Les droits antidumping de l'UE sur l'aluminium chinois augmenteront les coûts pour les entreprises européennes

Une décision de l'Union européenne d'imposer des droits antidumping allant jusqu'à 48% sur les produits d'extrusion d'aluminium chinois aura un impact limité sur les exportations chinoises d'aluminium en général, mais elle augmentera les coûts de production pour les entreprises européennes en aval, ont avancé mercredi des experts et analystes chinois.

Ces commentaires ont été formulés après que l'UE a annoncé qu'elle appliquerait à compter de mercredi des droits d'importation temporaires allant de 30,4 à 48% sur les importations chinoises d'extrusion d'aluminium. Les droits seront facturés jusqu'à ce qu'une enquête se termine en avril de l'année prochaine.

La Commission européenne a pris cette décision en réponse à une plainte de l'organe industriel European Aluminium, qui compte parmi ses membres Norsk Hydro et Rio Tinto. La commission avait ouvert une enquête en février.

Liu Lingan, un analyste de l'industrie, a avancé que les tarifs de l'UE auraient un impact « faible » sur les exportations chinoises de produits d'aluminium en général, car la plupart de la nouvelle demande de cette année provient d'Asie du Sud-Est, d'Amérique du Sud et d'Afrique.

Les exportations chinoises d'aluminium ont ces dernières années fait l'objet de droits antidumping aux États-Unis, au Canada, en Australie et au Vietnam.

Selon le site industriel Shanghai Metals Market, les 27 pays qui composent l’UE ont représenté environ 13% des exportations d'extrusion d'aluminium de la Chine en 2019, soit juste un peu plus que la part de 12% que représente le Vietnam.

En 2019, les exportations chinoises d'extrusions d'aluminium, utilisées dans des domaines allant de la construction aux véhicules, se sont élevées à 1,04 million de tonnes, et ces exportations n’ont représenté qu'environ 10% de la production totale.

Cependant, M. Liu a affirmé qu'un tarif de 40% anéantirait effectivement la compétitivité du marché pour les exportateurs chinois se concentrant sur l'UE, les obligeant à se tourner ailleurs ou vers le marché intérieur.

Chen Xin, chercheur à l'Institut d'études européennes de l'Académie chinoise des sciences sociales, a déclaré mercredi au Global Times que des frictions commerciales étaient inévitables entre la Chine et l'UE, deux énormes économies ayant enregistré un volume commercial bilatéral de plus de 560 milliards d'euros (657 milliards de dollars) en 2019.

« À moins que la valeur impliquée [dans l'enquête] ne soit très importante ou que l'enquête soit basée sur des arrière-pensées, elle devrait être acceptée telle quelle », a avancé M. Chen.

Tout en espérant que le différend pourra être résolu dans un esprit de coopération, M. Chen a affirmé que les tarifs augmenteraient les coûts pour les entreprises de l'UE qui utilisent de tels produits.

Les exportations chinoises d'aluminium vers l'UE ont doublé par rapport à il y a quatre ans, selon European Aluminium.

L'Association chinoise de l'industrie des métaux non ferreux a allégué dans un communiqué en février qu'il n'y avait aucun préjudice causé aux producteurs de l'UE et aucun dumping de la part des exportateurs chinois. « Les producteurs d'extrusion d'aluminium de l'UE ne devraient pas blâmer les exportateurs chinois pour leurs opérations inadéquates. »

Press Metal International, entreprise basée au Guangdong affectée par les tarifs et l'enquête de l'UE, a refusé de commenter l’affaire.

Les actions de Guangdong Haomei New Materials Co, entreprise cotée à Shenzhen qui vend à l'UE, à l'Afrique et à l'Asie du Sud-Est, ont chuté de 1,76% mercredi.

Dans son rapport intermédiaire publié en août, Haomei a déclaré avoir exporté pour 733,49 millions de yuans (108,79 millions de dollars) de produits en 2019, ce qui a généré 24,73% de son bénéfice d'exploitation.

La société a noté que certains pays développés commençaient à se pencher vers des politiques antidumping dans un contexte, selon elle, de tendance croissante au protectionnisme commercial. Elle a ajouté qu'elle augmenterait son expansion dans les pays et les régions riverains de l'initiative de « La Ceinture et la Route » ainsi que sur le marché intérieur pour compenser l'impact négatif de cette tendance.