Le lancement et le retour en toute sécurité du vaisseau spatial Shenzhou IX ont déclenché une « fièvre scientifique » du public en Chine, qui fournit une excellente occasion de stimuler la sensibilisation aux sciences, selon les experts.

« Après chaque événement astronomique majeur, nous voyons une augmentation rapide du nombre de visiteurs, et ce lancement ne fait pas exception », a observé Zhang Yang, directeur de la vulgarisation scientifique au Purple Mountain Observatory, qui est affilié à l'Académie chinoise des sciences.

Cette attention peut aussi être vue dans le nombre croissant d'abonnés à ses messages sur Sina Weibo, le très populaire site chinois de microblogging.

« Avant le lancement du vaisseau spatial à la mi-juin, le département des sciences pour tous avait environ 12 000 fans. Ce nombre est aujourd'hui passé 14 000. »

Les librairies dans certaines villes font état d'une augmentation des commandes de livres de vulgarisation scientifique, selon les médias.

Pour répondre à la demande croissante de connaissances sur l'aérospatial, le China Space Museum basé à Beijing présente une exposition d'un mois à Hong Kong, à partir du 28 juin, a rapporté l'agence Xinhua. Les visiteurs pourront y découvrir des objets utilisés lors du lancement, y compris le drapeau national qui a voyagé à bord du satellite, des modèles de fusées et des biens utilisés par les astronautes dans l'espace, notamment des aliments en conserve, de la crème glacée, des sacs de couchage et des toilettes.

« Le lancement de Shenzhou IX a fourni une excellente occasion de vulgariser les connaissances scientifiques et d'améliorer la posture du plus grand nombre envers la science », a déclaré Ge Ting, chercheur en sciences populaires auprès de l'Association chinoise pour la science et la technologie.

Des dizaines de millions de personnes à travers la Chine auraient suivi le voyage à la télévision, du lancement au retour sur Terre, ce qui prouve l'intérêt croissant pour la science et la technologie, selon lui.

« Cependant, les gens en général n'ont pas encore suffisamment de connaissances scientifiques, et plus d'efforts sont nécessaires pour résoudre le problème », a-t-il ajouté.

Une enquête nationale a montré l'an dernier que seulement 3,27 pour cent des résidents de la partie continentale avaient une sensibilisation de base aux sciences, loin derrière les résultats des grands pays développés comme le Japon et le Canada.

Wu Danhong, professeur agrégé à l'Université chinoise de sciences politiques et de droit, a prévenu qu'un manque de connaissances scientifiques de base peut conduire à des niveaux inutiles de panique en cas d'urgence.

Il a cité en exemple les premiers jours après la crise nucléaire au Japon en mars 2011, lorsque les habitants de nombreuses villes chinoises se sont rués pour acheter du sel en raison de rumeurs affirmant que la fuite avait pollué les mers et rendu le sel marin non comestible. Beaucoup de gens étaient également convaincus que le sel iodé pouvait protéger contre un empoisonnement de radioactivité.

« Les grands événements nous offrent d'excellentes opportunités de diffuser le savoir scientifique », a estimé M. Ge, « mais nous devons trouver de nouvelles manières d'enseigner. »

Il a suggéré que les médias s'impliquent davantage dans la recherche de nouvelles idées intéressantes pour expliquer certains faits scientifiques.

Par exemple, selon lui, lors de la transmission télévisée en direct sur le retour de Shenzhou IX, les journalistes auraient pu ajouter quelques explications sur la façon dont les astronautes pourraient rester dans le vaisseau spatial en toute sécurité, sans être brûlés par les températures élevées causées par le frottement intense entre la sonde et l'air.