Discours introductif du premier ministre chinois Wen Jiabao lors de la cérémonie d'ouverture de la 4e réunion ministérielle du Forum de coopération Chine-Arabe
(Le 13 mai 2010, à Tianjin, en Chine)
Il y a six mois, lors de ma visite en Egypte, j'ai été invité à prononcer un discours au siège de la Ligue arabe. Je me souviens de la sympathie du peuple arabe comme si c'était hier. Aujourd'hui, nous sommes le pays hôte, et nous souhaitons la bienvenue aux amis arabes présents en Chine pour participer à la 4e réunion ministérielle du Forum de coopération Chine-Arabe, discuter ensemble du développement des relations sino-arabes, fixer officiellement les relations de coopération stratégique de la coopération complète et du développement commun sino-arabes. Au nom du gouvernement chinois, j'exprime mes très vives félicitations pour la tenue de cette réunion, lui souhaitant un franc succès.
L'établissement du Forum de coopération Chine-Arabe est un choix stratégique commun pour le développement à long terme des relations bilatérales du 21e siècle, et le renforcement du dialogue collectif et de la coopération. Depuis six ans, le mécanisme du Forum de coopération sino-arabe s'est perfectionné et a joué un rôle d'orientation de plus en plus important dans les relations bilatérales. Le Forum a organisé chaque année diverses activités, stimulé les échanges et la coopération tous azimuts, et a été suivi et apprécié par les différents pays et leurs peuples. La pratique a témoigné que l'établissement du Forum a fortement stimulé le développement des relations bilatérales et de la coopération.
La confiance politique mutuelle s'est intensifiée. Ces dernières années, les visites de haut niveau se sont multipliées, la compréhension s'est approfondie. La Chine encourage davantage les pays arabes à chercher une voie de développement s'adaptant à leurs conditions réelles, stimule plus activement le processus de paix au Moyen-Orient et la cause juste du rétablissement des droits nationaux légitimes des pays arabes. Les pays arabes ont de leur côté accordé un grand soutien à la Chine sur les problèmes de Taiwan, du Tibet et du Xinjiang concernant les intérêts cruciaux de la Chine, et ont fourni une aidé désintéressée au peuple chinois frappé par les séismes de Wenchuan et de Yushu. Le cœur de la Chine et celui des pays arabes, deux grandes nations, sont toujours plus étroitement liés.
Les échanges économiques et commerciaux sont plus denses. Nous avons organisé plusieurs conférences entre industriels, des séminaires sur les investissements et des conférences sur la coopération énergétique, afin de permettre à la coopération économique et commerciale d'avancer à grandes enjambées. Depuis la création du Forum il y a six ans, le volume du commerce bilatéral est passé de 36,4 milliards de dollars en 2004, à 107,4 milliards de dollars en 2009. Les investissements directs mutuels sont passés de 1,1 milliard de dollars à 5,5 milliards de dollars. Le chiffre d'affaires des travaux forfaitaires réalisés en coopération est passé de 13,5 milliards de dollars à 70 milliards de dollars. Même dans le cadre critique de la crise financière internationale, la coopération économique et commerciale a continué à se développer, illustrant la grande complémentarité économique et la vaste perspective de développement des deux côtés.
Les échanges culturels sont de plus en plus actifs. Le séminaire sur le dialogue entre les civilisations sino-arabes, la conférence d'amitié sino-arabe, le Forum de coopération sur l'information sino-arabe, les festivals culturels organisés conjointement, et l'ouverture de la chaîne CCTV en arabe ont grandement intensifié la compréhension mutuelle et l'amitié entre les peuples chinois et arabes. L'« Institut Confucius » de Chine a pénétré plusieurs pays arabes, ouvrant de nouvelles perspectives pour le peuple arabe, en particulier les jeunes. Par ce biais, ils peuvent découvrir la culture traditionnelle chinoise, ainsi que sa modernisation.
Bien que le Forum de coopération Chine-Arabe n'entre que dans sa sixième année, l'amitié entre la Chine nouvelle et le monde arabe est déjà entrée dans sa sixième décennie. Pendant ces fertiles décennies, nos peuples ont dû lutter pour l'indépendance nationale et la sauvegarde de la souveraineté d'Etat. Ils ont traversé de nombreuses vicissitudes pour rechercher la voie de développement et réaliser le redressement national, et ont parcouru ensemble le long chemin vers l'établissement d'un nouvel ordre politique et économique international, plus juste et plus rationnel. Partageant heurs et malheurs, les peuples chinois et arabes ont renforcé l'amitié et la compréhension mutuelle, et créé des richesses communes. L'histoire des relations sino-arabes nous a appris que, tant que le respect et l'égalité règnent, nous pouvons maintenir un développement sain de nos relations politiques, qu'à condition de s'inspirer les uns des autres, de contenir et d'embrasser de multiples aspects, nous pouvons promouvoir le développement harmonieux de nos civilisations, et que tant que nous coopérerons sincèrement, formons une situation caractérisée par la réciprocité et le résultat gangnant-gagnant, nous pouvons stimuler le développement commun des économies chinoise et arabe. Nos propres expériences sont les plus précieuses, aussi chérissons-les, et gardons-nous de les oublier.
Au cours des deux dernières années, le monde a été gravement frappé par la crise financière internationale et a subi de dures épreuves. Avec les efforts conjugués de la communauté internationale, l'économie mondiale est en train de renaître, mais la base demeure fragile. La crise des dettes souveraines dans certains pays continue de s'aggraver. Le taux de chômage des principales économies est toujours élevé. Le prix des marchandises en vrac sur le marché international fluctue dangereusement. Le protectionnisme commercial a recommencé à gagner du terrain. Nous ne devons pas sous-estimer la gravité et la complexité de cette crise, non plus sa grande influence sur la politique et l'économie mondiales. Il faut garder un esprit lucide, observer et agir calmement, se soutenir mutuellement, et s'efforcer d'éliminer les différents obstacles à une reprise durable de l'économie mondiale. En même temps, il faut constater que les retombées de cette crise financière, d'une ampleur inédite depuis près d'un siècle, est en voie de stimuler le grand réajustement et la grande évolution de l'échiquier politique et économique du monde. Le rapport des forces international a profondément changé, les relations entre les grandes puissances ont connu un profond réajustement, le système d'administration international fait face à une grande transformation, tout comme la structure économique mondiale. Le changement comporte l'espoir, l'opportunité accompagne le défi. Face à ce changement historique, tous les hommes politiques prévoyants doivent viser haut et voir loin, tenir compte des possibilités du moment et des intérêts de l'ensemble, et faire progresser la paix et le développement de l'humanité.
Il faut œuvrer pour créer un environnement international plus sûr et plus stable, afin de jeter une solide base politique pour la reprise complète et stable de l'économie mondiale. Le peuple chinois l'a bien compris par ses propres expériences : sans environnement pacifique et stable, on ne peut parler de développement. La communauté internationale doit préconiser le concept de la primauté de la paix, continuer à unir ses forces pour réaliser le concept de « passagers d'un même bateau », et résoudre les problèmes actuels. Il faut observer les buts et principes de la Charte des Nations Unies, s'opposer à la violence brutale de la souveraineté et à l'ingérence dans les affaires intérieures d'un autre pays ; il faut s'en tenir au règlement pacifique des conflits régionaux et internationaux, et s'opposer au recours arbitraire à la force et aux menaces d'y recourir. Il faut renforcer le dialogue et les échanges entre les différentes civilisations, intensifier la compréhension et la tolérance mutuelles, lutter contre le terrorisme, les forces extrémistes et la violence sous toutes leurs formes, refuser de faire l'amalgame entre terrorisme et une nation ou religion particulière. Il faut promouvoir le multilatéralisme et la démocratisation des relations internationales, et s'opposer à ce qu'un petit nombre de pays monopolise les affaires internationales. Le gouvernement chinois espère sincèrement que les régions et pays en proie au conflit dissipent rapidement leurs différends par la coordination amicale, afin de redresser au plus vite la situation et marcher vers la prospérité.
–– Il faut promouvoir la réforme du système économique et financier international, afin d'accélérer l'établissement d'un nouvel ordre plus juste et plus rationnel. La leçon de cette récente crise financière internationale est profonde. La communauté internationale doit réformer radicalement, prendre des mesures adéquates, et renforcer l'administration en remontant à la source de la crise. Il faut établir un mécanisme d'administration de l'économie mondiale plus efficace, encourager les différentes parties à y participer largement, et prendre en considération les intérêts et préoccupations de toutes les parties. Il faut promouvoir la réforme du système financier international, perfectionner la procédure et le mécanisme de la prise de décision concernant les institutions financières internationales, et renforcer la coopération dans la surveillance financière internationale. Il faut s'opposer fermement au protectionnisme sous toutes ses formes, préconiser et soutenir le libre-échange commercial, et obtenir dans les plus brefs délais des résultats rationnels et équilibrés des négociations du cycle de Doha. Qu'un pays résout ses problèmes économiques est la condition préalable pour lui d'assumer une plus grande responsabilité internationale. Les principales économies doivent changer réellement de mode de développement, en épargnant plus et en consommant moins, intensifier la surveillance financière, et contrôler la spéculation excessive. La Chine, de sa part, appliquera la stratégie ouverte de bénéfices mutuels, et considèrera l'augmentation de la demande intérieure comme un principe stratégique à long terme. Elle persistera à appliquer les mesures de libéralisation et de facilitation du commerce et de l'investissement, développera les échanges et la coopération internationaux sous diverses formes, et jouera un rôle constructif dans le système économique international.
–– Il faut accélérer la réalisation des Objectifs de développement pour le Millénaire, et réduire les écarts entre le Nord et le Sud. Dans l'économie mondiale, le plus grand déséquilibre, c'est celui du développement, et les plus frappés par la crise sont les pays en développement, qui doivent donc surmonter le plus grand nombre de difficultés issues des inconvénients de cette crise. Si ces derniers ne sortent pas de la pauvreté, la paix et le développement du monde seront menacés. La communauté internationale doit se concentrer sur les régions et les populations pauvres, et aider les pays en développement à maintenir une stabilité financière et une croissance économique. A plus forte raison les pays développés doivent assumer les obligations qu'ils se doivent d'accomplir. Il faut respecter et soutenir les pays en développement souhaitant suivre une voie de développement s'adaptant aux conditions réelles de leur pays, et chercher un mode de développement en faveur du développement du pays et de l'élimination de la pauvreté. La Chine continuera à offrir son aide sincère, sans aucune condition, aux pays en développement. Elle l'a promis au monde entier lors de la réunion de haut niveau des objectifs de développement de l'ONU pour le Millénaire. La Chine sera fidèle à la parole donnée et résolue dans ses actes, et ne décevra pas les nombreux pays en développement.
-- Il faut sauvegarder la sécurité énergétique, lutter contre le changement climatique, et promouvoir le développement durable de l'économie mondiale. Les fortes fluctuations des prix internationaux de l'énergie influencent directement la stabilité et la prospérité de l'économie mondiale. La communauté internationale doit se forger un nouveau concept sécuritaire de nouvelles énergies, marqué par la coopération réciproque, le développement pluriel et la garantie coordonnée. Il faut respecter le droit au développement des pays concernés en utilisant les ressources énergétiques. Il faut renforcer le dialogue et la communication entre les pays exportateurs d'énergie et les consommateurs, intensifier la consultation et la coordination sur les politiques énergétiques internationales, et satisfaire à la demande légitime en énergie des différents pays. La coopération dans le domaine de l'exploitation des ressources énergétiques doit être approfondie, et l'investissement dans les industries de production énergétique, encouragé, et il faut maintenir l'équilibre entre l'offre et la demande, tout en assurant la rationalité des prix. Nous devons sauvegarder ensemble la stabilité de la situation des pays producteurs d'énergie, contrôler la spéculation excessive sur le marché, et maintenir l'ordre normal du marché énergétique international. Il faut porter notre regard sur la lutte contre le changement climatique, renforcer la R&D et généraliser les technologies énergétiques avancées, encourager les différents pays à augmenter leur capacité d'économie d'énergie, le niveau et l'efficacité d'utilisation, et exploiter les énergies renouvelables et propres. La communauté internationale doit respecter le principe des responsabilités communes mais différenciées, consolider et approfondir le consensus de l'Accord de Copenhague, sur la base du maintien de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, du Protocole de Kyoto et de la Feuille de route de Bali, et continuer à stimuler le processus historique de la lutte contre le changement climatique. La Chine accentuera ses économies d'énergie, afin de réaliser, au prix d'inlassables efforts, l'objectif de réduction des émissions de Co2 par unité de PIB de 40 à 45 % pour la période de 2005 à 2020, et d'apporter une contribution à la sauvegarde de la sécurité énergétique internationale et à la lutte contre le changement climatique.
Après des périodes de transformation, la Chine et le monde arabe sont sur une nouvelle ligne de départ historique. Nos deux grandes nations ont un brillant passé, et par nos efforts, l'avenir peut être glorieux. Face au changement profond de la structure internationale, les consensus entre nos deux parties se multiplient, les intérêts communs augmentent, et les exigences mutuelles sont intensifiées. L'amélioration des relations sino-arabes est bénéfique aux peuples, ainsi qu'à la paix et au développement du monde. La Chine est prête à suivre le concept de paix, de développement et de coopération avec les pays arabes, afin de faire progresser les relations bilatérales.
Renforcer énergiquement la collaboration stratégique. Il faut multiplier les échanges de haut niveau et la consultation stratégique, échanger à propos de la gestion de l'Etat et de l'expérience de développement, et augmenter la confiance politique mutuelle. La Chine et le monde arabe doivent se soutenir sur les problèmes concernant les intérêts essentiels respectifs, et renforcer leur coordination sur d'importantes affaires régionales et internationales, et lutter ensemble sur les questions mondiales importantes. La partie chinoise a réaffirmé son soutien à l'Initiative arabe de paix, et est prête à pousser plus avant la solution de la question du Moyen-Orient, avec le monde arabe et la communauté internationale.
Développer complètement la coopération économique et commerciale. Nos deux parties doivent élargir le volume commercial, normaliser l'ordre du commerce et optimiser la structure commerciale. La Chine est prête à continuer à stabiliser le commerce en matière de pétrole, de gaz naturel et les produits dérivés avec les pays arabes et à augmenter l'importation des produits non pétroliers de la partie arabe. En même temps, elle augmentera l'exportation des produits électromécaniques et des produits de hautes et de nouvelles technologies, à forte valeur ajoutée, vers le monde arabe. Les entreprises chinoises capables pour leurs investissements dans des industries aux pays arabes doivent être encouragées, afin d'entraîner le développement de l'économie locale. La Chine accueille également les entreprises arabes souhaitant investir en Chine. Elle aime stimuler la coopération dans les infrastructures des deux parties, soutient les entreprises des deux côtés qui participent aux projets concernant l'électricité, le chemin de fer et les routes. Il faut aussi approfondir la coopération dans le domaine de l'intégration en amont et en aval du pétrole et du gaz naturel ; développer la coopération bilatérale dans le domaine financier, et renforcer la coopération et le dialogue dans les domaines de la protection de l'environnement et de la lutte contre la désertification.
Renforcer activement les échanges culturels et la coopération. Selon un proverbe arabe : « Un figuier regarde un autre figuier, puis les fruits sont innombrables ». Renforcer les dialogues et les échanges entre la civilisation chinoise et les civilisations arabes et islamiques, apprendre et se connaître peut permettre d'enrichir sa propre culture. La Chine va organiser avec les pays arabes de nombreux évènements, comme des expositions, du théâtre, des journées ou semaines culturelles, et le deuxième Festival Arabe 2010, à Beijing et à Shanghai. Il faut stimuler les échanges d'étudiants. En Chine, l'enseignement de la langue arabe doit être développé, et plus d'écoles doivent le proposer. D'ici à trois ans, la Chine formera 1 000 Arabes par an, toutes catégories confondues. Elle exhorte les entreprises des deux côtés à créer des projets d'investissement touristique. La Chine incite les pays arabes qui ne figurent pas encore sur la liste des destinations touristiques des Chinois d'en faire la demande. Nos deux parties doivent augmenter la traduction et la publication des œuvres d'art. C'est grâce à ce travail que l'amitié sino-arabe pénétrera le cœur des peuples, et se transmettra de génération en génération.
L'ancienne Route de la Soie, il y a plus de 2 000 ans, est devenue le lien de l'amitié des peuples chinois et arabes. Elle a apporté une paix et une prospérité pour la Chine et le monde arabe. Suivons donc ces traces de l'histoire pour aller vers l'avenir main dans la main, et continuons à marcher sur un chemin balisé par la paix durable, la prospérité et le dynamisme.
|