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La technologie au service de l’archéologie

French.china.org.cn | Mis à jour le 08. 05. 2021 | Mots clés :



Les archéologues revêtent des vêtements de protection adaptés et utilisent des technologies méconnues du grand public, comme des analyseurs à fluorescence X portables ou des microscopes électroniques à balayage.

Dans les années 1980, les archéologues ont lutté contre la montre pendant plus de deux mois afin de mener à bien les fouilles des fosses sacrificielles n°1 et n°2 du site de Sanxingdui. En effet, ils devaient rivaliser avec les habitants de la région qui, parallèlement, retournaient le sol pour brûler des briques!

Sur de vieilles photos, on peut remarquer que c’était en général des femmes de l’équipe archéologique qui s’occupaient du déblaiement. Plus légères, elles étaient moins susceptibles d’écraser les reliques. On peut également observer qu’il a fallu les efforts conjugués de plusieurs personnes pour soulever la statue d’homme debout en bronze, la plus haute et la mieux préservée.

Mais la situation a bien changé pour les fouilles actuelles qui concernent la découverte de nouvelles fosses: les archéologues ne sont plus confrontés à des contraintes de temps ni à des conditions extrêmement dures, notamment grâce à l’amélioration du système d’approbation des plans liés aux fouilles archéologiques et à la protection des reliques, à l’assistance des équipements de haute technologie et aux efforts conjoints de 34 instituts de recherche.

Les experts au cœur du projet

Sur le chantier de fouilles du site de Sanxingdui, un hangar archéologique d’une superficie de 2000 m2 recouvre entièrement les six fosses sacrificielles, et celles-ci sont chacune surmontées d’une cabine de travail, dans laquelle la température et l’humidité sont parfaitement contrôlées, l’objectif étant de protéger au maximum les fragiles pièces déterrées. L’équipe de fouilles a réussi à découvrir, grâce à des équipements de haute technologie, des traces presque invisibles de résidus de tissu en soie, de riz carbonisé, d’espèces de bambous et d’arbres à larges feuilles.

« Notre objectif est de résoudre de nombreux problèmes techniques », indique Ran Honglin, responsable des fouilles et directeur du Bureau d’archéologie de Sanxingdui relevant de l’Institut provincial du patrimoine culturel et archéologique du Sichuan. En effet, le travail sur place ne se limite pas à de simples fouilles, mais consiste en un travail de laboratoire rigoureux, qui couvre l’analyse, la détection, la protection, le traitement, la recherche et la restauration des objets.

Après la découverte de la fosse sacrificielle n°3, le 3 décembre 2019, quinze consultations d’experts ont été organisées, et le Plan de fouilles archéologiques de la fosse sacrificielle de Sanxingdui, long d’une quarantaine de pages, a été rédigé par l’Institut provincial du patrimoine culturel et archéologique du Sichuan.

Cette mission archéologique s’accompagne de son lot de questions. Comment les fosses sacrificielles ont-elles été creusées? Étaient-elles destinées à l’enfouissement d’objets? Quels sacrifices ont été offerts dans ces fosses? Pour trouver de réponses, il a fallu s’atteler à des préparatifs ciblés, tels que la conception de méthodes de recherche spécifiques, des orientations technologiques et des plans d’échantillonnage.

En ce qui concerne la protection du patrimoine culturel, différents plans ont été élaborés pour s’adapter aux divers types de reliques susceptibles d’être déterrées.

« Dans le domaine de la protection des fosses sacrificielles, il est nécessaire d’éviter le farinage, la fissuration et l’effondrement des ruines », explique Xie Zhenbin, directeur du Centre de la protection du patrimoine culturel relevant de l’Institut provincial du patrimoine culturel et archéologique du Sichuan.

Chaque cabine de travail du site est composée d’un double vitrage isolant et de protection contre les UV. Ces cabines sont dotées d’un équipement de contrôle de la température et de l’humidité, qui peut maintenir la température entre 20°C et 25°C et faire en sorte que la fluctuation d’humidité ne dépasse pas 5 %.

« Les conditions de travail actuelles sont incomparables à celle du passé », fait remarquer Chen Xiandan, qui avait présidé, à l’époque, les fouilles des fosses sacrificielles n°1 et n°2 de Sanxingdui.

Une pléthore d’innovations technologiques

« L’un des résultats de cette campagne de fouilles réside dans la découverte de traces de soie », a indiqué un responsable de l’Institut provincial du patrimoine culturel et archéologique du Sichuan, lors d’une conférence de presse organisée le 20 mars par l’Administration nationale du patrimoine culturel.

Il est impossible de préserver de la soie fabriquée il y a plus de 3000 ans, du fait du climat humide de la plaine de Chengdu, alors comment a-t-on pu en trouver des résidus?

Grâce à un microscope de haute précision, Guo Jianbo, employé de l’Institut provincial du patrimoine culturel et archéologique du Sichuan, nous fait une démonstration du procédé miracle: il place soigneusement un échantillon de sol de moins de 1 mm3 sous la lentille, et la structure du produit textile apparaît immédiatement!

« Nous effectuons directement ces opérations dans le laboratoire sur le site archéologique. Aujourd’hui, la recherche archéologique n’est plus assujettie à des conditions difficiles en plein air », commente Xie Zhenbin.

Grâce à un terminal de surveillance sur smartphone ou ordinateur, les archéologues peuvent vérifier et ajuster à tout moment la température et l’humidité dans la cabine. De plus, la teneur en dioxyde de carbone et en dioxyde d’azote peut être strictement suivie et contrôlée.

« Nous avons installé une plateforme d’opération multifonctionnelle, depuis laquelle les archéologues peuvent déblayer les pièces fragiles. Elle permet aussi de les charger pour les faire sortir de la fosse, d’effectuer une analyse hyperspectrale, ainsi que de collecter des informations, par exemple sous forme de numérisation 3D et de photographie », détaille Xie Zhenbin. Ce système permet une archéologie raffinée, une protection d’urgence des reliques culturelles plus précise et opportune.

Aux coins du hangar archéologique sont alignés le laboratoire de chimie organique, le laboratoire de chimie minérale, le laboratoire d’analyse d’urgence, le laboratoire de protection d’urgence des marques microscopiques, le studio de protection des reliques culturelles et le studio de recherche archéologique.

La mystérieuse culture de Shu

Après cinq mois de fouilles, les pièces en ivoire de la fosse sacrificielle n°4 ont été totalement déterrées à la mi-mars. Les travailleurs étalaient doucement des serviettes mouillées sur ces ivoires puis les enveloppaient dans une pellicule plastique, afin d’éviter les dommages causés par la déshydratation.

Des employés de l’Institut de recherche du patrimoine archéologique de Chengdu ont participé aux fouilles, en plus des travailleurs de l’Institut provincial du patrimoine culturel et archéologique du Sichuan. Par ailleurs, de nombreux experts sont présents sur le site, entre autres Wu Shunqing, expert renommé dans le domaine de la protection du patrimoine archéologique. Rattaché au Centre de protection du patrimoine culturel de Jingzhou (Hubei), il est chargé de donner des conseils techniques sur place. Citons également Zhou Yang, chercheur au Musée national de la soie, qui est allé au préalable dans le Sichuan afin de donner aux archéologues une formation leur permettant de trouver les traces de tissu en soie, et des employés du Musée national de Chine qui se sont rendus à Guanghan pour guider la recherche et la restauration du masque d’or déterré dans la fosse sacrificielle n°5.

Lors de cette nouvelle campagne, l’Institut provincial du patrimoine culturel et archéologique du Sichuan a invité 33 établissements académiques à travers le pays à participer aux fouilles archéologiques, à la protection des reliques culturelles et aux projets de recherche. La présence d’une équipe de recherche spécialisée dans la protection contre les incendies mérite d’être mentionnée: en effet, des objets découverts dans les fosses sacrificielle n°1 et n°2 de Sanxingdui affichent des signes évidents de brûlure. Leur étude permet notamment de déterminer si les habitants de l’ancien royaume de Shu ont brûlé ces objets à l’intérieur de la fosse ou ont allumé un feu à l’extérieur de celle-ci.

Les fouilles archéologiques de Sanxingdui ne font que commencer. À quel niveau de développement se situaient le système de production agricole et le système de production artisanale de la culture Sanxingdui? Pourquoi de nombreux sacrifices somptueux étaient-ils accomplis? Y avait-il un système d’écriture dans l’ancien royaume de Shu? Toutes ces questions attendent encore une réponse.

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Source:La Chine au Présent