« La balance commerciale chinoise était-elle très excédentaire ? Et le taux de change du RMB, a-t-il été sous-estimé ? »

Traiter les récriminations de la partie américaine dans une attitude plus rationnelle

Les Etats-Unis ont largement bénéficié de leurs relations économiques et commerciales avec la Chine. Mais depuis toujours, ils n'ont cessé de se plaindre, arguant notamment que la balance commerciale chinoise était extrêmement excédentaire, et le taux de change du RMB sous-estimé. Est-ce exact ?

Selon les données historiques, les excédents commerciaux de la Chine ont commencé il y a peu, et avec une petite envergure, ils ont représenté pendant plusieurs années moins de 3 % de son PIB. Depuis 2005, leur croissance s'est accélérée dans une certaine mesure. Mais comparée aux puissances commerciales allemande et japonaise, la balance favorable chinoise n'est pas élevée. Par exemple, depuis 1952, l'Allemagne a toujours maintenu une balance favorable représentant 8 % au maximum de son PIB. Grâce à des ressources abondantes, certains pays du Golfe ont aussi maintenu une grande balance favorable. En outre, depuis plusieurs années, en raison de différentes méthodes statistiques, le déficit commercial des Etats-Unis avec la Chine a été surestimé.

Le plus important, c'est que le niveau de cette balance ne dégrade pas les intérêts américains. En effet, la Chine n'est pas l'unique bénéficiaire, les entreprises américaines ayant largement bénéficié des produits importés de Chine.

Dans un rapport publié en 2010 par le Cato Institute (un think tanks américain), il est indiqué : la division internationale du travail sino-américaine a dessiné une « courbe de sourire », c'est-à-dire que la partie américaine a contrôlé le processus de préproduction des marques et de l'architecture des concepts hautement rentables, ainsi que le service après-vente (logistique, vente et ouverture du marché), tandis que la Chine, elle, n'a assumé que la transformation de la production des produits à moyen terme et à faible valeur ajoutée. En termes de bénéfices, la partie américaine est largement gagnante. D'après les estimations du Cato Institute, la valeur ajoutée des produits fabriqués en Chine a représenté seulement le tiers, ou la moitié, de la totalité des exportations vers les Etats-Unis.

Selon le magazine britannique The Economist, pour un Ipod fabriqué en Chine et vendu 299 dollars dans les pays développés, quatre dollars reviennent à la Chine pour la transformation, et 160 dollars reviennent aux entreprises américaines, pour les frais de conceptions, d'entreposage et de marketing.

Le problème du taux de change est un autre point central influençant la coopération économique et commerciale sino-américaine. Certains Américains croient que la sous-évaluation du yuan est la cause principale des déséquilibres commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis. Ils espèrent donc stimuler le développement économique de leur pays par la réévaluation du yuan, la dévaluation du dollar et l'augmentation des exportations américaines.

En réalité, depuis la réforme de 2005, le taux de change du RMB a connu une augmentation de 25 %, c'est la plus grande réévaluation en comparaison avec celle du Dollar, de l'Euro, du Yen et de la Livre sterling. Il n'y a aucun fondement pour confirmer que la balance défavorable des Etats-Unis dans son commerce avec la Chine a été causée par la sous-évaluation du RMB. Entre 2005 et 2008, la balance favorable chinoise a connu une augmentation rapide, mais au cours de cette période, la parité Yuan-Dollar a grimpé de 21,2 %. « Si le taux de change du RMB a été sous-évalué, d'où vient ce résultat ? », dit He Weiwen, directeur du centre de recherche économique et commercial sino-américain relevant de l'Université d'économie et de commerce international.

Les récriminations ne s'arrêtent pas là, les Etats-Unis ayant eu recours aux enquêtes antidumping et anti-subvention, à la protection de la propriété intellectuelle et aux politiques d'innovation indépendante pour s'attaquer à la Chine. Ces dernières années, les frictions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis ont connu une augmentation remarquable. Sans règlement adéquat, elles pourraient entraîner des pertes pour le « Made In China », et ainsi nuire aux intérêts des entreprises et citoyens américains.

En 2009, le gouvernement américain a appliqué des mesures de protection spéciale pour les pneus importés de Chine. Pour quelle conséquence ? Selon les statistiques américaines, pendant le premier semestre dernier, le prix des pneus importés aux Etats-Unis a connu une hausse de 30 %, et au cours des cinq premiers mois de 2010, l'emploi général de l'industrie manufacturière des pneus des Etats-Unis a connu une baisse de 10 %.

Dans le domaine de l'industrie de hautes et nouvelles technologies, étant donné que le gouvernement américain a appliqué depuis toujours une politique de contrôle des exportations vers la Chine, plusieurs entreprises américaines ont perdu des opportunités de marché, et la Chine était obligée d'importer des produits d'autres pays. Selon les statistiques chinoises, entre 2001 et 2009, le volume des produits de hautes technologies importés par la Chine est passé de 64 milliards de dollars à 309,85 milliards de dollars, soit une augmentation annuelle de 48 %, mais l'exportation des produits de hautes technologies des Etats-Unis vers la Chine a baissé de 18,3 % en 2001 à 7,5 % en 2009 dans le montant total des produits de hautes technologies importés par la Chine. A supposer que la partie américaine ait toujours maintenu une exportation de 18,3 % vers la Chine pendant cette période, seulement en 2009, le volume des produits exportés vers la Chine pourrait avoir connu une augmentation de 33,5 milliards de dollars.