Des représentants chinois et américains du commerce ont organisé jeudi un nouveau cycle d’entretiens qualifiés de « francs » et ont convenu de promouvoir une coopération « pragmatique » en matière de commerce et d’investissement, au moment où les tensions entre les deux plus grandes économies mondiales continuent de se dégrader suite aux mesures agressives prises récemment par Washington. 

Le ministre chinois du Commerce Wang Wentao et la secrétaire américaine au Commerce Gina Raimondo ont eu un échange de vues « franc et pragmatique » sur des questions d’intérêt mutuel pour les deux pays dans le domaine du commerce, indique un communiqué publié jeudi sur le site officiel du ministère chinois du Commerce (MOFCOM).

Les deux parties ont convenu de promouvoir une coopération pragmatique en matière de commerce et d’investissement et de gérer correctement leurs différences, tout en maintenant une communication de travail.

Il s’agissait du troisième entretien entre de hauts représentants de l’économie et du commerce des deux pays depuis l’entrée en fonction du président américain Joe Biden. Le vice-premier ministre chinois Liu He a tenu une réunion virtuelle avec la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen le 2 juin. Liu He s’est également entretenu par téléphone avec la représentante américaine au Commerce Katherine Tai le 27 mai.

La semaine dernière, un porte-parole du MOFCOM a déclaré lors d’une conférence de presse que la Chine et les États-Unis avaient repris une « communication normale » dans les domaines de l’économie et du commerce, et que les deux pays travailleraient ensemble pour résoudre les « problèmes spécifiques » de manière pratique pour les producteurs et les consommateurs.

La fréquence des discussions commerciales entre la Chine et les États-Unis signifie que les États-Unis réalisent l’importance et la nécessité de remettre les relations commerciales et économiques sur la bonne voie après les dommages causés par la guerre commerciale qui se poursuit, a noté Gao Lingyun, spécialiste des questions commerciales à l’Académie chinoise des sciences sociales à Beijing.

« Les États-Unis ne peuvent que bénéficier de liens économiques et commerciaux sains et stables avec la Chine, au lieu de leur nuire comme ils l’imaginaient », a déclaré Mme Gao jeudi au Global Times.

Malgré l’amélioration des échanges entre Beijing et Washington, des analystes soulignent que de grands obstacles subsistent, car les États-Unis continuent de déployer des mesures politiques dommageables héritées de l’administration Trump. Ces mesures ont peu de chances de disparaître dans un futur proche en raison de l’hostilité américaine de plus en plus forte envers la Chine.

Malgré la reprise des négociations commerciales, l’administration Biden a intensifié ces derniers jours les mesures de répression à l’encontre des entreprises chinoises, notamment en plaçant sur une liste noire près de 60 entreprises chinoises. Le Sénat américain a adopté mardi une loi portant sur « l’innovation et la concurrence » qui constitue une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de la Chine et pourrait entraîner des sanctions à son encontre.

Les États-Unis font également pression sur leurs alliés contre la Chine. M. Biden est arrivé au Royaume-Uni avant le sommet du G7, pour son premier voyage officiel à l’étranger depuis son entrée en fonction. Il est probable qu’il y exhortera ses alliés à accroître la pression contre la Chine.

« Parler de la Chine et essayer de s’immiscer dans ses affaires intérieures sont deux choses différentes », a souligné Mme Gao, en notant que la Chine devait faire preuve de vigilance au sujet des actions des États-Unis, tout en gardant un esprit ouvert pendant les pourparlers.

Par ailleurs, l’administration Biden a annulé un décret des années Trump portant sur l’interdiction des applications chinoises TikTok et WeChat. Un nouveau décret remplaçant l’ancien exige un examen approfondi des applications contrôlées par des « adversaires étrangers », afin de déterminer si celles-ci constituent une menace d’ordre sécuritaire pour les États-Unis. 

Cette mesure s’inscrit en réalité dans la continuité de l’hostilité de l’administration Trump envers la Chine, dans le but de sévir contre les entreprises chinoises de haute technologie en invoquant la sécurité nationale, selon des analystes.