M. Ye Tingfang, âgé de 78 ans, titulaire d'un doctorat honoraire décerné par l'Université de Zurich, honneur suprême dans les pays germanophones, est un expert chinois célèbre dans la recherche et la traduction de la littérature germanophone.
À propos des méthodes de traduction, M. Ye estime que la traduction littérale et la traduction d'après le sens recherchent respectivement la ressemblance de forme et d'esprit et que lui-même est plus attaché à la ressemblance d'esprit. Selon lui, il faut remplir au moins les cinq conditions suivantes pour être un traducteur faisant preuve d'une grande maturité :
Premièrement, il faut maîtriser parfaitement sa langue maternelle et une ou plusieurs langues étrangères. Pour un traducteur, l'idéal est d'être aussi un écrivain, à l'image de Fu Lei.
Deuxièmement, il faut avoir une bonne capacité de compréhension. Ceci permet aux traducteurs de trouver des formules expressives et vivantes, au lieu de ne pas savoir par quel bout prendre une phrase ou être plongé dans la confusion devant un mot à plusieurs sens ou une métaphore en filigrane. En dernière analyse, un bon niveau de traduction, c'est un bon niveau de compréhension !
Troisièmement, il faut être érudit. Les traductions couvrent souvent des champs de connaissances imprévisibles, bien que les traducteurs puissent en général choisir leurs domaines de prédilection. Un traducteur ayant une sphère de connaissances trop étroite rencontre inévitablement des problèmes et peut créer des contresens. À l'opposé, un traducteur possédant des connaissances très riches est capable de travailler par analogie et éviter les écueils.
Quatrièmement, il faut prendre l'habitude de faire des recherches. Dans la traduction de la littérature moderne plus particulièrement, les textes à traduire ne concernent pas seulement la question linguistique, mais aussi les idées de l'époque et la philosophie des auteurs, les domaines de l'esthétique et leurs moyens d'expression. Sans comprendre cela, les traducteurs rencontreront toutes sortes de difficultés. Enfin, il faut savoir apprendre et assimiler les points forts de ses prédécesseurs. L'amélioration du niveau global des traductions se réalise grâce aux expériences réussies accumulées par les grands traducteurs de différentes générations. Il est tout à fait possible d'emprunter les phrases ou paragraphes bien traduits par d'autres traducteurs, à condition d'inclure une note. Il est inutile de passer tout son temps à se creuser la tête pour être singulier, tout comme il est inutile d'essayer de revenir sur certaines traductions existantes qui sont reconnues comme conventionnelles, bien qu'elles ne soient pas cent pour cent exactes.
De nos jours, beaucoup de jeunes souhaitent se dévouer à l'œuvre de la traduction. M. Ye Tingfang trouve que certains de ces jeunes traducteurs sont remarquables, mais d'autres voient ce métier juste comme un gagne-pain. Ces derniers, sans entraînement nécessaire, s'y lancent avec une folle audace. M. Ye, ayant terminé ses études universitaires en 1961, n'a pas eu le courage de vraiment traduire avant 1978. Les deux premières années de sa carrière de traducteur, il les a passées en coopération avec d'autres personnes. Il est impossible de maîtriser une langue étrangère sans avoir déployé des efforts pendant huit ou dix ans, voilà un consensus partagé par les traducteurs travaillant en langues étrangères !