La Chine et les États-Unis ont confirmé que les consultations commerciales de haut niveau entre les deux pays reprendraient mardi à Shanghai. Le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer, et le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, dirigeront à nouveau une délégation pour rencontrer l'équipe chinoise dirigée par le vice-Premier ministre Liu He.

Les deux pays devront faire face à des négociations ardues compte tenu de leurs énormes différences de positions. La Chine demande des négociations sur un pied d’égalité et une résolution concrète des problèmes commerciaux entre la Chine et les États-Unis, et espère que cette solution profitera aux deux parties. Les États-Unis, cependant, continuent à vouloir utiliser des moyens de pression, dont les droits de douane, pour maximiser les concessions de la Chine, faisant de ces négociations un processus unilatéral.

Pour la Chine, un accord commercial devrait être associé aux mesures du pays pour élargir son ouverture. Des pressions extérieures peuvent inciter la Chine à promouvoir des mesures d'ouverture, mais elles ne doivent pas saboter le système économique chinois. Après plus de 40 ans de réforme et d'ouverture, la Chine comprend profondément l'importance d'un ajustement ordonné et d'un processus contrôlable, et ne laissera donc pas des pays étrangers diriger son développement.

Certains décideurs politiques américains ont tenté de transformer la Chine par la force. Ils espèrent forcer la Chine à changer de voie et « vaincre » la Chine grâce à la guerre commerciale.

La Maison Blanche se concentre peut-être davantage sur le commerce et l'économie, mais comme le montre une lettre ouverte signée récemment par 130 responsables militaires et anciens responsables des services de renseignement américains, les « faucons » américains font tout ce qui est en leur pouvoir pour influer sur la position américaine vis-à-vis de la Chine.

La guerre commerciale a fortement renforcé l'opposition entre les sociétés chinoise et américaine. Les deux parties estiment que les liens bilatéraux ont été affectés et qu'un retour à la précédente stabilité relative semble impossible. Il est ainsi largement admis que les négociations commerciales prendront beaucoup de temps.

Il revient maintenant à Washington de prendre l'initiative dans les négociations commerciales. Puisque faire pression n'a pas abouti à un accord, les États-Unis devraient se rendre compte que seul un état d'esprit gagnant-gagnant pourra conduire à un accord.

Les États-Unis doivent réellement mettre en œuvre le consensus atteint par les deux dirigeants lors du sommet d'Osaka, faisant de discussions sur un pied d’égalité le moyen de sortir de l'impasse.

Washington devrait être conscient du fait que la guerre commerciale pourrait ne pas conduire à une restructuration de ses relations commerciales avec Beijing, mais qu’elle pourrait entraîner les États-Unis dans une bataille longue et coûteuse avec un gain politique limité.

Peut-on parvenir à un accord commercial avant la campagne électorale de la présidentielle américaine de 2020? Ce calendrier était clairement à l’esprit de la Maison Blanche. Cependant, alors que la défense stratégique contre l’un et l’autre s’est considérablement développée entre les deux pays, les frictions entre Beijing et Washington – qui vont de Taïwan à la mer de Chine méridionale en passant par les droits de l’Homme – sont de plus en plus difficiles à contrôler. Les attentes et plans initiaux des deux parties sont ainsi devenus incertains.

Si Washington continue à faire pression sur la Chine, il se peut que l'on ne parvienne pas à un accord acceptable pour les deux parties.

Les États-Unis ne doivent pas penser que l'initiative leur revient et qu’ils pourront parvenir à un accord quand ils le souhaitent. Ils ne pourront pas fixer unilatéralement les conditions d'un accord.

Même aux États-Unis, la Maison Blanche n'a pas le dernier mot sur toutes les questions. Plus la guerre commerciale sera longue, plus l'élection présidentielle se rapprochera, et plus la Maison-Blanche devra prendre une décision.

L'attitude de la Chine est claire. Les États-Unis doivent comprendre la position de la Chine et ne pas nier de manière arbitraire la légitimité des objectifs chinois. Un tel désaveu ferait l'objet d'une plus grande agitation aux États-Unis et deviendrait un obstacle sur la voie menant à un accord juste avec la Chine.