Bien que les consultations commerciales sino-américaines s’orientent dans la bonne direction, l’incertitude persiste pour Huawei, des politiciens américains ayant de nouveau durci leur discours contre la société chinoise de haute technologie.

Cinq mois après que les Etats-Unis l'aient placée sur une liste noire pour des raisons de sécurité, Huawei, le plus grand fournisseur mondial d'équipements de télécommunication, s'est efforcé de se développer hors de Chine, en particulier sur les principaux marchés de la 5G.

Alors que la Chine et les Etats-Unis ont réalisé des progrès substantiels lors du dernier cycle de négociations commerciales, qui ont également amélioré le sentiment du marché, des incertitudes persistent néanmoins sur des questions spécifiques telles que Huawei – un atout majeur dans la guerre commerciale – en particulier parce que des responsables à Washington restent sur leur position à l’encontre de la société de technologie chinoise.

Mike Pence, vice-président des Etats-Unis, a ainsi déclaré lors d'un événement au Wilson Center à l'hôtel Conrad, à Washington, que pour protéger les droits de propriété intellectuelle et la vie privée des citoyens américains ainsi que la sécurité nationale des Etats-Unis, le gouvernement avait pris des mesures pour mettre un frein aux « comportements illégaux » de sociétés chinoises comme Huawei et ZTE. M. Pence a également exhorté les alliés des Etats-Unis à créer des réseaux 5G sécurisés qui « ne donnent pas non plus à Beijing le contrôle de nos infrastructures et données les plus sensibles ». 

Après que le président de Microsoft, Brad Smith, ait pris la parole pour défendre la société Huawei dans un entretien avec Bloomberg Business Week en affirmant que l'administration Trump l'avait traitée de manière injuste, des sénateurs américains, notamment Marco Rubio et Tom Cotton, ont envoyé une lettre à M. Smith plus tôt ce mois-ci sur de prétendues preuves d'une menace que la firme chinoise fait peser sur la sécurité nationale.

L'année 2019 est largement considérée comme une année difficile pour Huawei, le plus grand fournisseur de réseaux 5G au monde. De plus en plus de pays ont néanmoins commencé à rejeter les appels des Etats-Unis, notamment en Europe, son deuxième marché en dehors de la Chine.

Après que l'Allemagne ait résisté aux pressions de Washington et envisagé de permettre à Huawei de construire des réseaux 5G, le Royaume-Uni est devenu la nouvelle puissance majeure en Europe susceptible d'intégrer Huawei. Le premier ministre britannique Boris Johnson se prépare à accorder l'accès au futur réseau de télécommunication 5G du Royaume-Uni, ont annoncé les médias ce week-end. Le plan du Royaume-Uni serait « incroyablement bénéfique » pour Huawei après une année difficile en raison des mesures répressives américaines, ce qui enverrait un signal clair aux autres pays qui entretiennent une attitude attentiste à l’égard de Huawei dans un contexte de turbulences politiques, a déclaré un analyste basé à Londres qui a préféré ne pas être nommé. 

Par rapport au début de l’année, lorsque Mike Pompeo, secrétaire d’État américain, avait fait pression sur l’Europe et mis en garde les pays européens contre les équipements de Huawei, la société chinoise a surmonté les difficultés et regagné la confiance en proposant des technologies 5G non alternatives.

Aujourd'hui, les principaux revenus de Huawei proviennent de Chine et d'Europe, deux marchés clés de la 5G. La société a remporté plus de 60 contrats dans le monde, dont environ la moitié en Europe.

Lors d'un récent événement organisé dans le secteur des télécommunications en Suisse, les technologies 5G de Huawei ont été saluées par des opérateurs étrangers comme le Suisse Sunrise, l’Espagnol Telefonica et le Britannique Vodafone. Pour exploiter des scénarios plus innovants de mise en place des technologies 5G, Huawei a également lancé des centres d'innovation dans des pays comme la Suisse et l'Italie, reflétant ainsi son engagement à long terme sur le marché européen.

« S'ils avaient trouvé des solutions de rechange aux produits de Huawei, ils l'auraient déjà fait », a déclaré lundi Jiang Junmu, ancien observateur du secteur sur le site Web d’information dans le secteur des télécommunications, c114.com.cn, au Global Times.

Après l'évaluation des risques des réseaux 5G à l'échelle européenne, qui ne visait pas spécifiquement Huawei, les pays pourraient clairement montrer leur ouverture aux produits de la société chinoise en tenant compte de leurs propres intérêts, a noté M. Jiang.

Echec de l’interdiction 

Le 9 octobre, l'Union européenne a publié un rapport d'évaluation des risques liés à la 5G, qui ne ciblait pas spécifiquement Huawei, en termes de vulnérabilités des réseaux. Les analystes estiment que le rapport donne des instructions supplémentaires aux Etats membres en ce qui concerne le choix des fournisseurs pour le déploiement de leurs réseaux 5G.

« Huawei fournit des kits de réseau d'accès aux réseaux fixes et mobiles européens depuis plus de 15 ans. S'il y avait eu des accès illicites, ils auraient déjà été découverts », a déclaré Kevin Curran, professeur à l'Université d'Ulster.

L'Allemagne, en tant que force majeure au sein de l'UE, jouera un rôle positif dans l’attitude des autres pays européens à l’égard de Huawei dans l’établissement de leurs réseaux 5G. D'autres pays européens comme la France, l'Italie et l'Espagne n'empêcheront probablement pas la société chinoise d’installer des réseaux 5G à l'avenir, ont déclaré des analystes.