Le yuan chinois devrait rester stable pour une utilisation plus large en Afrique (analystes)

Il y a une forte pression bilatérale pour augmenter l'utilisation du yuan dans les affaires en tant que monnaie de réserve

Le gouvernement chinois devrait maintenir le yuan stable et augmenter les canaux d'investissement en Afrique afin que le yuan devienne une monnaie largement utilisée sur ce continent, ont déclaré mercredi des experts.

« L’utilisation du yuan en Afrique ne correspond pas encore à l’interaction croissante de la Chine avec les pays africains », a indiqué mercredi au Global Times Sang Baichuan, directeur de l’Institut des affaires internationales à l’Université des affaires internationale et de l’économie.

Mme Dai, commerçante de Guangzhou, chef-lieu de la province du Guangdong (sud), fait des affaires au Togo et a noté que le yuan était rarement utilisé dans ce pays.

« L'euro et le dollar sont couramment utilisés dans les transactions commerciales au Togo. Le yuan est lui rarement utilisé dans le commerce local », a-t-elle déclaré au Global Times.

Zhang Zhe, professeure adjointe à l'Institut des études africaines de l'Université normale du Zhejiang, a indiqué mercredi au Global Times avoir observé dans plusieurs pays africains que l'utilisation du yuan est encore très rare, que ce soit en termes d'investissements, de commerce ou d'activités quotidiennes.

Mais elle a également ressenti ces dernières années une forte pression de haut niveau en Chine et dans les pays africains pour augmenter l'utilisation du yuan. Par exemple, le Nigéria a récemment commencé à vendre des yuans aux commerçants et aux entreprises locales, peu après avoir accepté un swap (échange) de devises de trois ans signé avec la Chine en avril, selon un rapport de Quartz Africa publié le 2 août.

D'autres pays africains, dont l'Egypte et l'Afrique du Sud, ont également signé des accords de swap de devises avec le gouvernement chinois ces dernières années.

Au total, 14 pays africains se sont réunis en mai pour discuter de la possibilité d’inclure le yuan dans leurs monnaies de réserve nationale, a rapporté l’agence de presse Xinhua en juin.

M. Sang a indiqué qu'avec la coopération économique et commerciale croissante entre la Chine et l'Afrique, les perspectives étaient très bonnes pour l'application commune du yuan en Afrique.

« Une condition nécessaire pour populariser l'utilisation du yuan dans les pays africains est que le gouvernement chinois maintienne la stabilité et la fermeté du yuan, car une fluctuation du yuan ajouterait aux inquiétudes des commerçants quant aux pertes possibles dans les affaires », a-t-il fait remarquer.

« Avec le renforcement du dollar, ce n'est pas le bon moment pour les commerçants africains d'utiliser le yuan, mais à long terme, un yuan ferme attirera les hommes d'affaires locaux », a affirmé M. Sang.

Il a également mentionné le fait que le gouvernement devrait mettre en place davantage de réseaux financiers en Afrique pour faciliter la gestion par les résidents locaux des entreprises opérant en yuan.

Mme Zhang a indiqué que les banques nationales pourraient commencer par investir dans des banques africaines ou des banques internationales qui disposent d’un vaste réseau en Afrique.

Un bon exemple est la Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC), qui a pris en 2007 une participation de 20% dans Standard Bank, l'une des plus grandes banques basées en Afrique.

Selon M Sang, le gouvernement devrait également prendre des mesures pour multiplier les canaux d’investissement du yuan en Afrique, tels que les obligations, afin que les populations locales soient plus disposées à détenir des yuans parmi leurs actifs financiers.