En une décennie, l'économie chinoise a réalisé de nouvelles avancées et contribué de plus en plus à la croissance économique mondiale. Depuis dix ans, le niveau de tarif douanier moyen de la Chine est passé de 15,3 à 9,8 %, dépassant la demande de l'OMC pour les pays en développement. Au cours des dix dernières années, la Chine a importé pour 8 500 milliards de dollars de marchandises, et fourni un marché énorme au développement des différents pays. Surtout depuis l'éclatement de la crise financière internationale, la Chine a, d'une part, lutté activement contre les défis nationaux et internationaux, œuvré au maintien de sa propre croissance forte, et augmenté la force motrice pour la reprise économique mondiale ; d'autre part, la Chine a augmenté ses investissements dans les institutions financières internationales, tendu une main secourable aux pays en développement, augmenté l'achat des bons du Trésor des pays développés, et apporté une grande contribution à la promotion du développement socioéconomique des pays concernés et à la stabilisation de la situation économique et financière internationale. D'ici à cinq ans, les importations de la Chine pourraient dépasser la barre des 8 000 milliards de dollars, une contribution importante à l'économie mondiale.

La situation générale du développement socioéconomique de la Chine est bonne. Depuis cette année, dans une conjoncture économique mondiale toujours complexe et changeante, la Chine a pris des mesures ciblées pour renforcer et améliorer le contrôle macroéconomique, et déployé de grands efforts pour stabiliser les prix, restructurer l'économie, garantir le bien-être de la population et promouvoir l'harmonie sociale. Passant progressivement d'une croissance tirée par la politique de relance à une croissance spontanée, l'économie chinoise a continué de progresser dans le sens voulu par la politique macroéconomique. Pendant les trois premiers trimestres, le PIB de la Chine a connu une augmentation de 9,4 % sur un an ; le revenu net moyen de nos citadins a connu une augmenté de 7,8 %, et celui de nos paysans de 13,6 % ; le volume des ventes au détail des articles de consommation a augmenté de 17 % ; la croissance de l'importation a dépassé celle de l'exportation, la balance favorable du commerce a connu une baisse en glissement, la force motrice de la demande intérieure et extérieure de la croissance économique est de plus en plus harmonieuse. L'économie chinoise est confrontée à la fois au maintien d'une croissance stable et relativement rapide et à des défis, certains problèmes institutionnels et structurels formés depuis longtemps existent encore, et les facteurs défavorables influençant le développement stable de l'économie sont encore nombreux, le niveau général des prix est encore plus élevé, certaines moyennes et petites entreprises ont des problèmes d'exploitation, la pression de l'emploi augmente, la situation de l'économie d'énergie et de la réduction des émissions polluantes est encore grave. Autant de problèmes auxquels nous devons porter une haute attention et trouver des solutions.

Pour consolider l'élan de rigueur du développement socioéconomique, nous prendrons pour axe le développement scientifique, et pour fil conducteur l'accélération du changement du mode de développement économique. Il nous faut continuer à renforcer et améliorer le contrôle macroéconomique, à bien gérer le rapport entre un développement régulier et relativement rapide de l'économie, la restructuration de l'économie, ainsi que la gestion de l'anticipation de l'inflation. Nous devons travailler davantage pour placer l'homme au centre de nos préoccupations, harmoniser complètement le développement durable, et procéder à une planification d'ensemble. Il nous faut attacher de l'importance à la réforme, à l'ouverture, à la garantie et à l'amélioration du niveau de vie de la population. Je suis convaincu qu'avec nos efforts ardus, et la compréhension et le soutien de la communauté internationale, les perspectives de l'économie chinoise sont prometteuses. Le maintien d'une croissance stable et relativement rapide en Chine est sans aucun doute profitable au développement de l'économie mondiale.

Les situations difficiles et les lourdes responsabilités sont devant nous. Nous devons, dans un esprit de solidarité, employer toutes nos forces pour les résoudre, afin de réaliser la paix durable et la prospérité commune dans le monde.


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