La Chine a accru les subventions destinées au recyclage des déchets électroniques, à savoir des appareils électriques et électroniques mis au rebut, de plus de 300 % sur un an alors que le pays réduit les importations de déchets de l’étranger, en diminution de 12 % l’an passé.   

Les initiés du secteur ont mis en garde contre les défis auxquels le pays est confronté pour combler le vide résultant de l'interdiction d'importer des déchets solides. Pourtant, cette interdiction a augmenté le prix de certains déchets domestiques et est susceptible de créer d’énormes opportunités de marché pour les entreprises de recyclage chinoises.

La politique actuelle en matière de déchets électroniques, selon laquelle le gouvernement collecte des fonds auprès des fabricants pour subventionner le recyclage, devrait être étendue à d'autres déchets ayant des coûts de recyclage élevés et étant potentiellement polluants, selon les experts. Le gouvernement doit également élaborer des politiques préférentielles pour les ferrailleurs afin de les aider à surmonter des conditions d'exploitation défavorables, ont-ils ajouté.

Selon un plan de réforme publié en juillet par le Conseil des affaires d’État, la Chine éliminera progressivement les importations de déchets solides qui peuvent être remplacés par des ressources nationales d’ici la fin de 2019. Depuis la fin de l’année dernière, les importations de 24 catégories de déchets solides – notamment les plastiques, les textiles et le papier non trié – ont été interdites. L’interdiction de 16 autres types de déchets solides – y compris les véhicules et les navires destinés à la ferraille – entrera en vigueur le 31 décembre. Seize autres types de déchets – tels que l’acier inoxydable et le bois – seront interdits à la fin de l’année prochaine.

Auparavant, de nombreuses entreprises chinoises se tournaient vers les déchets importés pour s’approvisionner en matières premières, selon Wen Zongguo, expert en économie circulaire à l’Université de Tsinghua. L’économie circulaire est une méthode de durabilité environnementale dans laquelle le recyclage joue un rôle majeur.

M. Wen a estimé que l’interdiction des importations contribuera grandement à promouvoir le développement du recyclage des ordures ménagères, les importateurs de déchets solides se tournant vers des sources nationales.

L’interdiction d'importer a entraîné une flambée des prix de certaines ordures ménagères. Wang Chao, un négociant de déchets plastiques à Beijing depuis 2004, a indiqué que le prix des déchets plastiques avait augmenté pour passer de mille yuans (157 dollars) à environ 2 800 yuans la tonne métrique depuis que les importations de déchets plastiques ont été interdites l’année dernière.

Les subventions versées pour le recyclage des déchets électroniques ont augmenté d'environ 2,8 milliards de yuans en 2017 pour atteindre près de 3,6 milliards de yuans cette année, selon le ministère de l'Ecologie et de l'Environnement. La Chine a commencé à accorder des subventions pour le recyclage des déchets électroniques avec des fonds des fabricants en mai 2012. Le total des subventions que le ministère a accordées au recyclage des déchets électroniques au cours des cinq premières années suivant la création du fonds de subvention s’élève à 10,7 milliards de yuans. Selon les déclarations publiées l’an dernier par le ministère de la Protection de l'environnement – qui est devenu le ministère de l'Ecologie et de l'Environnement en mars – cela a permis de recycler près de 300 millions de pièces de déchets électroniques.

Les mêmes sources indiquent également que la Chine compte 1 766 entreprises employant 300 mille personnes qui traitent des déchets solides importés, et que le pays importe au total près de 45,8 millions de tonnes de déchets solides par an.

« C'est une très bonne méthode pour étendre la responsabilité des fabricants vis-à-vis du recyclage. Les fabricants fournissent les subventions et cela rend le recyclage durable », a déclaré Mao Da, de l’Alliance « Zéro Déchet » de Chine, une ONG environnementale. Il a toutefois indiqué que la Chine avait mis du temps à étendre le système aux quantités croissantes d’autres déchets qui ont des coûts de recyclage élevés et qui sont potentiellement polluants. Bien que le gouvernement central ait prévu d'inclure trois autres types de déchets l'année dernière, notamment les véhicules automobiles, les batteries au plomb et les emballages composites à base de papier, aucune politique détaillée n’a été promulguée pour que les subventions puissent être mises en œuvre.

La Chine a adopté une Loi sur l’économie circulaire en 2009, offrant une base légale pour le recyclage obligatoire. Pourtant, aucune liste de déchets entrant dans les catégories de recyclage obligatoires n’a encore été publiée, a par ailleurs noté M. Mao. Il a également remarqué que les mécanismes du marché n’ont pas réussi à jouer un rôle efficace dans le recyclage des déchets de haute valeur en raison d'un soutien gouvernemental inadéquat. « Les autorités locales n’ont pas accordé suffisamment d'importance au secteur du recyclage des déchets, les entreprises de recyclage sont susceptibles d'être chassées pour faire place…à d’autres entreprises. »

Zhou Jinfeng, secrétaire général de la Fondation pour la Conservation de la Biodiversité et le Développement Vert de Chine, a d’ailleurs souligné que les ferrailleurs jouent un rôle important, en particulier dans le tri des déchets, parce que les mesures gouvernementales de tri et de recyclage sont inefficaces.