Des mesures budgétaires pour stabiliser la croissance économique

Les législateurs chinois se sont engagés à adopter des mesures budgétaires plus efficaces pour stabiliser la croissance économique en 2022, tout en limitant la dette gouvernementale dans un contexte de régulation des secteurs des finances et de l’immobilier.

Des mesures plus fortes et plus ciblées sont attendues à la suite de la Conférence centrale sur le travail économique qui s’est déroulée la semaine dernière, avec notamment des réductions supplémentaires d’impôts et de taxes, ainsi que des dépenses budgétaires plus rapides pour stimuler la construction des infrastructures.

« La poursuite de l’assouplissement de la politique macroéconomique permettra d’amortir le ralentissement économique de la Chine en 2022 », estime Andrew Fennell, le directeur senior de Fitch Ratings à Hong Kong. Selon lui, la politique budgétaire jouera un rôle de soutien et le ratio de levier macroéconomique devrait connaître une légère augmentation l’année prochaine.

Alors que la forte croissance des revenus et des dépenses moins importantes que prévues ont contribué à une surestimation des objectifs de déficit budgétaire pour cette année, Fitch prévoit que le déficit public atteindra les 6 % du PIB en 2022, bien au-dessus des niveaux d’avant la pandémie.

Le plan budgétaire annuel officiel ne sera pas publié avant la session annuelle de l’Assemblée populaire nationale, qui devrait se dérouler en mars. D’ici là, « il faut éviter les risques généralisés dans le secteur immobilier et de contagion financière », note Andrew Fennell, par le biais d’ajustements stratégiques aux réglementations macro-financières qui stabilisent la confiance du marché ainsi que les conditions de refinancement et se traduisent par une amélioration du sentiment des acheteurs immobiliers.

Wang Tao, économiste en chef pour la région Chine au sein d’UBS, a écrit dans une note de recherche, que le ratio officiel du déficit budgétaire devrait probablement se maintenir autour de 3,1 % à 3,2 %. Le nouveau quota d’obligations spéciales du gouvernement local pourrait rester stable entre 3600 milliards et 3700 milliards de yuans (entre 501 et 515 milliards d’euros) en 2022, contre 3650 milliards de yuans cette année.

D’après un communiqué publié à la suite de la conférence, les législateurs ont souligné la stabilité de la croissance comme une priorité du travail économique en 2022, ajoutant que la croissance économique affrontait une « pression triple », avec une diminution de la demande, des perturbations sur l’approvisionnement et un regain de pessimisme.

La conférence a également décidé que les investissements dans les infrastructures devaient augmenter de façon modérée.

Un porte-parole du ministère des Finances a confirmé récemment que le ministère envisageait d’allouer en avance le quota d’obligations spéciales aux gouvernements locaux, sans toutefois évoquer de montant spécifique.

« Les législateurs pourraient approuver en avance un nouveau quota d’obligations spéciales sur le premier semestre de l’année prochaine et accélérer l’utilisation de ces fonds », explique Wang Tao, qui ajoute que le taux de croissance des investissements dans les infrastructures devrait rebondir légèrement à près de 4 %, contre 1 % environ cette année.

D’après Lu Ting, économiste en chef chez Nomura, « il n’y aura pas de revirement de situation à 180 degrés dans les restrictions immobilière actuelles » et les législateurs ont maintenu une « posture ferme » de prévention résolue de nouvelles additions à la dette implicite des gouvernements locaux.

La conférence a demandé aux ministères et aux gouvernements locaux de « partager leurs responsabilités sur la stabilité de la croissance », de « déployer des mesures favorables à la croissance » et de mettre en œuvre des mesures de soutien plus tôt que prévu. Toutefois, les responsables des ministères et des gouvernements locaux pourraient se retrouver confrontés à des restrictions et des objectifs contradictoires, notamment sur des tâches comme le contrôle épidémique, précise Lu Ting.