Des « proches pauvres » qui s'enrichissent

Qin Dali, bénéficiaire de l’assistance proposée par le site touristique (PHOTO : HAN XINHAO)

De la pauvreté extrême aux besoins élémentaires garantis

Qin Dali et sa famille vivaient dans des conditions misérables au village d’Anningchang, notamment parce que lui et sa femme ne pouvaient pas effectuer de travaux trop pénibles pour des raisons de santé. En vue de gagner leur pain quotidien, ils se levaient souvent à 3 h du matin, puis descendaient de la montagne à la lumière d’une torche et d’une lampe de poche pour aller vendre leurs légumes et fruits au chef-lieu.

Ces dernières années, Qin Dali a décroché un travail sur le site touristique de Jiuchongtian. En complément du salaire mensuel qu’il perçoit, il tire des revenus de la vente de ses divers produits (légumes, volaille, miel, etc.). Chaque année, il engrange un total de 40000 yuans. « Nous n’avons pas de gros frais dans les zones montagnardes, donc avec cet argent, nous avons largement de quoi nous nourrir et nous vêtir », souligne M. Qin. Il a même entrepris des rénovations dans son domicile l’année dernière, nous confie-t-il. Aujourd’hui, il envisage de demander à son fils, qui travaille actuellement en ville, de venir gérer la gargote avec lui, en famille.

Évoquant les changements apportés par le développement du site, qui ont transformé aussi bien le village que sa vie personnelle, M. Qin, les yeux humides, a raconté: « Si M. Chen n’avait pas développé le réseau routier et le tourisme, nous serions toujours dans de beaux draps! » Comme il nous l’a indiqué, le village est situé à 25 km de distance du chef-lieu du district. Avant il lui fallait marcher sept à huit heures pour s’y rendre, alors qu’aujourd’hui, grâce à la navette gratuite desservant le site, une demi-heure de route suffit.

Une entraide entre entreprises et villages

À partir de 2015, le district de Fengdu a lancé l’activité «10000 entreprises aident 10000 villages ». En combinant les points forts des entreprises (capitaux, technologies et personnel qualifié) et les avantages des villages (écologie, sols et main-d’œuvre), sans oublier les politiques nationales en matière de lutte contre la pauvreté, les deux entités pourront réaliser un développement mutuellement bénéfique. En 2015, environ 30 firmes privées ont pris part à cette activité; en 2019, elles étaient au nombre de 192. Les entreprises privées sont donc devenues une force majeure pour vaincre à plate couture la pauvreté à Fengdu.

Chen Guohai et son site touristique de Jiuchongtian, figuraient sur la liste de ces 192 entreprises. Les villageois ont en effet pu transférer leur droit d’exploitation des terres cultivables et forestières à l’entreprise de Chen Guohai, et ainsi devenir des actionnaires. Au cours des quatre premières années, les villageois perçoivent en loyer 400 yuans par mu de terre cultivable et 100 yuans par mu de terre forestière (1 mu = 1/15 ha); puis, à partir de la 5e année, ils pourront encaisser un dividende équivalent à 20 % des recettes résultant de la vente des billets du site touristique.

Aujourd’hui, l’entreprise de Chen Guohai garantit surtout des emplois stables aux habitants locaux. Dans chaque famille, au moins une personne est employée par cette firme! Par ailleurs, d’autres villageois, en fonction des besoins saisonniers et de la demande en main-d’œuvre, peuvent à tout moment venir au site pour y effectuer des missions temporaires, en échange d’une rémunération comprise entre 60 et 80 yuans par jour. Une façon efficace d’utiliser à bon escient le surplus de main-d’œuvre rurale dans les deux villages.

« Auparavant, les personnes habitant sur le site disaient pour plaisanter qu’ils étaient mes ‘‘proches pauvres’’, mais désormais, il convient de rayer le mot ‘‘pauvre’’ », confie Chen Guohai. À l’origine, ce qui a poussé Chen Guohai à venir investir ici, c’est la simplicité, la gentillesse, la ténacité et l’humanité de ces villageois. De nos jours, il considère chaque habitant pauvre comme un « proche » d’une certaine manière. Et la coopération entreprises-villages menée depuis deux ans a encore affermi ce sentiment.

À l’avenir, Chen Guohai projette d’élargir le site et d’enrichir l’offre touristique, espérant faire revenir ces jeunes partis travailler dans les villes. Ce sera pour eux l’occasion rêvée de concilier vie professionnelle et vie familiale. « La famille serait véritablement la famille, si les parents pouvaient s’occuper à la fois des grands-parents et des enfants. » Aider les habitants locaux à mener une vie de plus en plus aisée: tel est le plus grand désir de Chen Guohai.