Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a exprimé mardi son optimisme au sujet des relations entre les États-Unis et la Chine et de la possibilité qu’un résultat positif aux pourparlers bilatéraux apaise les tensions qui s’aggravent depuis l’an dernier.

« Certains disent qu’un conflit, un conflit entre grandes puissances qui opposerait nos deux pays, est inévitable. Nous ne voyons pas les choses de cette manière. Nous voulons trouver les domaines dans lesquels nous pouvons travailler ensemble », a déclaré M. Pompeo aux participants du Forum de Davos en vidéoconférence.

Il s’est également montré positif envers les négociations commerciales à venir avec la délégation chinoise dirigée par le vice-premier ministre Liu He, les 30 et 31 janvier à Washington. « Je suis optimiste quant à notre réception et quant aux résultats de ces conversations », a-t-il affirmé.

Ces propos ont été vus comme particulièrement positifs, compte tenu des remarques souvent négatives à l’égard de la Chine formulées par les hauts dirigeants américains.

Douglas Paal, vice-président des études du think tank Carnegie Endowment for International Peace, a estimé que Mike Pompeo essayait de renforcer les messages positifs publiés par Donald Trump sur Twitter au sujet des négociations commerciales. Le 8 janvier, le président Trump a notamment écrit que « les pourparlers avec la Chine se déroulent bien ».

« Ses propos sur la recherche de coopération avec la Chine sont bienvenus et contrastent avec les autres voix qui se sont élevées au sein de l’administration Trump. Les résultats des prochains pourparlers seront certainement tout aussi mitigés », a-t-il prédit.

La Maison-Blanche a annulé le départ à Davos de la délégation américaine en vue du Forum économique mondial 2019 en raison du shutdown du gouvernement fédéral, qui est devenu le plus long de l’histoire du pays. Il a cependant été annoncé mardi que Mike Pompeo s’exprimerait lors d’une vidéoconférence dans le cadre d’une conversation animée par le président du Forum, l’ancien premier ministre norvégien Borge Brende.

Mardi 22 janvier, Mike Pompeo semblait également optimiste au sujet des relations américaines avec la Russie et des pourparlers avec la République populaire démocratique de Corée. Donald Trump a prévu de rencontrer le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à l’occasion d’un deuxième sommet en février, suite à leur première rencontre à Singapour en juin 2018.

Le secrétaire d’État américain a toutefois critiqué la Chine, la Russie, la Corée du Nord et l’Iran dans son discours, en qualifiant certains comportements de menaces.

Les tensions sino-américaines, au cœur desquelles se trouve un conflit commercial, constituent une forte préoccupation pour les dirigeants gouvernementaux et d’affaires au Forum de Davos. Lundi, en révélant ses dernières Perspectives de l’économie mondiale, le Fonds monétaire international a mentionné les tensions commerciales comme facteur important d’incertitude sur la croissance mondiale.

Eswar Prasad, professeur de commerce international à l’Université Cornell, a déclaré que les États-Unis comme la Chine avaient fortement intérêt à décider au moins d’une trêve temporaire dans leur conflit commercial, car celui-ci écorne fortement la confiance des entreprises et des investisseurs dans les deux pays.

« La guerre commerciale n’est pas le principal facteur de la dégradation du sentiment de confiance économique dans les deux pays, mais il ne fait aucun doute qu’elle contribue à un environnement déjà incertain et fragile », a écrit le professeur Prasad par courrier électronique.

De nombreux défis épineux devront être démêlés pour permettre un accord acceptable du côté chinois comme du côté américain, a-t-il souligné.

Jon Taylor, professeur de sciences politiques à l’Université St-Thomas de Houston, au Texas, a jugé que le discours de Mike Pompeo présentait « une toute petite mesure d’optimisme ».

Mike Pompeo a également déclaré que l’évolution de la relation sino-américaine sera déterminée par « les principes auxquels tient l’Amérique ». Il a exprimé son souhait que la Chine adopte des mesures qui correspondent à celles prises par les États-Unis.

« Un accord gagnant-gagnant et durable n’est possible que si les États-Unis traitent la Chine en égale et avec respect. Sans cela, il sera difficile de conclure le moindre accord », a affirmé M. Taylor.

Il a jugé que la demande apparemment faite par Mike Pompeo à la Chine de se plier aux exigences des États-Unis en matière commerciale et de changer de modèle de développement ne laisse pas entrevoir une issue prochaine à la guerre commerciale.