Wu Jianmin
Entre les 25 et 27 octobre 2011, Zheng Bijian, président de l'Institut national de recherche sur la stratégie d'innovation et de développement, et moi-même avons participé à une conférence tenue à Paris par le Club XXIe Siècle. Ce Club est un think-tank de haut niveau dans le monde, et planche principalement sur les problèmes importants du 21e siècle auxquels l'humanité fait face. Le G20 est un événement nouveau dans les relations internationales et qui, depuis la crise financière internationale commencée en 2008, a joué un rôle crucial dans la lutte contre cette crise. Le Club XXIe Siècle suivra donc de près le Sommet de Cannes, cette conférence étant considérée comme le « Forum de préparation du Sommet du G20 ».
La conférence a rassemblé vingt-neuf personnes, issues de l'élite : anciens responsables de premier plan des différents pays, Prix Nobel, spécialistes reconnus ou éminents entrepreneurs. L'ancien vice-président américain Al Gore, l'ancien premier ministre britannique Gordon Brown, l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, l'ancien premier ministre espagnol Felipe Gonzalez, l'ancien président mexicain Ernesto Zedillon, l'ancien premier ministre pakistanais Shaukat Aziz, l'ancien président du Botswana Festus Mogae, et Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) y étaient présents.
La crise financière commencée en 2008 est la plus grave après la crise financière de 1929 à 1933. Au début, le monde entier craignait que cette crise ne se transforme en une grande dépression, mais grâce à la tenue opportune du Sommet G20 et à la prise des mesures, la dépression fut évitée. Mais la crise sévit encore, surtout aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. En particulier dans la situation actuelle où la crise des dettes souveraines en Europe devient de plus en plus grave. Aussi, l'action du G20 contre cette crise est une grande question faisant l'objet de l'attention du monde entier.
Le monde d'aujourd'hui fait face à plusieurs problèmes et défis d'importance, entre les Etats, les différentes ethnies, et entre les gens de différentes croyances religieuses. Cependant, si l'on se focalise sur ces divergences, si l'on tente d'imposer aux autres ses propositions et son propre point de vue, les divergences ne peuvent être réglées, et cela alimentera les disputes, les confrontations, les conflits, ou même la guerre. Mais si, au contraire, l'on se focalise sur l'élargissement de la sphère de convergence des intérêts avec les différentes parties, le développement et la construction d'une large communauté d'intérêts, alors les intérêts communs entre les différents pays se développeront. La première position pourrait conduire le monde vers la catastrophe, alors que la seconde, vers le bonheur.
La cérémonie d'ouverture de cette conférence s'est tenue le 26 octobre dernier, et l'organisateur a cité dans son allocution d'ouverture la proposition du président Zheng Bijian : « Elargir la sphère de convergence des intérêts et construire une communauté d'intérêts ». Il a estimé que cette proposition pouvait guider le travail du Club XXIe Siècle.
Dans la matinée du 27 octobre, le président Zheng Bijian, l'ancien premier ministre britannique Gordon Brown, l'ancien vice-président américain Al Gore et Pascal Lamy, directeur général de l'OMC ont chacun prononcé un discours thématique. Le sujet retenu par Zheng Bijian était : « Quelques réflexions sur la ‘sphère de convergence des intérêts' et la ‘communauté d'intérêt' ». Il a détaillé l'élargissement de la sphère de convergence des intérêts dans le monde, expliqué sa proposition concernant la communauté d'intérêts, et présenté son point de vue sur la situation internationale dans cette deuxième décennie du 21e siècle. Son discours a reçu un accueil chaleureux des participants, et a été apprécié par Al Gore, Gordon Brown, Gerhard Schröder et Felipe Gonzalez.
Une déclaration a été publiée le 27 octobre à l'occasion de la clôture de la Conférence. Il faut signaler que le quatrième paragraphe de cette déclaration indique : « La seule méthode pour lutter contre la crise financière consiste à coopérer, à entamer le réajustement nécessaire et à réaliser l'équilibre commun favorable à tous. Nous devons être conscients qu'élargir la sphère de convergence des intérêts est le centre du processus du G20. Ainsi, nous pouvons commencer à établir une communauté d'intérêts durable à la réunion à Cannes, et à l'avenir. »
Un responsable du Club XXIe Siècle a souligné que cette déclaration serait présentée à Nicolas Sarkozy, président de la présidence tournante du présent Sommet du G20, espérant que cette déclaration soit entendue.
Je sens profondément que, bien que la crise demeure grave, plusieurs personnalités clairvoyantes dans le monde sont pleinement conscientes que pour répondre aux défis planétaires, il ne suffit pas de compter uniquement sur un seul pays. Les problèmes mondiaux doivent être réglés par les efforts conjugués du monde entier. Depuis la crise financière commencée en 2008, le président Hu Jintao a appelé le monde entier à coopérer et à surmonter ensemble les difficultés, rencontrant un écho favorable dans différents pays. Grâce à la coopération et à la lutte commune contre les difficultés, la crise financière ne s'est pas transformée en grande dépression. Aujourd'hui, si nous nous joignons et surmontons ensemble les difficultés, nous pourrons lutter contre la crise convenablement. Elargir la sphère de convergence des intérêts et construire la communauté d'intérêts seront des propositions certainement bien accueillies. Il s'agit là d'une voie incontournable pour permettre au monde de sortir de la crise.
(L'auteur est vice-président permanent de l'Institut national de recherche sur la stratégie d'innovation et de développement) |