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Le rôle clé de la politique budgétaire

French.china.org.cn | Mis à jour le 10. 12. 2019 | Mots clés : politique budgétaire,Conférence centrale sur le travail économique


La Chine pourrait mettre en œuvre une politique budgétaire plus expansionniste coordonnée avec une politique monétaire prudente, afin de contrer les risques économiques et de s’assurer que la croissance du PIB reste stable autour de 6 % en 2020. C’est le point qui a été exprimé par des experts avant l’ouverture de la Conférence centrale sur le travail économique, qui doit s’ouvrir ce mardi.

L’orientation politique fondamentale a été clarifiée vendredi dernier par le Bureau politique du Comité central du Parti communiste de Chine (PCC). D’après les spécialistes, la politique budgétaire jouera un rôle majeur dans la stabilisation de la croissance, qui constitue la tâche fondamentale pour les autorités.

La campagne nationale sans précédent de réduction des impôts et des taxes pour alléger les charges pesant sur les entreprises et stimuler leurs profits se poursuivra en 2020 et pourrait même être renforcée, ont fait savoir au cours du week-end dernier des conseillers politiques proches du ministère des Finances. Ces derniers s’accordent sur le fait que, face au risque de ralentissement économique et aux incertitudes externes, le plan de réductions fiscales pour l’année prochaine pourrait être porté à 3000 milliards de yuans (385 milliards d’euros), contre 2000 milliards l’année dernière.

Toutefois, certains responsables des autorités fiscales ont indiqué il y a quelques semaines que les réductions fiscales avaient engendré des contraintes, du fait de la pression croissante provoquée par le ralentissement des revenus fiscaux.

« Afin de réduire les coûts opérationnels des entreprises et d’améliorer l’environnement des affaires, la possibilité de réduire encore davantage les taxes et les impôts en 2020 est en cours de discussion », a souligné Wang Zecai, un chercheur de l’Académie des sciences fiscales de Chine (ASFC) affiliée au ministère des Finances.

Qiao Baoyun, le doyen de la Faculté de finance et de politique publique de Chine à l’Université centrale de finance et d’économie, estime que les objectifs de réductions fiscales pour 2020 dépasseront le niveau historique de 2019.

Les taux de TVA peuvent encore être réduits pour faire diminuer les coûts et augmenter les profits des entreprises industrielles et de production manufacturière. Les discussions vont également se poursuivre sur la réduction du taux de cotisation que les entreprises doivent payer pour la sécurité sociale de leurs employés, ajoute Wang Zecai.

Un autre sujet majeur est de savoir si le gouvernement relèvera le taux de déficit budgétaire toléré. Les officiels et les spécialistes sont parvenus à un large consensus en amont de la rencontre économique de haut niveau, selon lequel le ratio du déficit budgétaire du gouvernement par rapport au PIB pourrait être relevé à 3 % − par rapport aux 2,8 % de 2019 − permettant au gouvernement de dépenser plus sur les projets de construction infrastructurelle.

L’endettement des gouvernements locaux pour augmenter leurs capacités d’investissement infrastructurel par le biais d’obligations spéciales devrait probablement atteindre 3,5 % à 4 % du PIB, observe Qiao Baoyun. Même si les obligations spéciales ne sont pas prises en compte dans le déficit budgétaire du gouvernement, une émission trop importante de ces obligations engendrerait l’augmentation de l’écart entre les revenus et les dépenses des gouvernements locaux. C’est la raison pour laquelle les législateurs doivent être prudents en ce qui concerne le relèvement du plafond de la dette, explique-t-il.

Les experts prévoient que le quota de nouvelles obligations spéciales sera augmenté jusqu’à 3000 milliards de yuans l’année prochaine, contre 2150 milliards en 2019. Ces fonds seront injectés dans les infrastructures, comme les transports ferroviaires, les aéroports et les projets liés à l’agriculture. Ils pourront être utilisés à hauteur de 30 % comme capital de base d’un projet, permettant aux gouvernements locaux d’obtenir plus facilement des crédits bancaires et des fonds privés.

En ce qui concerne la politique monétaire à moyen et long terme, la Banque centrale chinoise reste sous pression pour faire baisser les taux d’intérêts, mais cet assouplissement pourrait être réalisé progressivement et étape par étape, note Zhu Haibin, économiste en chef pour la Chine chez JPMorgan. D’après lui, un déclin rapide des taux d’intérêt risquerait d’encourager la dette des entreprises et des gouvernements locaux, ce qui affaiblirait l’efficacité des réformes structurelles.

Le taux de référence à un an des prêts bancaires (LPR pour loan prime rate) − un taux d’intérêt réformé récemment révélant le coût réel d’un emprunt − baissera probablement à nouveau de 0,1 point de pourcentage sur le deuxième semestre de l’année prochaine, prédit Zhu Haibin. Le nouveau LPR se situait à 4,15 % le 20 novembre, enregistrant une baisse par rapport aux 4,2 % du mois précédent, rapporte la Banque centrale.

Zhu Haibin pense que la politique monétaire doit être gérée de façon prudente, afin de « prévenir et résoudre les risques majeurs », l’une des trois tâches cruciales du gouvernement en 2020 soulignée vendredi dernier lors de la réunion du Bureau politique du PCC. Les deux autres tâches mises en avant sont la réduction de la pauvreté et la lutte contre la pollution.

Dans un article publié au début du mois de décembre, le gouverneur de la Banque centrale de Chine, Yi Gang, a donné l’orientation principale de la politique monétaire pour 2020. Selon lui, celle-ci doit maintenir son utilisation des outils monétaires conventionnels et les taux d’intérêt inférieurs à zéro ou les assouplissements quantitatifs ne seront pas considérés. La priorité de la politique monétaire est désormais le maintien de la stabilité des prix.

« Le confort croissant de Beijing avec le ralentissement de la croissance combiné à la résilience du marché du travail suggère que l’objectif des stimulus additionnels sera probablement de gérer le rythme du ralentissement plutôt que de l’inverser », analyse Louis Kuijs, le directeur du secteur Asie pour le cabinet-conseil Oxford Economics.

Les politiques macroéconomiques doivent être coordonnées pour faire avancer les réformes économiques, remarque pour sa part Shen Jianguang, économiste en chef et vice-président du groupe chinois de fintech JD Digits. 

D’après lui, « il y a un compromis entre une croissance stable à court terme et la promotion de la réforme à long terme, mais l’objectif principal est d’améliorer l’ouverture ».


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Source:french.china.org.cn