Les discussions sur une éventuelle guerre commercialeontprédominé lors d'un forum organisé dans la SiliconValley.Les experts et leaders d'opinion présents ont exprimé l'espoir que le gouvernement américain évite tout actelaissant penser à ce cas de figure.

« Nous, les Américains et les Chinois, sommes si dépendants économiquement l'un de l'autre, nous sommes comme siamois. Lesliens commerciaux et économiquessont vraiment au cœur de notre relation », a déclaré au China DailyMax Baucus, ancien ambassadeur américain en Chine, durant la conférence du Comité des 100 à Santa Clara, en Californie.

Les tensions entre les deux pays ont augmenté depuis que l'administration Trump a brandi la menace d'imposer 150 milliards de dollars de taxes sur les importations chinoises. La Chine a riposté en imposant des taxes sur les vins, le soja, le porc et d'autres produits en provenance des Etats-Unis.

Les agriculteurs de Californie ressentent déjà les premières retombées du conflit commercial avec l’entrée en vigueur des nouvelles taxes chinoises sur les fruits, les vins et les autres produits agricoles américains le 2 avril.

Même la suspension des taxes laisse une incertitude qui rend la prise de décision difficile pour les agriculteurs, les éleveurs et les hommes d'affaires, a déclaré M. Baucus, coprésident de Farmers for Free Trade, une organisation à but non lucratif qui travaille à l'expansion des opportunités d'exportation pour les agriculteurs et éleveurs américains.

Après le départ vendredi sans avancée tangible de ladélégation de négociation commerciale américaine en visite à Beijing, M. Baucus a jugé que l'administration devait « parler davantage de sa stratégie » et présenter une offre efficace.

« La dernière proposition était ridicule » et la liste des revendications est « bien loin des limites du raisonnable », selon lui.

« Le président Trump est impatient, il n'est pas du genre à agir avec subtilitéen prenant en compte tous lesfaits », a-t-ilobservé. « A vrai dire, je pense qu’à leur retour les mains vides, les négociateurs américains ont pris conscience quecette tactique et la liste des revendications ne constituaient probablement pas la voie de la sagesse ».

« La question est de savoir ce qu’il faut faire à présent, et j'ai bon espoir qu'après quelques hésitations et échanges de mots durs, la raison l’emportera », a-t-il déclaré.

Chas Freeman, chercheur à l'Institut Watson des relations internationales et publiques de l'Université Brown, a estimé que Washington avait mal diagnostiqué le problème commercial et que ses remèdes ne fonctionneraient pas.

« Cela nuira autant, voire davantage, aux Etats-Unis et à d'autres pays qu'à la Chine », a-t-il déclaré durant son discours au forum, qui a réuni des centaines de cadres du gouvernement, du monde des affaires et du monde universitaire.

Selon une enquête sur la perception des relations sino-américaines menée par le Comité des 100 en 2017, la majorité des Américains sont préoccupés par le déficit commercial au profitde la Chine, tout en admettant que les relations commerciales avec la Chine bénéficiaientà leur pays.

ChasFreeman a déclaré que le déficit commercial global des Etats-Unisrésulte du fait que les Américains consomment plus qu'ils n'épargnent, ce qui signifie que le pays importe plus qu'il ne produit.

« C’est ironique, mais l'administration Trump vient de prendre des mesures qui auront pour effet certain d’augmenter le déficit », a-t-ilnoté. « Elle a réduit les recettes fiscales et stimulé les dépenses déficitaires, principalement sur la recherche militaire, le développement et l'approvisionnement. »

Les préconceptions erronées sur le déficit commercial ont un impactsur les politiques américaines concernant la Chine.

L'excédent commercial de la Chine n'est en réalité pas en cause du déficit commercial des Etats-Unis, a déclaré lors du forum Yukon Huang, chercheur membre du Carnegie Asia Program.

Il a priscomme exemple l'iPhone. Les gens pensent que l'iPhone est une exportation chinoise, alors que 5% seulement de sa valeur revient à la Chine. Les gens ont également tendance à ignorer les énormes exportations américaines de services vers la Chine, a-t-ildéclaré.

Il est injuste d'utiliser la menace de droits de douane de 150 milliards de dollars pour empêcher la Chine de devenir une puissance technologique, a déclaré Gary Locke, ancien ambassadeur américain en Chine.

Les Etats-Unis sont aujourd’hui en tête grâce aux programmes d'éducation et de recherche du gouvernement, a-t-il dit. Cependant, l'administration Trump a réduit le financement de la recherche scientifique et augmenté les dépenses de défense.

« Les Etats-Unis doivent avoir leur propre plan pour aller de l'avant en termes d'innovation », a affirmé M. Locke.

A Omaha samedi, la première question posée à Warren Buffett lors de la réunion des actionnaires de Berkshire Hathaway en 2018 portait également sur les tensions commerciales actuelles entre les Etats-Unis et la Chine.

Toujours optimiste sur la Chine, Warren Buffett a exprimé sa conviction que les deux nations gardent beaucoup d'intérêts communs et ont beaucoup à gagner en travaillant ensemble.

« Les Etats-Unis et la Chine seront pendant très longtemps les deux superpuissances du monde, économiquement et dans d’autres domaines. Nous avons beaucoup d'intérêts communs, et comme entre toutes les grandes entités économiques, des tensions surviendront à certains moments », a-t-ilestimé.

« C'est une situation gagnant-gagnant. Le seul problème est quand l’un des deux campsveut gagner un peu trop », a-t-il ajouté.