Mardi, le Forum économique mondial a débuté sa rencontre annuelle à Davos, la station suisse de sports d’hiver, alors que l’économie mondiale fait face à de nombreux dangers, que ce soit les tensions commerciales grandissantes ou encore la pression à la baisse sur la croissance économique mondiale.

Cette année, avec l’absence de nombreux dirigeants d’économies majeures retenus par leurs propres problèmes intérieurs, les officiels chinois menés par le vice-président Wang Qishan devraient exprimer leur soutien continu au multilatéralisme et rassurer les investisseurs mondiaux sur la capacité de la Chine à maintenir la stabilité de sa croissance et à approfondir les réformes et l’ouverture.

Même s’il n’y a pas de changements notables dans la rencontre de cette année, l’inquiétude des participants vis-à-vis des incertitudes de l’économie mondiale était palpable, d’après Lin Boqiang, un professeur de l’Université de Xiamen dans la province orientale de Fujian, qui participe au Forum de Davos pour la neuvième année consécutive.

« Nombreux sont ceux ici, qui sont très inquiets par rapport à ces incertitudes et impatients d’entendre les dirigeants mondiaux s’exprimer, de façon à pouvoir se faire leur propre jugement sur la marche à suivre », explique-t-il.

La mondialisation économique - que promeut le Forum - a été menacée au cours de ces dernières années, mais les évènements en arrière-plan du forum de cette année laissent également entrevoir de graves difficultés pour l’économie mondiale et le système multilatéral.

Lundi, le FMI a une nouvelle fois revu à la baisse ses prévisions pour la croissance économique mondiale à 3,5 % en 2019 et 3,6 % en 2020, soit 0,2 et 0,1 point de pourcentage de moins que ses prévisions d’octobre 2018. Le FMI justifie cette baisse par une certaine faiblesse en Europe et dans certains marchés émergents, ainsi que des tensions commerciales non résolues.

Une enquête du forum publié le 16 janvier a également averti que les tensions géopolitiques et géoéconomiques représentaient les risques les plus urgents pour 2019, avec 90 % des experts prévoyant la poursuite des tensions économiques entre les puissances majeures au cours de l’année. 

« C’est une période difficile, peu importe là où l’on regarde, explique Wang Jun, un spécialiste du Centre de Chine pour les échanges économiques internationaux à Beijing. Nous commençons à voir que la vague d’anti-mondialisation a d’ores et déjà porté un coup sur le système multilatéral du commerce mondial. » Les économies majeures se sont renfermées, note-t-il également, consumées par des problèmes intérieurs qui relèguent la mondialisation au second rang.

L’un des points notables de ce forum est l’absence des dirigeants des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France, qui font tous face à diverses préoccupations intérieures. Washington affronte un blocage prolongé d’une partie de son gouvernement, tandis que le Royaume-Uni souffre d’une âpre lutte politique au sujet de sa sortie de l’Union européenne. Dans le même temps, la France connaît des manifestations persistantes dans les rues de Paris. 

La voix de la Chine

Le Forum de Davos de cette année a attiré plus de 3000 personnes de plus de 110 pays et régions, et plus de 65 chefs d’Etat ou dirigeants d’organisations internationales majeures. Ceux-ci incluent la chancelière allemande Angela Merkel et le nouveau président du Brésil Jair Bolsonaro.

Une équipe importante de responsables politiques et d’entrepreneurs chinois est également présente, incluant le vice-président Wang Qishan et le PDG du groupe Alibaba, Jack Ma. Wang Qishan doit prononcer un discours mercredi.

« Avec l’absence du dirigeant des Etats-Unis, nombreux sont ceux qui porteront leur attention sur le discours du vice-président Wang Qishan pour obtenir des indices sur les négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, explique Lin Boqiang. Les tensions commerciales sino-américaines font partie des sujets observés attentivement. »

Les responsables politiques chinois et américains doivent organiser un nouveau cycle de négociations à Washington d’ici la fin du mois, afin de trouver un accord pour mettre un terme à la guerre commerciale avant le 1er mars.

A Davos, Wang Qishan et d’autres responsables politiques chinois devraient exprimer le soutien de la Chine pour le système du commerce multilatéral mondial et essayer de calmer les inquiétudes des investisseurs mondiaux vis-à-vis de l’économie chinoise.

« Il s’agit d’une rencontre sur la mondialisation et le message principal dans le discours de Wang Qishan concernera le soutien de la Chine envers la mondialisation, estime Wang Jun. Il s’agit également d’une bonne opportunité pour rassurer les investisseurs mondiaux vis-à-vis de l’économie chinoise, mais également de la réforme et de l’ouverture. J’espère donc qu’il y aura quelques commentaires sur ce sujet. »