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La Chine ne cherche pas à affaiblir le yuan

French.china.org.cn | Mis à jour le 20. 08. 2018 | Mots clés : yuan,marchés financiers


La Chine n’a pas déprécié le yuan pour faire face aux perturbations externes, notamment le différend commercial sino-américain, car la dépréciation de la devise sur le long terme nuirait à l’économie et aux marchés financiers du pays.

Depuis que le yuan a commencé à baisser au mois d’avril, sa valeur a diminué de 6 %. La récente faiblesse du yuan a déclenché des spéculations dans les médias occidentaux, selon lesquelles la Chine déprécierait sa devise pour compenser l’impact de la guerre commerciale sur son économie.

Liu Dongliang, un analyste senior de la China Merchants Bank, a indiqué dimanche que la dépréciation rapide du yuan était principalement due à un dollar fort, ainsi qu’à la pression à court terme sur l’économie chinoise, mais non à une manipulation du gouvernement.

A la fin du mois de juillet, les réserves en devises étrangères de la Chine ont augmenté de 0,19 % en glissement mensuel pour atteindre les 3117,9 milliards de dollars, selon les données publiées le 7 août par la Banque populaire de Chine (BPC), la banque centrale du pays.

L’essor dans les réserves de devises étrangères pourrait suggérer que les autorités chinoises n’interviennent pas de manière active sur le marché des changes pour empêcher la poursuite de l’affaiblissement du yuan. Cela renforce le point de vue selon lequel le déclin du yuan est alimenté par les forces du marché, explique Lukman Otunuga, un analyste de recherche chez FXTM, une société de courtage de change basée à Chypre.

« La Chine continue de poursuivre sa réforme orientée vers le marché du taux de change du yuan et elle laisse le marché jouer un rôle décisif. Le pays n’a pas recours à une dévaluation concurrentielle du yuan, ni ne déprécie sa devise pour faire face aux différends commerciaux », a indiqué la BPC dans son Rapport sur la politique monétaire de Chine du deuxième trimestre, publié le 10 août.

D’après Cong Yi, un professeur en économie à l’Université de finance et d’économie de Tianjin, la dépréciation du yuan a un impact négatif sur l’économie et les marchés financiers de la Chine sur le long terme.

« La faiblesse du yuan risque de stimuler la montée des prix dans les importations en vrac, affectant ainsi les prix des marchandises de base sur le marché intérieur. Par ailleurs, les perspectives d’une dépréciation pourrait également stimuler la fuite des capitaux de la Chine, ce qui nuirait aux réserves chinoises en devises étrangères et sa capacité à attirer des investissements étrangers », expliquait-il dimanche.

« Les investisseurs ne devraient pas trop s’inquiéter de la dépréciation du yuan. Il n’y a pas beaucoup de marge à la chute du yuan, car les autorités continuent de mettre en œuvre des réformes orientées vers le marché », a souligné Cong Yi, ajoutant que contrairement à l’ouverture financière absolue de la Turquie, la Chine avait conservé plus d’autonomie et d’outils d’intervention.

Selon lui, une certaine intervention est essentielle dans les circonstances actuelles, notamment dans le contrôle des capitaux et la prévention de la fuite des capitaux.

La BPC a annoncé le 6 août qu’elle imposerait une réserve obligatoire de 20 % sur le commerce des contrats de change à terme, afin de stabiliser le yuan en rendant plus onéreuse sa vente à la baisse.

Dans le même temps, la branche de Shanghai de la BPC a publié une note jeudi, dans laquelle elle interdit aux banques commerciales d’utiliser des comptes interbancaires pour déposer ou prêter des yuans à l’étranger par le biais d’Unités comptables de libre-échange (Free Trade Accounting Units), indiquait samedi le journal Shanghai Securities News. 

Cette mesure devrait également rendre plus onéreuse la vente à la baisse du yuan.

Vendredi, le yuan montrait des signes de reprise, avec un taux de parité centrale à 6,8894 contre le dollar US, enregistrant une hausse de 52 points de base.

Malgré la baisse rapide du taux de change du yuan, son utilisation à l’échelle mondiale est restée stable. 

Au mois de juin, la devise chinoise restait à la 5e place dans le classement de l’utilisation des devises pour les paiements internationaux, avec une part à 1,81 %, indiquait au mois de juillet les données de l’institution financière mondiale SWIFT.



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Source:french.china.org.cn