La Chine publie une liste de 197 fournisseurs de blockchain enregistrés

L'Administration chinoise du cyberespace (CAC) a publié la première liste de 197 fournisseurs de services de blockchain (chaînes de blocs) enregistrés, une initiative qui vise à fournir un environnement maîtrisable permettant d'explorer cette technologie dans le pays, ont déclaré des analystes.

Parmi les sociétés figurant sur la liste figurent quelques-uns des géants de l'internet, notamment Baidu Blockchain Engine (BBE), Alibaba Cloud BaaS (Backend en tant que Service), Tencent TBaaS (Tencent Backend en tant que Service) et la plateforme BaaS appartenant à JD.com. Les institutions financières, notamment la China Zheshang Bank et la société Ping An Insurance, font également partie du premier groupe à avoir enregistré leurs services de blockchain.

La technologie du blockchain ne doit pas être utilisée à des fins commerciales, selon une déclaration publiée par le CAC. L’enregistrement des fournisseurs de ce type de services fait suite à la vague d’offres initiales de cryptomonnaies (ICO) qui n’étaient pas réglementées, et vise à créer un environnement maîtrisable pour l’exploration de la technologie du blockchain en Chine, a déclaré mardi au Global Times Liu Xingliang, directeur de l’institut de recherche sur l’Internet DCCI. « Ces dernières années, le manque de réglementation relative aux technologies du blockchain liées aux cryptomonnaies a bouleversé le marché, causant des pertes à de nombreux investisseurs et entraînant un énorme gaspillage d'électricité, en particulier de la part des mineurs de Bitcoin », a déclaré M. Liu.

En septembre 2017, le ministère de l'Industrie et des Technologies de l'information a publié une annonce relative aux risques liés aux cryptomonnaies, interdisant à toutes les plateformes d’effectuer des transactions en cryptomonnaies et de procéder à des OIC en Chine. « Mais il est indéniable que cette technologie émergente a un grand potentiel. Je pense que le gouvernement fait preuve de beaucoup de prudence en essayant de fournir un environnement maîtrisable aux entreprises afin d’explorer son application », a souligné M. Liu.

La liste des fournisseurs de services de blockchain enregistrés comprend de nombreux géants de du secteur dotés d'une riche expérience et d'une base technologique solide, comme Tencent et Alibaba. C’est également le signe qu'une nouvelle ère de développement de la technologie du blockchain pourrait bientôt s'ouvrir, a estimé M. Liu. « Auparavant, lorsque le marché était à peine réglementé, certaines entreprises indisciplinées, dont certaines faisaient de l’escroquerie, ont abusé de la technologie pour attirer les petits investisseurs. Désormais, avec la participation de grandes entreprises, il est possible de faire de la recherche et du développement dans la technologie de manière légitime, et les chances sont bien plus grandes pour un avenir sûr avec la technologie du blockchain », a-t-il ajouté.

Cependant, l'un des aspects les plus passionnants mais aussi les plus dangereux du blockchain est la décentralisation de la technologie, ce qui signifie qu'elle n'exige pas une autorité centrale puissante pour fonctionner. Le gouvernement doit faire beaucoup plus que d’exiger simplement un enregistrement pour réguler correctement le marché, a remarqué Zhao Yao, expert du secteur du blockchain, au Global Times. « Le processus d'enregistrement est clairement une tentative de réglementer la technologie, mais le marché peut également considérer cela comme une approbation du gouvernement, ce qui peut être potentiellement utilisé à mauvais escient par certaines entreprises. »

Le lien de cette technologie avec le secteur financier, notamment avec les cryptomonnaies, implique également une coopération interministérielle pour exercer un contrôle réel sur les activités du marché. « Le blockchain peut être difficile à contrôler, car son fonctionnement ne nécessite pas une autorité. Les tentatives précédentes de réglementation de la part de certaines institutions financières, y compris la Banque populaire de Chine [la banque centrale], ont fait face à des difficultés, principalement parce que le blockchain n'est plus confiné au secteur financier », a noté M. Zhao. « Le CAC peut fournir un support technique, mais la coopération entre les différents ministères est nécessaire pour maîtriser ce qui se passe. Le développement du blockchain étant imprévisible, il reste encore beaucoup à faire en matière de réglementation appropriée », a-t-il noté.