La Chine « ripostera fermement » avec des mesures « qualitatives » et « quantitatives » complètes si les Etats-Unis publient une liste supplémentaire de tarifs douaniers portant sur davantage de produits chinois, a annoncé mardi le ministère du Commerce.

La pratique états-unienne consistant à « faire usage d’un maximum de pression et de chantage » va à l'encontre du consensus atteint par les deux pays à plusieurs reprises et a déçu au plus haut point la communauté internationale, a indiqué le ministère dans un communiqué.

L'administration Trump a menacé lundi d'imposer des droits de douane de 10% sur 200 milliards de dollars d’importations chinoises, après avoir déjà annoncé des droits de douane élevés sur 50 milliards de dollars de produits « made in China », aggravant un conflit commercial qui a rendu nerveux les marchés et les entreprises.

La description par le ministère chinois d'une combinaison de « mesures quantitatives et qualitatives » qui seraient à l'étude signifie que la « guerre commerciale » est prête à entrer dans une nouvelle phase, selon des experts. Alors que les contre-mesures sont moins susceptibles de toucher des produits valant des milliards de dollars, la qualité et l'efficacité de ces mesures seront plus importantes, a déclaré Xue Rongjiu, directeur adjoint de la Société chinoise pour les études de l'OMC, basée à Beijing.

Les besoins de la Chine et des Etats-Unis ne sont pas contradictoires, car les Etats-Unis souhaitent que la Chine ouvre davantage son marché tandis que la Chine se concentre sur l'amélioration de sa structure industrielle et de sa position dans la chaîne de valeur mondiale, a affirmé Sang Baichuan, directeur de l’Institut d’affaires internationales à l'Université de commerce international et d'économie de Beijing.

« Les Etats-Unis ont totalement ignoré le fait que la Chine a déjà accepté d'acheter plus de produits états-uniens et qu’elle s’est engagée à élargir davantage l'accès à son marché pour les entreprises internationales », a noté M. Sang.

Ma Yu, chercheur à l'Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique à Beijing, a déclaré : « Si la guerre commerciale continue, elle rendra les biens produits par les deux pays moins compétitifs et entraînera des pertes d'emplois à grande échelle ».

« Chaque camp souhaite que l'autre partie recule en premier. Mais si chacun maintient ses positions, leurs pertes continueront ».

Li Daokui, économiste à l'université Tsinghua et ancien membre du comité de politique monétaire de la banque centrale chinoise, a indiqué que les problèmes économiques des Etats-Unis vont bien au-delà de leur déficit commercial.

L'administration Trump doit faire preuve de clairvoyance et s'attaquer à certains de ses problèmes fondamentaux sur le long terme, a-t-il ajouté.

Bruce Blakeman, vice-président pour la région Asie-Pacifique de Cargill Inc, conglomérat agricole états-unien, a fait savoir que sa société était profondément préoccupée par la décision de Washington d’imposer des tarifs douaniers sur les produits chinois en se basant sur l'article 301 du Trade Act de 1974.

L'impact des conflits commerciaux « entraînera de graves conséquences pour la croissance économique et la création d'emplois, et cela fera du tort à ceux qui sont les plus vulnérables à travers le monde », a déploré M. Blakeman.

Les constructeurs automobiles états-uniens, pour lesquels la Chine est un marché de croissance clé, sont également susceptibles d'être frappés par des tarifs douaniers handicapants.

Wei Jianguo, ancien vice-ministre chinois du Commerce, a déclaré qu'une fois que cette mesure entrerait en vigueur, les constructeurs automobiles états-uniens seraient davantage exclus du marché chinois, alors que la plus grande partie du marché chinois moyen et haut de gamme est déjà occupée par les véhicules venant d'Allemagne, de Suède, de France et du Japon.

Les constructeurs automobiles états-uniens pourraient manquer une occasion en or d'étendre leur présence en Chine si l'administration Trump s'en tient au protectionnisme commercial et continue de détruire le libre-échange, a ajouté M. Wei.