Les investisseurs étrangers gardent confiance dans le marché chinois

En dépit de la guerre commerciale sans merci que les États-Unis mènent contre la Chine, les IDE en Chine ont augmenté de 7,3 % en glissement annuel sur la période de janvier à juillet 2019, atteignant 533,14 milliards de yuans (78,8 milliards de dollars), a annoncé le 13 août dernier le ministère chinois du Commerce.

Grâce aux engagements pris par la Chine en faveur d’une plus grande ouverture, les investissements directs étrangers (IDE), critère-clé dans l’évaluation du potentiel commercial d’un pays, ont observé en Chine au cours des sept premiers mois de l’année une augmentation constante, en quantité et en qualité.

Généralement, lorsque les États-Unis imposent des sanctions commerciales à un pays, on observe une fuite des IDE, les investisseurs craignant un effondrement économique ou une récession dans le pays touché par les sanctions.

Or, dans le cas de la guerre commerciale Chine-États-Unis, on n’observe pas de tel phénomène.

Au contraire, c’est le phénomène inverse qui s’est produit, fait unique et sans précédent. Les investisseurs étrangers ont maintenu, voire augmenté, leurs investissements en Chine. Ils ont même fait de nouveaux investissements. Plusieurs raisons permettent d’expliquer cette confiance dans l’économie chinoise.

La politique menée par la Chine pour répondre aux provocations américaines

La Chine oppose aux provocations américaines une politique sereine. Lorsque le président Trump a imposé des droits de douane sur les produits chinois, la Chine n'a pas pour autant rétorqué en imposant des droits de douane aussi élevés sur les marchandises américaines. La valeur des droits de douane imposés par la Chine aux États-Unis est en réalité beaucoup plus faible.

La Chine a toujours recherché le dialogue et les négociations pour résoudre son différend commercial avec les États-Unis. La partie américaine, pour sa part, a toujours soutenu que la Chine devait au préalable accepter tous ses termes et toutes ses requêtes. En outre, les États-Unis ont augmenté les droits de douane imposés à la Chine, rendant les négociations déséquilibrées, négociations qui apparaissent plutôt comme des conditions que la Chine a donc rejetées puisqu’elles portent atteinte à la souveraineté de la décision chinoise, ainsi qu’aux intérêts du peuple chinois.

Le gouvernement chinois traite les entreprises chinoises et les entreprises étrangères, y compris les entreprises américaines, sur un pied d’égalité et n’a jamais eu recours à des mesures punitives ou de rétorsion contre aucune entreprise étrangère. Au contraire, la Chine a toujours mené des politiques incitatives pour ces entreprises.

La Chine a pris d’importantes mesures pour ouvrir son marché à l’importation des biens étrangers, dont l’organisation de l’exposition internationale d’importation de la Chine 2018 (CIIE). Elle a également établi une nouvelle Loi sur les investissements étrangers afin de répondre aux besoins de l’ouverture tous azimuts et de fournir autant d’opportunités aux investisseurs étrangers qu’aux investisseurs chinois.

La Chine a augmenté son soutien aux investisseurs en abaissant les taxes, en proposant des prêts à taux réduit et en améliorant son environnement commercial. Dans son rapport 2019 sur l’environnement commercial, la Banque mondiale a indiqué que la Chine avait progressé de la 78e place à la 46e place entre 2018 et 2019, ce qui représente un progrès remarquable en termes d’amélioration de son environnement des affaires.

En outre, la Chine a ouvert de nouveaux secteurs aux investissements étrangers et a simplifié et facilité les procédures administratives. Elle a également créé des tribunaux spécialisés en propriété intellectuelle pour arbitrer rapidement les différends à ce sujet.

Les États-Unis donnent l’image d’un pays qui assoit sa puissance sur l’exploitation des autres pays

Du côté américain, le président Trump s’est avéré incapable d’ouvrir de nouveaux marchés pour ses marchandises. Au contraire, sa politique de guerre commerciale a entraîné de lourdes pertes pour les producteurs américains, en particulier pour le secteur agricole et de l’élevage porcin. Au lieu de trouver une demande réelle pour ces produits, le président américain s’est contenté d’offrir une compensation aux agriculteurs.

En outre, Donald Trump a déclaré la guerre aux entreprises chinoises, en particulier aux entreprises de technologie, comme Huawei, faisant naître chez les investisseurs étrangers présents aux États-Unis la crainte de se voir un jour infliger le même traitement injuste. Les entreprises américaines qui ont soutenu le président Trump dans sa guerre commerciale ont pu constater qu’elles n’en avaient tiré aucun profit. Au contraire, elles ont subi des pertes, c’est notamment le cas de Google et d’Apple. L’entreprise Apple est tombée au quatrième rang mondial en termes de volume de ventes, alors que dans le passé, elle se classait au premier rang mondial.

En ce qui concerne la croissance américaine, les derniers chiffres indiquent que le taux de croissance est tombé de 3,1 % au premier trimestre à 2,1 % au second trimestre, et que l’économie américaine a de grandes chances d’entrer dans une période de récession ou d’inflation. Cela aurait des conséquences négatives sur l’emploi.

Le président Trump se sert de slogans tels que « America First » (l’Amérique d’abord) et « Make America Great Again » (restaurer la puissance des États-Unis), ainsi que de slogans populistes pour provoquer le peuple américain et le rassembler autour de la politique hostile qu’il mène à l’égard d’autres pays, et qui consiste à chercher constamment à affaiblir et à exploiter ces derniers afin de réaffirmer la puissance américaine. Personne ne bénéficiera d’une telle politique.

Pourquoi les investisseurs choisissent la Chine?

Curieusement, alors que le président américain a déclaré la guerre aux entreprises de technologie chinoises, la plus grande partie des futurs investissements étrangers en Chine reste orientée vers le secteur des technologies, soit plus de 60 %. C’est bien la preuve que les entreprises étrangères considèrent la Chine comme une future grande puissance technologique de rang mondial.

Ainsi, ce qui attire la confiance des investisseurs, ce n’est pas la capacité d’un pays à mener des guerres commerciales ou à remporter des accords ça et là, mais plutôt sa capacité à mener une politique commerciale cohérente et clairement définie. Et cela nécessite de bonnes relations internationales et un environnement des affaires équitable qui permette aux entreprises de trouver des marchés et d’atteindre facilement leurs objectifs.

Aujourd’hui, pour les investisseurs, le constat est simple : d’un côté, la Chine propose l’initiative « la Ceinture et la route » dont l’objectif est de connecter différentes régions du monde, leurs marchés et leurs économies ; d’un autre côté, le président américain mène une politique unilatéraliste qui a pour but de diviser le monde et de déstabiliser les marchés mondiaux et les institutions internationales. Dans un tel contexte, il n'est pas étonnant que les investisseurs se tournent vers la Chine.

*HISHAM ABU BAKR METWALLY est premier chercheur en économie au ministère égyptien de l’Industrie et du Commerce extérieur.