Selon les statistiques du ministère chinois du Commerce, jusqu'à présent, 81 pays, dont la Russie, le Brésil, la Nouvelle-Zélande, la Suisse et l'Australie, ont reconnu le statut d'économie de marché à la Chine. Mais les Etats-Unis, les membres de l'UE et le Japon ne le reconnaissent pas encore. En effet, selon les règles de l'OMC, après 15 ans d'adhésion de la Chine à l'OMC, soit l'année 2016, la Chine obtiendra automatiquement le statut d'économie de marché à part entière. Reconnaître au plus tôt le statut d'économie de marché à la Chine est une preuve d'amitié envers la Chine, a exprimé le docteur Gu Qingyang, de l'institut des politiques publiques Lee Kuan Yew, relevant de l'Université nationale de Singapour, lors d'une interview accordée au Quotidien du Peuple.
Cette reconnaissance est pragmatique
Parmi les BRICS, l'Afrique du Sud et la Russie ont été les premiers à reconnaître le statut d'économie de marché à la Chine. Selon un chercheur senior du Centre de recherches sur les affaires économique et sociale de la Chine relevant de l'Institut russe de l'Extrême-Orient, l'économie de marché de la Chine s'est développée à un haut niveau, la situation économique et l'environnement d'investissement en Chine sont bons, un grand nombre d'investissements étrangers y sont effectués. Tout cela grâce au bon système de protection économique pour les capitaux étrangers et les entreprises étrangères. Le volume des capitaux étrangers en Chine se classe toujours au premier rang mondial, et stimule la rapide croissance de l'économie chinoise.
Parmi les pays de l'ANASE, en 2004, Singapour était le premier à reconnaître le statut d'économie de marché à la Chine. Les neufs autres pays de l'ANASE lui ont emboîté le pas. Gu Qingyang a dit au Quotidien du Peuple que l'ANASE et la Chine étaient géographiquement proches, et leurs structures industrielles interdépendantes. Singapour et les autres pays de l'ANASE accordent une haute importance au rôle de « locomotive de l'économie de marché » de la Chine, et sont conscients de l'évidence de la marchéisation de l'économie chinoise. Les pays de l'ANASE sont parmi les premiers pays à reconnaître le statut d'économie de marché à la Chine, témoignant ainsi leur amitié à la Chine. Reconnaître ce statut à la Chine est un choix pragmatique et favorable aux pays de l'ANASE.
Les pays de l'ANASE espèrent que davantage de pays reconnaissent le statut d'économie de marché à la Chine, a exprimé Zhuang Juzhong, économiste en chef adjoint de la Banque asiatique de Développement. La concurrence entre la Chine et des pays de l'ANASE est indéniable sur le marché international, mais leurs relations commerciales sont étroites, le commerce de sous-traitance en constituant le squelette, c'est-à-dire que les pays de l'ANASE fournissent les matières premières et pièces détachées à l'industrie manufacturière chinoise. L'augmentation de la demande chinoise pourrait aussi augmenter l'importation des matières premières des pays de l'ANASE. Par conséquent, dans l'ensemble, c'est une situation de gagnant-gagnant.
Ne pas reconnaître : un prétexte pour entraver la Chine
Sur la question de l'octroi à la Chine du statut d'économie de marché, l'UE commence à modérer sa position à travers la communication inlassable entre la Chine et l'UE. En avril 1998, l'UE a adopté une résolution : retirer la Chine de la liste des pays ne pratiquant pas l'économie de marché, en accordant à la Chine un traitement de « pays à économie en transition ». Face aux mesures anti-dumping de l'UE, les entreprises chinoises peuvent jouir d'un traitement au cas par cas. Mais l'UE ne reconnaît pas à la Chine le statut d'économie de marché à part entière, et cela est devenu un obstacle dans les relations économiques et commerciales. Selon l'analyse d'un spécialiste, l'UE ne reconnaît pas ce statut à la Chine, mais cela ne signifie pas qu'elle ne voit pas la tendance de développement économique de la Chine. Au contraire, l'UE cherche un prétexte pour entraver la Chine.
Ces dernières années, plusieurs fonctionnaires des pays membres de l'UE, comme ceux de l'Allemagne et de la France ont appelé l'UE à reconnaître au plus tôt le statut d'économie de marché à part entière à la Chine. Selon le chercheur russe susmentionné, l'Europe pourrait sauter le pas en 2016. Après tout, la Chine est l'un des plus importants partenaires commerciaux de l'UE, les deux parties sont de plus en plus interdépendantes, et partagent le même destin.
Les Etats-Unis sont un autre pays développé important qui hésite à reconnaître le statut d'économie de marché à part entière à la Chine. Déjà en 2004, la Chine et les Etats-Unis avaient entamé des négociations relatives à cette question. Pendant sept ans, les Etats-Unis ont promis à maintes reprises de reconnaître au plus tôt le statut d'économie de marché à la Chine, sans jamais passer aux actes. En juin dernier, le Département du Commerce américain a publié son Strategic Trade Authorization License Exception, excluant la Chine de la liste des 44 pays et régions profitant des mesures de facilitation du commerce.
Reconnaître ou non le statut d'économie de marche à la Chine est devenu un atout important pour les Etats-Unis dans les négociations commerciales. Pour les Etats-Unis, reconnaître le statut d'économie de marché à la Chine concerne directement le commerce sino-américain. Etant donné que les entreprises et les sénateurs américains, s'inquiétant pour leurs intérêts, mettent une pression constante sur leur gouvernement, la promesse américaine n'a pu être réalisée. Sur les questions liées au taux de change du RMB et au Trésor américain, le gouvernement américain exhorte la Chine à faire des concessions.
Le statut complet d'économie de marché de la Chine n'ayant pas été reconnu, les entreprises chinoises en subissent les conséquences, notamment dans le domaine de l'anti-dumping. Il arrive souvent que certains pays, lors des évaluations, pour se donner un prétexte d'antidumping, utilisent des données d'un pays tiers qui surévaluent souvent le degré de dumping des produits chinois. « Reconnaître le statut d'économie de marché à la Chine signifierait l'affaiblissement des fondements juridiques et des moyens politiques de la part de l'Occident vis-à-vis de la Chine en matière de commerce, et partant, la réduction de la fréquence et de la nocivité des actes antidumping et anti-subvention visant les produits chinois », a indiqué Song Hong, chercheur à l'Institut d'économie et de politique mondiales relevant de l'Académie chinoise des Sciences sociales.
D'énormes progrès de la réforme en matière de marchéisation
Gu Qingyang a déclaré au Quotidien du Peuple que, pour juger si un pays pouvait bénéficier du statut d'économie de marché, il fallait le faire non seulement selon son histoire et sa réalité actuelle, mais aussi selon la tendance de développement de son marché. Depuis l'adhésion de la Chine à l'OMC, l'économie chinoise a connu un changement radical. Marchéisation ou liens avec l'économie internationale, la Chine présente aujourd'hui les caractéristiques d'une économie de marché libre. Par exemple, les prix des produits chinois sur le marché international et le commerce extérieur jouissent d'une très grande marge de liberté. En outre, le rôle de la Chine dans le commerce international est de plus en plus important.
Hu Jiangyun, chercheur au Centre d'étude sur le développement relevant du Conseil des affaires d'Etat, a déclaré au Quotidien du Peuple que, depuis longtemps, la Chine avait travaillé dur pour obtenir la reconnaissance de son statut d'économie de marché à part entière. Tout d'abord, la Chine a approfondi la réforme, en particulier dans les secteurs monopolisés. Pour ce faire, elle a soutenu et encouragé le développement de l'économie privée et l'introduction des capitaux étrangers, et séparé progressivement les activités productives et la gestion des secteurs du pétrole, de l'aviation civile, des chemins de fer et des télécommunications de la gestion administrative. Quant à la réforme des prix, hormis un petit nombre de produits essentiels concernant l'économie nationale et la vie de la population, les prix de plus de 98% des produits sont complètement fixés par le marché. En outre, la Chine a également mené des réformes financières, dont la réforme du mécanisme des taux d'intérêt et des taux de change. Deuxièmement, la Chine a amélioré le système d'ouverture sur l'extérieur et, en conformité avec l'accord d'adhésion à l'OMC, a réduit les barrières tarifaires dans le commerce des marchandises et diminué les mesures non tarifaires. Ces dernières années, la Chine continue à ouvrir le commerce des services et à promouvoir la facilitation du commerce et des investissements. Dans certains secteurs des services, la Chine est même plus ouverte que certains pays occidentaux développés. Le secteur automobile est complètement ouvert ; la Chine a non seulement ouvert la fabrication sous forme de CBU et CKD, mais aussi les services liés à l'automobile. Dans le domaine de la distribution et des services informatiques, la marchéisation chinoise est généralement plus importante que celle des autres pays. Troisièmement, la Chine a baissé le seuil d'accès au marché, diminué les barrières, réglementé l'ordre du marché et mis en place le marché intérieur unifié.
Hu Jiangyun a indiqué que certains pays occidentaux étaient à la fois les artisans des règles de l'économie de marché, et des saboteurs de celles-ci. Par exemple, les mesures de protection sur l'acier et le fer adoptées par les Etats-Unis en 2003 ont intentionnellement violé les règles de l'OMC, et constituaient en réalité une forme de protectionnisme commercial. Il a également déclaré que la réforme chinoise en matière de marchéisation avait déjà enregistré d'énormes progrès. L'Europe, les Etats-Unis, le Japon et d'autres pays doivent le reconnaître, ne pas formuler d'accusations sans fondement ou exiger trop. |