Les entreprises chinoises se tournent vers la Suisse pour trouver des capitaux

Alors que les Etats-Unis œuvrent constamment à un soi-disant « découplage financier » avec la Chine, les entreprises chinoises se sont tournées vers de nouveaux marchés à l’étranger, comme la Suisse, pour élargir leurs canaux de financement.

Les spécialistes notent que la croissance rapide de ces marchés de capitaux va bientôt pousser les Etats-Unis à « se rendre compte qu’ils ne sont pas irremplaçables », leur enjoignant de corriger leurs erreurs et de bâtir un environnement des affaires équitable et prévisible pour les entreprises chinoises.

A la date de jeudi, au moins dix entreprises avaient annoncé qu’elles feraient leur entrée à la Six Swiss Exchange − la Bourse suisse − par l’émission de certificats internationaux d’actions étrangères (GDR pour Global Depositary Receipts). Celles-ci incluent les sociétés Will Semiconductor basée à Shanghai et Eastroc Beverage basée à Shenzhen, la multinationale spécialisée dans les équipements lourds Sany Heavy Industry et le fabricant d’équipements médicaux Lepu Medical Technology.

Globalement, ces entreprises souhaitent élargir leurs canaux pour lever des fonds internationaux par le biais d’émissions de GDR à l’étranger, afin de répondre à leurs activités internationales tout en renforçant la reconnaissance mondiale de leurs marques.

Les GDR sont des certificats négociés sur les marchés internationaux, qui représentent la propriété d’un nombre déterminé d’actions d’une société étrangère, échangées sur un marché boursier local.

En entrant à la Bourse suisse, Will Semiconductor vise à augmenter sa reconnaissance internationale, à renforcer sa coopération stratégique avec ses clients et ses fournisseurs mondiaux, ainsi qu’à améliorer sa capacité internationale de recherche et développement, a indiqué mercredi l’entreprise dans un communiqué.

« En tant que pôle financier majeur au niveau mondial, l’environnement financier de la Suisse et les règles de son marché des capitaux sont relativement mûrs, avec un degré plus élevé d’ouverture et d’équité. Cela le rend attractif pour les entreprises étrangères », explique Dong Dengxin, le directeur de l’Institut des finances et des valeurs mobilières à l’Université des sciences et technologies de Wuhan.

Selon lui, autoriser les entreprises cotées sur le marché des actions de classe A à émettre des GDR à l’étranger est un élément crucial de la réforme du marché des capitaux de Chine, qui permettra d’ouvrir encore les marchés domestiques, tout en aidant à établir une réputation solide pour les entreprises chinoises sur les marchés de capitaux mondiaux.

« Les Etats-Unis vont bientôt se rendre compte qu’ils ne sont pas irremplaçables », ajoute-t-il, notant que Washington devrait corriger ses erreurs pour bâtir un environnement des affaires sain pour l’entrée en bourse des entreprises étrangères, y compris des entreprises chinoises, afin de permettre aux Américains de partager les dividendes du développement de la Chine.

En avril, les Etats-Unis ont ajouté 17 entreprises chinoises cotées en bourse aux Etats-Unis dans leur soi-disant « Liste préliminaire d’entreprises chinoises à retirer des bourses américaines », incluant les sociétés BEST et Li Auto. 

Jusqu’à présent, la SEC (Securities and Exchange Commission, l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers) a ajouté cinq groupes d’entreprises chinoises dans sa liste préliminaire, citant sa propre Loi sur la responsabilité des entreprises étrangères entrée en vigueur en 2020.