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Le yuan sera moins touché que la roupie indienne par la crise turque, affirment les analystes

French.china.org.cn | Mis à jour le 16. 08. 2018 | Mots clés : yuan,livre turque

Le décrochage de la livre turque ne pèsera pas autant sur le yuan chinois que sur les monnaies des autres économies émergentes comme l’Inde et l’Afrique du Sud.

Les difficultés économiques de la Turquie se sont aggravées après que le président américain Donald Trump a annoncé vendredi sa décision de doubler les taxes sur les importations d'acier et d'aluminium turcs. La livre a chuté d'environ 20 % durant la journée et les effets se sont répercutés sur les marchés boursiers mondiaux et les devises des marchés émergents.

Mardi, la roupie indienne a chuté de manière record à 70,08 roupies par rapport au dollar américain. La banque centrale indienne a dépensé 23 milliards de dollars pour tenter de stabiliser le marché des changes.

Le peso argentin a également connu une baisse record à 30,36 pesos contre un dollar à l'heure de presse mercredi. La banque centrale a également relevé lundi son taux directeur, de 40 % à 45 %.

Le cours du yuan chinois a aussi baissé mercredi, son prix de vente sur le marché intérieur ayant atteint 6,9118 par rapport au dollar, son niveau le plus faible depuis mai 2017.

Ces fortes fluctuations monétaires ont alimenté les inquiétudes des marchés quant au risque d'un effet domino de la crise turque susceptible de toucher les devises des marchés émergents, y compris la Chine.

Cependant, Tu Yonghong, professeur à l’Institut monétaire international de l’Université Renmin de Chine à Beijing, a estimé que les investisseurs paniquaient trop à propos de la situation.

« Le marché a tendance à réagir dans l’immédiat de manière excessive. Ces derniers jours, les investisseurs et les gestionnaires de portefeuille ont vendu des devises d’économies émergentes comme l'Inde et l'Argentine pour éviter un risque de perte », a-t-il déclaré.

Toutefois, « la Turquie n’est pas un centre économique mondial. Elle n’est même pas membre de l’UE. Les liens du marché financier turc avec les autres pays sont minimes, la panique est donc vouée à se calmer tôt ou tard », selon lui.

La Chine est différente

Malgré les secousses des marchés émergents, les experts estiment que le yuan est mieux placé que les autres devises pour résister aux effets de la crise turque.

« Un problème commun aux économies émergentes est l’inadéquation des monnaies: lorsque le dollar se renforce, les actifs de ces pays sont vendus par les spéculateurs voulant empocher des gains à court terme, ce qui accentue la pression à la dévaluation des monnaies locales. La Chine n’a pas à s’inquiéter de cela grâce à son contrôle strict des flux de capitaux et la robustesse de son économie réelle », a souligné mercredi Cao Yuanzheng, président de BOCI Research.

En outre, la quantité de devises détenue par la Chine est abondante et diversifiée, grâce à l'excédent commercial de longue date du pays et l'ouverture continue de zones de libre-échange, en plus de réserves en devises s’élevant à environ 3 000 milliards de dollars.

La situation est moins saine en Inde, qui connaît depuis longtemps des déficits commerciaux et tente d’attirer des capitaux étrangers sous forme de dettes extérieures, a noté M. Cao. « Cela rend l'Inde plus vulnérable aux fluctuations du marché extérieur », selon lui.

En réponse aux inquiétudes concernant le récent affaiblissement du yuan, Liu Aihua, porte-parole du Bureau national des statistiques, a évoqué des facteurs psychologiques.

« À moyen ou long terme, les fondamentaux économiques prévaudront et le taux de change du yuan se maintiendra à un niveau raisonnable et équilibré », a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse mardi.

La Banque populaire de Chine, la banque centrale, a annoncé dans un rapport publié début août son intention de mettre en œuvre une série d’outils politiques pour « maintenir la stabilité fondamentale du taux de change du yuan à un niveau rationnellement équilibré ».

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Source:french.china.org.cn