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Un nouveau meurtre montre la nécessité de plus de supervision dans l’économie de partage

French.china.org.cn | Mis à jour le 28. 08. 2018 | Mots clés : Didi

L’indignation publique nationale s’intensifie après deux affaires récentes de jeunes femmes tuées lors de leur utilisation du service de VTC chinois Didi Chuxing. Certains appellent à un boycott de l’entreprise, tandis que les autorités et les médias l’ont sévèrement critiqué pour ses failles majeures de gestion et ses risques de sécurité.

Les experts industriels chinois ont appelé à des réglementations plus rigoureuses sur cette économie de partage en plein essor. Ils ont également indiqué, que les entreprises internet ne pouvaient rechercher uniquement une croissance de leurs profits sans posséder une ligne de fond éthique. 

Dimanche dernier, Didi Chuxing a suspendu son service « Hitch », à la suite du meurtre d’une passagère par l’un de ses chauffeurs, le deuxième en trois mois. Deux directeurs de l’entreprise ont été démis de leurs fonctions, dont celui en charge du service concerné. 

Ces incidents montrent que les plateformes en ligne - comme Didi - concentrent leur attention sur la croissance, tout en négligeant les questions de sécurité, indique un communiqué publié sur le site du ministère des Transports. Didi n’a montré aucune conscience de gestion en conformité avec la loi, a souligné le ministère. Un autre communiqué enjoint Didi à réparer ses « failles meurtrières » et lui fait savoir que son mépris pour la sécurité et sa responsabilité sociale ne serait pas toléré. 

Vendredi dernier après-midi, une femme de 20 ans a utilisé le service « Hitch » à Yueqing, dans la province orientale chinoise de Zhejiang. Vers 2 h du matin, elle a envoyé un message de SOS à ses amis, avant de perdre contact. Les informations du suspect - un chauffeur de 27 ans - ont été transmises à la police locale environ quatre heures plus tard. 

Ce meurtre est survenu trois mois après celui d’une jeune hôtesse de l’air de 21 ans dans des circonstances similaires. Celle-ci avait été poignardée après avoir utilisé le même service de VTC en mai à Zhengzhou, la capitale de la province centrale de Henan. 

Lundi, l’indignation publique avait gagné Internet. De nombreux internautes chinois reprochent à Didi ses procédures lentes et inefficaces, qui ont retardé l’action de la police. D’autres ont partagé des expériences déplaisantes avec ses services et appelé à un boycott. 

Lundi, le Global Times avait contacté une douzaine d’utilisateurs réguliers du service de VTC, mais seulement deux d’entre eux ont indiqué qu’ils allaient supprimer cette application après les accidents. « Malgré toutes ces affaires horribles de meurtre, je ne la supprimerai pas car je n’ai pas vraiment d’autres choix », explique Yuan, un habitant de Beijing. 

Didi est la « licorne » (c’est-à-dire une startup valorisée à plus d’un milliard de dollars) la plus rentable et elle est devenue « trop importante pour faire faillite ». Selon un rapport publié par la société de conseil iiMedia, le taux d’utilisateurs actifs de Didi a atteint les 63 % de 2017 à 2018, ce qui la place en tête des plateformes de services de VTC devant des entreprises comme Shouqi Limousine & Chauffeur ou encore UCAR, dont les taux atteignent respectivement 8,5 % et 7,2 %. 

Les investisseurs de Didi incluent certaines entreprises technologiques majeures chinoises et étrangères, notamment Tencent, Alibaba et Apple. 

Les récents incidents impliquant Didi reflètent les problèmes de l’économie de partage : « Le niveau d’entrée pour les chauffeurs est très faible. Les entreprises n’ont pas la capacité pour anticiper les risques sécuritaires et les mesures d’urgence doivent être améliorées », explique Shen Lijun, le directeur de Urban Think Do Tank. 

Par ailleurs, l’inefficacité du service clients et le manque d’un système établi de communication avec la police ont contribué aux deux meurtres, explique-t-il. 

Cependant, Didi n’est pas le seul en tort, notent les experts. Avec l’essor de l’économie de partage et le développement des plateformes en ligne de services, comme les VTC et la livraison de repas, les autorités doivent jouer un rôle plus important dans la supervision des comportements de ces entreprises, note Li Yi, un chercheur senior du Centre de recherche internet de l’Académie des sciences sociales de Shanghai.

« Lorsque des incidents mortels surviennent, les autorités gèrent le suivi des affaires, ce qui n’est pas une solution fondamentale », explique-t-il, notant que les réglementations dépassées gouvernant l’industrie du taxi ne couvrent pas réellement les nouvelles industries.  

Par ailleurs, le monopole supposé de Didi entrave également la croissance du secteur des VTC et plus d’acteurs du marché sont nécessaires pour avoir de meilleurs services. 

A Beijing, 33 500 taxis sont aujourd’hui équipés du système de navigation BeiDou, soit 50 % du nombre total de taxis dans la capitale. Avec l’aide de sa technologie de navigation, BeiDou pourrait partager ses données avec le ministère des Transports et les plateformes en ligne de VTC, et suivre les véhicules en temps réel, offrant des services comme la géolocalisation, les demandes de trajectoire, les alertes d’urgence et les analyses de données.


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Source:french.china.org.cn