Discours du vice-premier ministre chinois Li Keqiang lors de la cérémonie d'ouverture de la Conférence sur l'économie verte et la coopération internationale en matière de lutte contre le changement climatique
Je suis ravi d'être présent à cette cérémonie d'ouverture. Alors que la communauté internationale ne cesse de lutter contre la crise financière et les changements climatiques, des hommes et anciens hommes politiques, des experts et des savants, des industriels, des fonctionnaires ainsi que les représentants des think-tanks des différents pays et des organisations internationales se réunissent à Beijing, pour discuter des problèmes liés à l'économie verte et à la coopération internationale en matière du changement climatique. L'événement revêt une signification importante tant pour la reprise saine de l'économie mondiale que pour le développement durable de l'économie chinoise. Ici, au nom du gouvernement chinois, je voudrais vous exprimer mes sincères félicitations pour la tenue de la présente réunion, et vous souhaiter chaleureusement la bienvenue !
Dans le monde d'aujourd'hui, développer l'économie verte est devenue une orientation essentielle. Avec son entrée dans la société industrielle, l'humanité a franchi le plus grand pas de son Histoire. Et si elle se réjouit des fruits de la croissance économique, elle est condamnée à faire face aux problèmes toujours plus épineux des ressources et de l'environnement.
Au cours des dernières décennies, la communauté internationale a fait de formidables efforts pour dissiper la contradiction et explorer un développement durable. Depuis l'entrée dans le nouveau siècle, en particulier ces dernières années, de nombreux pays ont accordé une grande importance aux industries vertes, en faisant un axe capital de leur restructuration économique.
Dans la lutte contre la crise financière, plusieurs pays ont mis l'accent sur le « vert » dans l'élaboration de leurs mesures, et ont entamé ce qu'on appelle la « nouvelle politique verte », sur laquelle ils s'appuient pour planifier leur développement post-crise.
Les différentes parties ont majoritairement pris conscience que le développement de l'économie verte permet non seulement de réaliser les économies d'énergie et de réduire les émissions polluantes, mais aussi d'utiliser plus efficacement les ressources, d'accroître la demande et de créer de nouveaux emplois. Le développement de l'économie verte représente par ailleurs un carrefour important de la protection de l'environnement et du développement économique.
Le gouvernement chinois attache une grande importance au développement de l'économie verte et à la lutte contre le changement climatique. En se basant à la fois sur sa propre réalité et sur l'expérience internationale, le pays a fait du développement durable une stratégie nationale, et de la construction d'une société économe en ressources et favorable à l'environnement une tâche importante. Nous avons par ailleurs inséré les objectifs d'économie d'énergie et de réduction des émissions polluantes comme indicateurs contraignants dans le XIe plan quinquennal. Nous avons clairement affiché nos exigences en matière de contrôle des émissions de gaz à effet de serre, publié le Plan de travail général pour l'économie de l'énergie et la réduction des émissions de matières polluantes et le Plan national pour la lutte contre le changement climatique.
Ces dernières années, nous avons accéléré la restructuration industrielle, en fermant de nombreuses unités de production énergivores et polluantes, afin de réduire les pertes d'énergie à la source. Les économies d'énergie sont surtout encouragées dans les domaines, secteurs, ouvrages et entreprises importants, avec un accent mis sur l'efficacité énergétique.
Nous avons développé l'économie circulaire et mis en place des industries économes en énergie et répondant aux conditions environnementales, et avons adopté de multiples mesures en vue d'augmenter l'efficacité énergétique à travers les économies d'énergie. En même temps, nous avons renforcé la lutte contre la pollution des eaux des principaux bassins, accéléré la construction de centres de traitement des eaux usées, amélioré la qualité de l'air et entamé une désulfuration à grande échelle des centrales thermiques.
Nous avons lancé des projets écologiques, tels que la protection des forêts naturelles, la restitution des champs à la forêt et la restitution des pâturages à la nature, et fortement augmenté la séquestration du carbone en forêt. Au cours des quatre dernières années, la Chine a enregistré une baisse de 14,38 % de sa consommation énergétique par unité de PIB, et une diminution respective de 9,66 % et de 13,14 % pour la demande chimique en oxygène et les émissions de dioxyde de soufre. Elle a obtenu des résultats positifs dans les domaines des économies de l'énergie, de la réduction des émissions polluantes ainsi que du développement de l'économie verte.
Cependant, nous voyons clairement que la Chine reste un pays en développement, et que dans son processus d'industrialisation et d'urbanisation, elle fait face à de multiples pressions issues du développement de l'économie, de l'élimination de la pauvreté, du contrôle de la pollution et de l'atténuation des émissions de GES.
De nombreux problèmes environnementaux se sont accumulés au fil du temps, et de nouveaux défis sont apparus. Malgré nos inlassables efforts, la situation demeure problématique dans les domaines de l'économie des ressources, de la protection de l'environnement et de la lutte contre le changement climatique.
Au cours du premier trimestre de 2010, avec la reprise économique, certains secteurs énergivores étaient en croissance, et leur demande en énergie a donc augmenté, compromettant la réalisation des objectifs d'économie d'énergie prévus dans le XIe plan quinquennal. Fort de ce constat, nous avons pris et continuerons de prendre des mesures efficaces.
Dans l'avenir, la Chine poursuivra la voie de développement scientifique, et s'efforcera de promouvoir l'harmonie entre le progrès socioéconomique et l'environnement. Elle s'efforcera de construire une civilisation écologique, et accélérera la formation d'une structure industrielle et d'un mode de production et de consommation respectueux de l'environnement.
Avec comme principes « l'homme au premier plan » et « la protection de l'environnement au service du peuple », la Chine concentrera son énergie sur la résolution des problèmes environnementaux nuisibles à la santé humaine, afin d'augmenter le niveau de vie de la population au cours du développement économique, et d'augmenter la qualité de vie des masses à travers l'amélioration de l'environnement.
Le gouvernement chinois a prévu, pour la période 2005-2020, de réduire de 40 à 45 % ses émissions de dioxyde de carbone par unité de PIB, et de 15 % environ la proportion de la consommation des énergies primaires dans les énergies non fossiles.
Décision personnelle de la Chine pour accélérer la restructuration économique et la transformation du mode de croissance, mesure nécessaire pour lutter contre le changement climatique, ces objectifs sont également un choix objectif et crucial pour la Chine, un pays ayant 1,3 milliard de bouches à nourrir, pour repousser les limites des ressources énergétiques, en vue de réaliser le développement pacifique et la modernisation.
Le problème du changement climatique, à la fois environnemental et de développement, est devenu un défi commun de l'humanité. Nous ne pouvons oublier qu'actuellement dans le monde, environ un milliard de personnes vivent encore sous le seuil de pauvreté, très loin de l'Objectif de développement des Nations unies pour le Millénaire.
Retarder la réalisation de l'objectif de développement pour répondre au changement climatique, négliger les influences du changement climatique pour ne chercher que la croissance économique, aucune de ces orientations ne saurait satisfaire les intérêts communs de la planète.
L'évolution de l'économie verte démontre que nous sommes en mesure d'élaborer un nouveau mode répondant aux exigences du changement climatique et de la protection de l'environnement, tout en favorisant l'efficacité et le développement économiques. Actuellement, l'économie verte est en vogue partout dans le monde, mais comment combiner ce nouveau mode de développement avec la coopération internationale en matière de changement climatique ? Beaucoup de questions nécessitent d'âpres discussions. Ici, je me permets d'avancer trois propositions.
Premièrement, accélérer la mutation du mode de développement économique et promouvoir activement le développement vert. Le mode de croissance économique traditionnel compte principalement sur l'augmentation des investissements dans les facteurs de production, la consommation des ressources naturelles et l'extension quantitative. Avec l'aggravation des problèmes de ressources et d'environnement, ce mode de croissance extensif ressemble de plus en plus à une impasse. De ce fait, il est nécessaire d'accélérer la restructuration économique, de promouvoir la mutation du mode de croissance économique, et selon le principe de « placer l'homme au premier plan » et de « viser un développement général, harmonieux et durable », de former l'économie verte et d'encourager le développement vert. La priorité est donc de mettre en place des systèmes et des mécanismes favorables au développement vert. Par l'incitation politique et les contraintes imposées par les systèmes, nous avons l'intention de renforcer la conscience et la volonté de promouvoir le développement vert dans la population, et de limiter les projets court-termistes, ne visant que la croissance. Ceci constitue un pilier important de l'approfondissement de la réforme du système économique chinois. A présent, dans ce contexte de réajustement et de transformation radicale de l'économie mondiale, tant les pays en développement que les pays développés doivent saisir l'opportunité offerte par le développement de l'économie verte, accorder une plus grande attention à la formation de nouveaux points de croissance économique caractérisés par le bas-carbone, au réajustement et à la transformation des industries traditionnelles, au développement des industries émergentes telles que les nouvelles énergies, les économies d'énergie et la protection de l'environnement, à l'incitation à rechercher des bénéfices par le biais des économies d'énergie dans les maillons de la production, de la distribution, de la répartition, de la consommation ainsi que de la construction, et à la protection de l'environnement naturel. Les gouvernements doivent tous mettre en place des mesures politiques favorables au développement vert, former des mécanismes de fonctionnement efficace caractérisé par l'harmonie entre le progrès socioéconomique, les ressources et l'environnement, orienter les entreprises vers l'exploitation de technologies et de produits écologiques et vers le développement de l'économie verte, aller vers une utilisation durable des ressources et une amélioration continue de l'environnement, et promouvoir la reprise saine et le développement durable de l'économie mondiale.
Deuxièmement, diffuser largement la notion de civilisation écologique et encourager la consommation verte. Dans l'histoire moderne, l'humanité a vu sa capacité à conquérir la Nature grandir de façon exponentielle. Pourtant, la crise environnementale et la dégradation écologique, qui ont suivi avec, démontrent que dans une société manquant de conscience écologique, la prospérité ne peut perdurer, et l'Homme paiera cher pour cette carence. Développer l'économie verte nous impose de redéfinir l'harmonie entre l'Homme et la Nature, d'inscrire la culture économique et la protection de l'environnement dans la morale, et de faire des limites des ressources et de l'environnement des paramètres importants de nos activités économiques, afin de changer le mode de vie, de production et d'action des gens. Tout en encourageant la production et la circulation verte, il faut développer la consommation verte et peu énergivore, et construire une société sur ce même modèle.
Troisièmement, perfectionner le mécanisme de la mondialisation économique, pour former un environnement favorable au développement de l'économie verte. La crise financière internationale n'a pas changé la tendance de la mondialisation. Pour lutter contre le changement climatique, il faut, dans la coopération internationale, économiser les ressources énergétiques et augmenter l'efficacité de composition des facteurs de production. Nous proposons que la communauté internationale fasse de la libéralisation et la facilitation commerciales un moteur de l'économie verte, qu'elle s'oppose à toute forme de protectionnisme commercial, y compris le protectionnisme sous couvert de « barrières vertes », élabore et applique des politiques commerciales encourageant l'économie verte, et contribue au développement de l'économie verte à travers le monde. Les pays développés, notamment, doivent, sous forme de transfert technologique, d'assistance financière et d'ouverture de marché, aider les pays en développement à former l'économie verte et soutenir le développement durable des économies émergentes.
Le développement de l'économie verte et la lutte contre le changement climatique constituent à la fois des opportunités et des défis pour la communauté internationale dans cette ère post-crise, ce sont des matériaux importants du développement socioéconomique et de la construction de la civilisation écologique en Chine. Leur réalisation nécessite une large coopération internationale et des actions efficaces dans les domaines des économies d'énergie et de réduction des émissions polluantes.
La rencontre des pensées et l'échange de l'intelligence sont les fondements de la création. A la suite de la conférence de Copenhague, la présente réunion entend rassembler les think-tanks non gouvernementaux. C'est une chance rare, puisqu'elle permet aux différentes parties de communiquer et d'interagir.
J'espère sincèrement que les représentants présents procèderont à de larges échanges et de profondes discussions autour du thème de notre réunion, emmagasineront la sagesse des différentes parties et joueront un rôle positif dans la promotion mondiale de l'économie verte et la coopération internationale sur le changement climatique. |