L'économie chinoise se maintient, bien que la croissance du produit intérieur brut du pays ait connu sa croissance la plus lente des deux dernières décennies, a déclaré le 12 mars à Londres l'ancien gouverneur de la banque centrale Zhou Xiaochuan.

« Parce que le décideur (chinois) est assez pragmatique, et que la Chine est toujours un pays où l’épargne est importante -le taux d'épargne représente toujours 45% du PIB- nous avons les ressources nécessaires pour poursuivre la réforme et corriger les erreurs que nous avons commises », a dit M. Zhou dans un discours à l'Institut royal des affaires internationales, plus communément appelé Chatham House.

La Chine devrait étudier attentivement l’exemple du Japon pour s'assurer qu'elle ne rencontre pas de problèmes similaires, a-t-il ajouté. « En tant qu'économie asiatique, le Japon a vu un développement économique très rapide, mais a ensuite connu une "décennie perdue" », a affirmé M. Zhou. « L'économie chinoise a des problèmes de surendettement similaires, c’est pourquoi nous devons absorber les connaissances et les leçons du Japon », a-t-il dit.

La décennie perdue à laquelle il a fait allusion indique une période de stagnation économique subie par le Japon après l'effondrement de la bulle des prix des actifs du pays au début des années 1990.

M. Zhou a quitté ses fonctions de gouverneur de la Banque populaire de Chine en mars 2018 après avoir exercé ses fonctions à compter de décembre 2002, devenant ainsi le gouverneur de la banque centrale de Chine au mandat le plus long depuis 1949. Au cours de son mandat, la Chine est devenue la deuxième économie du monde et un acteur important sur les marchés financiers mondiaux.

Aujourd’hui président de la Société chinoise pour la finance et la banque, Zhou Xiaochuan a été récompensé pour ses réalisations dans la restructuration de l'économie chinoise et a reçu le Prix de la banque centrale 2019, l'une des plus grandes distinctions du secteur.

Il est réputé pour son haut niveau d'intégrité, sa rigueur intellectuelle et ses réformes audacieuses qui ont servi l'intérêt du public en Chine et ailleurs.

S'agissant de la confiance des entreprises du secteur privé en Chine, M. Zhou a déclaré : « Le gouvernement doit veiller à ce que les pouvoirs publics élaborent leurs politiques de manière à créer des conditions équitables afin d'éviter le risque d'étouffement du secteur privé par les allocations de fonds ».

Il a toutefois également reconnu que certaines grandes entreprises privées avaient développé des risques d'investissement et avaient fait faillite parce qu'elles avaient emprunté de l'argent de manière frauduleuse et l'avaient utilisé pour participer à des projets risqués, créant ainsi des problèmes pour la société et l'économie. La confiance du secteur privé a peut-être été abaissée à cause de celles-ci, a-t-il dit.

« Nous avons donc besoin d'une bonne procédure pour se débarrasser de ces entreprises en faillite. En attendant, nous devons encore insister sur la manière d’améliorer le secteur privé chinois en tant que moteur majeur de l'économie ».

La première nouvelle loi chinoise sur les investissements étrangers depuis des décennies, considérée comme l'un des éléments législatifs les plus importants des sessions de l'Assemblée populaire nationale et de la Conférence consultative politique du peuple chinois à Beijing, devrait être adoptée plus tard cette semaine.

Selon M. Zhou, l'introduction d'une telle législation devrait donner confiance aux investisseurs étrangers et aider à résoudre les problèmes de concurrence déloyale. Il est important que la nouvelle loi prévienne la concurrence déloyale au niveau régional, et stipule clairement ce qu'il faut mettre en œuvre et ce qu'il faut éviter, y compris certaines politiques industrielles locales, afin de donner confiance aux investisseurs étrangers, a-t-il conclu.