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RCEP : donner un élan à la reprise post-pandémique

French.china.org.cn | Mis à jour le 24. 01. 2022 | Mots clés : RCEP
La cérémonie de signature de l'accord du Partenariat économique régional global (Regional Comprehensive Economic Partnership, RCEP) organisée par vidéoconférence à Hanoi, au Vietnam, le 15 novembre 2020. (Photo : Xinhua)

En 2022, la reprise économique mondiale fait encore face à des défis énormes. Selon les prévisions du Fonds monétaire international, le taux de croissance des économies développées et celui des pays en développement diminueraient respectivement de 0,7 et de 1,3 point de pourcentage par rapport à l’année précédente, et la croissance du volume des échanges, un indicateur des activités économiques et commerciales internationales, pourrait chuter jusqu’à 3 points de pourcentage.

Dans le contexte d’une pandémie difficile à contrôler, un mécanisme économique et commercial relativement stable, raisonnable et efficace est sans aucun doute une condition cruciale pour stimuler la reprise. L’accord de Partenariat économique régional global (RCEP), entré en vigueur le 1er janvier, pourrait jouer ce rôle important en raison de l’énorme taille économique et du potentiel de développement de ses membres.

Un coup de fouet à la relance

Le RCEP compte quinze membres, à savoir les dix États membres de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN), la Chine, le Japon, la République de Corée, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. En 2020, le PIB des pays de l’ASEAN, avec près de 3 000 milliards de dollars, et celui des autres membres du RCEP, qui a atteint 25 900 milliards de dollars, représentent tous deux 30,2 % de l’économie mondiale. Avec l’entrée en vigueur de cet accord, un poids mondial d’une telle ampleur pourra générer des effets d’échelle plus importants.

Si l’on prend l’exemple de l’année 2020, tous les membres de l’ASEAN, à l’exception du Vietnam et de Brunei, ont vu leur PIB chuter en raison de la baisse significative de la demande régionale et intérieure. Grâce à de bonnes perspectives pour une coopération mutuellement bénéfique et à un engagement clair en faveur d’une baisse généralisée des droits de douane, le RCEP offrira un marché colossal avec une demande solide, ce qui pourra atténuer l’impact destructeur de la faiblesse des marchés locaux sur la capacité de production des entreprises. Plus important encore, ce poids économique offrira aux entreprises la possibilité d’une montée en gamme pour leurs produits en raison de la différenciation de la demande.

En outre, les efforts conjoints des membres du RCEP pour l’entrée en vigueur comme prévu de l’accord envoient un signal fort au monde, à savoir qu’ils s’opposent à l’unilatéralisme et au protectionnisme, et qu’ils sont partisans du libre-échange et du multilatéralisme commercial. Cela renforcera davantage leur confiance et leur détermination afin de travailler ensemble pour stimuler la reprise post-pandémique, et donnera une forte impulsion à la croissance économique régionale, voire mondiale.

Les statistiques officielles montrent qu’au cours des onze premiers mois de 2021, les échanges commerciaux de la Chine avec les autres membres du RCEP ont totalisé 10 960 milliards de yuans, représentant 31 % du total de son commerce extérieur. Après l’entrée en vigueur de l’accord, l’outillage mécanique, les produits en plastique, les machines et équipements électriques que la Chine importe, ainsi que les textiles, les bagages, les produits en plastique et d’autres produits que la Chine exporte, connaîtront une réduction des droits de douane, ce qui stimulera largement les échanges entre pays membres dans divers domaines et relancera leur développement économique.

Optimiser les chaînes d’approvisionnement régionales

Les chaînes d’approvisionnement mondiales continuent d’être soumises à des tensions en raison du protectionnisme commercial et de la pandémie, exerçant un impact négatif sur les relations commerciales internationales. Toutefois, la diminution de l’offre globale n’est pas le principal responsable de ces tensions, la cause majeure étant l’intervention excessive des gouvernements de quelques pays sur les marchés. Le chacun pour soi nuit à la continuité des échanges commerciaux et les entreprises prennent des décisions à court terme par crainte de rupture des chaînes d’approvisionnement, ce qui exacerbe à son tour leur instabilité.

Le niveau d’ouverture dans le cadre du RCEP en matière de commerce des marchandises, d’investissement dans les services et de règles est supérieur à l’engagement de la Chine dans le cadre de l’OMC. En ce qui concerne le commerce des marchandises, plus de 65 % des échanges de la Chine avec l’ASEAN, l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont en franchise de droits de douane, et d’ici une décennie, le RCEP éliminera 90 % des droits de douane entre pays membres. En matière d’investissement, les pays signataires ont adopté des listes négatives pour remplir leurs engagements relatifs à l’ouverture des secteurs autres que le secteur des services. Quant aux réglementations, en plus d’inclure le e-commerce, les marchés publics et la concurrence dans les règles commerciales, ils se sont engagés à mieux protéger les droits de propriété intellectuelle.

Le RCEP devrait devenir une plateforme importante pour optimiser et restructurer des chaînes d’approvisionnement régionales. Les règles d’origine cumulatives communes qui couvrent les quinze pays permettront aux entreprises de bénéficier de droits de douane préférentiels et de réduire les barrières non tarifaires. Avec des perspectives de développement stables, les entreprises seront en mesure d’élaborer des projets d’investissement et de production plus rationnels. En retour, l’impact négatif de l’écart entre l’offre et la demande sur les chaînes d’approvisionnement sera atténué, et les fluctuations des prix des marchandises, ralenties, de manière à former un modèle de développement coordonné plus efficace. Pour promouvoir la coopération économique et commerciale au sein du bloc commercial, les membres pourront également partager des informations sur l’offre et la demande, réduire le temps et les coûts consacrés au dédouanement, et fournir un meilleur soutien aux infrastructures logistiques.

Les membres du RCEP disposent d’avantages industriels spécifiques : certains pays sont des exportateurs de ressources énergétiques et naturelles, d’autres possèdent de fortes capacités de fabrication, et d’autres encore bénéficient d’un grand marché de consommation. Dans le cadre relativement souple du RCEP, les membres ne suivent pas un modèle d’ouverture uniforme en fonction d’un critère unique : ils veulent parvenir à un développement équilibré et de qualité en s’ouvrant de la manière qui leur convient. Portant sur les biens, les services et les investissements, le RCEP créera un environnement institutionnel plus favorable et unifié pour la coopération entre les entreprises des pays membres.

Stimuler le commerce numérique

Le commerce numérique connaît un essor significatif depuis le début de la pandémie. Le RCEP a consacré un chapitre au e-commerce, reflet du consensus sur des règles économiques et commerciales internationales et pour soutenir son développement. Tout en encourageant les activités innovantes en matière d’e-commerce, le RCEP respecte les droits de chaque partie prenante à atteindre des objectifs fixés par les politiques publiques qui sont légitimes et nécessaires, et à protéger ses intérêts fondamentaux en termes de sécurité. Les clauses d’exception sont prévues pour assurer les droits et intérêts des États membres à cet égard. Outre le chapitre sur le e-commerce électronique, les opportunités pour le développement de l’économie numérique se lisent aussi entre les lignes des chapitres consacrés aux services, aux investissements et à la propriété intellectuelle.

Afin de faciliter les échanges numériques et la numérisation des échanges, les entreprises seront soumises à des réglementations plus cohérentes qui leur permettront de rechercher, voire de créer un mode de développement plus rentable. Les expériences historiques montrent que le commerce de services se développe plus rapidement que celui de marchandises. Grâce au progrès technologique, de nouveaux secteurs de services voient le jour et changent la vie des gens de manière plus profonde. Dans le cadre du RCEP, prestataires et destinataires de services bénéficieront du développement du commerce des services.

Seul un accord libre-échange adapté au niveau de développement et aux besoins économiques et commerciaux des pays membres permet aux entités du marché de libérer leur potentiel. Le RCEP connaît déjà des améliorations et des perfectionnements depuis la conclusion des négociations. Dans un délai de six ans à compter de l’entrée en vigueur de l’accord, les pays membres s’engagent à remplacer les listes positives actuelles sur le commerce de services par des listes négatives, En outre, divers mécanismes seront mis en place pour garantir que le consensus sur l’ouverture se traduise par des actions concrètes.

Il est à noter que le RCEP n’est pas exclusif. Tous les pays ou territoires douaniers indépendants en accord avec les principes fondamentaux du RCEP et qui veulent jouir du développement en s’ouvrant au monde sont invités à demander leur adhésion en vertu des procédures requises à compter du 1er juillet 2023.


*ZHOU MI est chercheur à l’Institut du commerce international et de la coopération économique au ministère du Commerce.


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Source:La Chine au Présent