Lors du Sommet des BRICS 2019 qui s’est déroulé du 13 au 14 novembre à Brasilia, la capitale du Brésil, le président chinois Xi Jinping a rencontré les dirigeants des autres pays des BRICS et prôné un partenariat dans la nouvelle révolution industrielle. 

Malgré leurs différences, les membres des BRICS partagent des intérêts communs et font face à des défis communs, soulignent les spécialistes.

Mercredi, Xi Jinping a appelé les milieux des affaires à participer activement à la coopération économique au sein des BRICS et à la promouvoir, afin d’apporter une contribution tangible à la croissance économique et à la création d’emplois.

Le président chinois a fait cette remarque lors de la cérémonie de clôture du Forum des entreprises des BRICS, à laquelle le président brésilien Jair Bolsonaro, le président russe Vladimir Poutine, le Premier ministre indien Narendra Modi et le président sud-africain Cyril Ramaphosa étaient également présents.

Mercredi, Xi Jinping a rencontré respectivement Vladimir Poutine, Narendra Modi et Jair Bolsonaro au cours de réunions bilatérales. 

« Nous restons engagés en faveur du multilatéralisme et de la coopération entre Etats souverains pour maintenir la paix et la sécurité, faire progresser le développement durable et assurer la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, mais aussi bâtir un avenir partagé radieux pour la communauté internationale », indique une déclaration conjointe publiée à l’occasion de ce sommet. 

Certains rapports et commentaires des médias occidentaux remettent en cause l’unité des BRICS, car des différences subsistent entre ses membres, comme la position de l’Inde sur le Partenariat économique régional global (RCEP). Toutefois, les experts chinois affirment que les différences ne l’emportent pas sur les intérêts partagés.

« En tant qu’économies émergentes, [les BRICS] subissent chacune une certaine pression de la part des économies développées, incluant le protectionnisme, l’unilatéralisme et l’hégémonie, ainsi qu’une mondialisation inversée. Ces défis pourraient avoir un impact direct sur leur développement, voire leur survie », explique Li Haidong, un professeur de l’Institut des relations internationales de l’Université des affaires étrangères de Chine.

Selon lui, la base commune des BRICS est réelle et ceux-ci désirent réformer ou promouvoir l’ordre international actuel dominé et conçue par les pays développés occidentaux : « Cela rend également nécessaire pour eux de coopérer et de renforcer leur partenariat », juge-t-il.

Afin de promouvoir la coopération et de renforcer l’unité, les membres des BRICS doivent encore réaliser des efforts conjoints, souligne pour sa part Zhang Jiadong, le directeur adjoint du Centre d’études américaines de l’Université Fudan à Shanghai.

Les performances économiques des BRICS ne sont pas très idéales, estime-t-il : « La Chine et l’Inde sont les deux seuls pays, qui parviennent à maintenir une certaine croissance économique. S’ils viennent à manquer de puissance économique, leur capacité à faire avancer la coopération sera restreinte. » 

Une nouvelle révolution industrielle

Le partenariat des BRICS dans la nouvelle révolution industrielle est vitale à la coopération économique des BRICS dans la prochaine étape, a précisé Xi Jinping dans son discours. Le président chinois a appelé le secteur des affaires à intégrer la coopération entrepreneuriale avec le partenariat des BRICS dans la nouvelle révolution industrielle, ainsi qu’à recueillir de meilleurs résultats dans des domaines comme l’innovation, l’économie numérique et l’économie verte, afin de promouvoir le développement de haute qualité des économies des BRICS.

D’après Li Haidong, cette initiative pourrait être bien acceptée par les BRICS, car si les économies émergentes ne parviennent pas à prendre la tête dans la prochaine révolution industrielle, elles seront isolées et de nouveau distancées par les économies développées. Le prochain cycle de révolution industrielle est donc leur meilleure chance.

« En se basant sur ce que les Etats-Unis font à la Chine dans le domaine des sciences et technologies, il n’est pas difficile de voir que la coopération scientifique et technique avec les pays développés occidentaux est très risquée et peu fiable dans certains cas. Les puissances montantes ou les économies émergentes doivent renforcer la coopération entre elles », analyse-t-il. 

Etablir des mécanismes

Lors de sa rencontre avec le président Poutine, Xi Jinping a expliqué que les deux parties devaient continuer à réaliser des efforts conjoints, garder en tête le développement et les changements dans la situation internationale, et réaliser des innovations répondant aux besoins du développement de chaque pays ainsi qu’à la coopération bilatérale.

Notant les changements complexes et profonds dans la situation internationale actuelle, mais aussi l’instabilité et l’incertitude croissantes, Xi Jinping a appelé la Chine et la Russie à établir une coordination stratégique plus étroite, afin de maintenir les normes de base gouvernant les relations internationales, de s’opposer à l’unilatéralisme, aux persécutions et aux interférences dans les affaires des pays tiers, de préserver leur souveraineté et leur sécurité respectives, et de créer conjointement un environnement international équitable et juste.

Vladimir Poutine a indiqué que les relations sino-russes étaient solides et stables, qu’elles n’étaient pas affectées par des facteurs externes et qu’elles bénéficiaient d’une dynamique de développement saine, ainsi que de larges perspectives.

La Russie, qui assumera l’année prochaine la présidence tournante des BRICS, travaillera étroitement avec la Chine pour renforcer l’influence du mécanisme de coopération des BRICS, a fait savoir le président russe, ajoutant que la Russie était prête à renforcer la coopération avec la Chine dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), notamment en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme.

Zhang Jiadong précise néanmoins que les BRICS ne sont pas une organisation internationale. Si les cinq membres veulent rendre leur coopération plus efficace et plus influente, un mécanisme développé doit être établi pour unifier leurs positions et leurs objectifs communs.

Etablir un objectif commun

Mercredi, Xi Jinping a rencontré le Premier ministre indien Narendra Modi, indiquant qu’il était prêt à maintenir avec lui une communication étroite, afin de guider un développement meilleur et plus stable des relations sino-indiennes.

Le président chinois a souligné que la Chine accueillait de plus en plus de produits indiens de haute qualité, et appelé les deux pays à développer le commerce et l’investissement, ainsi qu’à créer de nouveaux points de croissance pour la coopération dans la productivité, la médecine, les technologies de l’information, les infrastructures et d’autres domaines.

Rappelant sa précédente rencontre avec le président chinois à Wuhan (Chine) l’année dernière et à Chennai (Inde) le mois dernier, Narendra Modi a déclaré que la confiance et l’amitié entre eux avaient été renforcées et qu’un grand nombre de consensus importants sur lesquels ils s’étaient accordés avaient été mis en œuvre.

L’Inde a félicité la Chine pour le succès de sa 2e Exposition internationale de l’importation de Chine (CIIE), insistant que son pays était prêt à développer constamment les échanges commerciaux et les investissements avec la Chine, ainsi qu’à renforcer leur coopération en particulier dans le domaine de l’énergie.

« Même si l’Inde a quelques différences avec la Chine, les deux pays ont le point commun de stimuler le commerce et de maintenir l’ordre mondial soutenant le libre-échange. Les deux parties ont toujours des attentes plus grandes l’une de l’autre », note Li Haidong.